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La question ouvrière et l'essor du mouvement ouvrier

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Objectifs
  • Comprendre les enjeux de la question sociale.
  • Identifier les acteurs de la question sociale et les réponses apportées par l'État et les patrons.
Points clés
  • Le mouvement ouvrier français se développe dans le contexte de la seconde révolution industrielle. Celle-ci fait surgir la question ouvrière, car la croissance économique ne profite pas aux ouvriers.
  • Regroupés dans les usines, les ouvriers s'organisent. La grève, soutenue par la C.G.T., devient leur moyen d'action privilégié pour obtenir l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail.
  • Cependant, la question sociale inquiète l’État et les patrons. Ils y répondent par la répression, des réformes sociales et le paternalisme.
Pour bien comprendre
  • Industrialisation
  • O.S.T.
  • Question ouvrière
  • Syndicalisme
  • C.G.T
  • Lois sociales
  • Paternalisme
1. L’industrialisation et l'essor du monde ouvrier
a. Poids numérique et répartition géographique des ouvriers sur le territoire

La population active passe de 15 millions en 1870 à 21 millions en 1914. Cet essor profite aux ouvriers (secteur industriel) au détriment des agriculteurs et des artisans. En 1914, les agriculteurs ne représentent plus que 40 % de la population active.

Le poids numérique des ouvriers s’explique par l’exode rural (débuté sous le Second Empire) et l'attrait de la ville. Elle est le symbole de la modernité et du possible enrichissement. En effet, le travail dans l'industrie permet d'obtenir un salaire régulier à la différence du salaire agricole souvent dépendant des aléas climatiques. De plus, la mécanisation du travail agricole libère de la main d'œuvre et le monde rural est sévèrement touché par la Grande Dépression de 1873.

Les ouvriers se concentrent dans les régions et villes industrielles situées à l’Est de la ligne Le Havre/Marseille, dans les industries textile et sidérurgique surtout. Dans ces régions, se développent de vastes complexes industriels. Autour de l’extraction du charbon, naissent des hauts fourneaux, des aciéries et des usines à gaz.

Exemple
Les installations industrielles de la ville du Creusot (Saône-et-Loire), appartenant à la famille Schneider, installées au cœur d'un bassin minier, regroupent une forge (3 250 mineurs), des hauts fourneaux (750 ouvriers, production de fonte et acier) et des ateliers de construction (2 500 ouvriers, production de rails, locomotives, outils, etc.). Le minerai de fer et le charbon sont acheminés sur le site par voie ferrée.
L’arrivée du minerai de fer et du charbon par voie ferrée à la fonderie des usines Schneider

Les usines comportent plusieurs vastes ateliers éclairés, capables d’accueillir des machines et les premières chaînes de production. Celles-ci apparaissent dans les usines françaises au début du XXe siècle. Elles sont l’application de l’organisation scientifique du travail (O.S.T.).

L’O.S.T. : organisation scientifique du travail de l'ingénieur Taylor (taylorisme) dont l’application industrielle est le travail à la chaîne.

Chaque tâche de production pour fabriquer un bien est exécutée par un ouvrier qui accomplit des gestes précis et dans un court laps de temps (spécialisation des tâches). Cela permet d'abaisser les coûts de production en produisant plus rapidement et de façon standardisée. Il est appliqué dans l’industrie automobile (Renault, Citroën).

b. Un nouveau groupe social : les ouvriers

Les ouvriers sont des travailleurs manuels salariés : ils exécutent des tâches de production pour le compte d’un patron. Ils occupent des emplois variés.
Parmi ces ouvriers se trouvent des travailleurs immigrés (1,2 millions). Ces derniers sont appelés par les industriels et l'État, car la main-d'œuvre manque. Originaires d’Italie, de Suisse, d’Allemagne, de Belgique et d’Espagne, ils sont embauchés dans les sites industriels proches des frontières et, en Corse ou dans le Sud-Ouest. Ils vivent dans des quartiers communautaires. Ils sont souvent mal accueillis, car soupçonnés d’accepter des salaires bas.

Exemple
À Aigues-Mortes, le 1er août 1893, dans le Gard, des Italiens sont massacrés (8 morts) par des ouvriers français révoltés par leur embauche alors que sévit la crise économique.

Les travaux à l’usine, ou à la mine, sont dangereux et effectués sans protection, dans le bruit ou la chaleur et peu rémunérés.

La fonderie au Creusot : des ouvriers sans protection près d'un outil gigantesque

Les journées de travail de 13 ou 15 heures épuisent les corps. Seuls les dimanches et les jours de fêtes religieuses sont chômés. L'espérance de vie est courte.

Exemple
Les ouvriers verriers qui représentent 10 % des effectifs industriels ont une espérance de vie de 40 ans.

Dans le budget ouvrier, les dépenses alimentaires et le loyer sont les principaux postes de dépenses. Celles de loisirs et de santé restent souvent inexistantes. En cas de maladie ou d’accident, sans assurance, la famille ouvrière tombe dans la misère. Les logements ouvriers, situés dans les faubourgs, sont petits et insalubres.

Malgré leur diversité, les ouvriers s’entraident face à la précarité de leur situation. De plus, le regroupement dans les usines favorise leur prise de conscience et la propagation des idées socialistes. Les ouvriers développent une conscience de classe et s’organisent pour défendre leurs intérêts.

c. Un monde ouvrier qui se structure : l’émergence du mouvement ouvrier
Le mouvement ouvrier désigne l’ensemble des organisations politiques et syndicales qui défendent les intérêts politiques, sociaux et économiques des ouvriers.

Légalisés depuis 1884 avec la loi Waldeck-Rousseau, les syndicats se regroupent dans la C.G.T. (confédération générale du Travail) fondée en 1895. Elle est divisée entre socialistes et anarchistes. Ainsi, ses membres se divisent sur la stratégie de lutte à adopter :

  • les socialistes (Jean Jaurès) revendiquent l’action parlementaire pour obtenir des réformes et des lois afin d’améliorer le sort des ouvriers ;
  • les anarchistes (Jules Guesde) prônent l’élimination du capitalisme et sont très hostiles envers la bourgeoisie et l’État.
Un syndicat : association de défense des intérêts d’une profession.

En 1906, le 9e congrès de la C.G.T adopte la charte d’Amiens. À la majorité, elle choisit l'indépendance vis-à-vis de tout parti politique, reconnaît la lutte des classes, la grève générale comme moyen de renverser l'État et le capitalisme, et s’assigne un double objectif dont l’amélioration de la condition ouvrière en exigeant des réformes (augmentation de salaires, fin du chronométrage, durée de la journée).

Exemple
La C.G.T., membre de l'Internationale ouvrière, fait de la journée de 8 heures son principal combat.
Au tournant du XXe siècle, la C.G.T devient plus réformiste.
Lutte des classes : concept marxiste pour définir l’exploitation de travailleurs par la bourgeoisie capitaliste.

En 1905, est fondée la S.F.I.O. (Section française de l'Internationale ouvrière), le premier parti socialiste. Il est l’union du Parti socialiste Français (PSF) de Jean Jaurès et du Parti socialiste de France de Jules Guesde (PSDF).
Jean Jaurès en sera le chef de file jusqu’à sa mort en 1914. Aux élections législatives de 1914, la S.F.I.O obtient 15 % des voix.

d. Un monde ouvrier qui revendique par la grève

Les luttes ouvrières prennent la forme de grèves (cessation collective du travail par les salariés). En 1889, l’Internationale ouvrière appelle les travailleurs à faire grève et à manifester tous les 1er mai.

Ces grèves pacifiques peuvent prendre un tour tragique comme à Fourmies le 1er mai 1891.
Les ouvriers textile, pour célébrer la fête du travail du 1er mai 1989, rédigent fin avril leurs revendications : journée de 8 heures, création d’une caisse de retraite.

Ils sont aidés par Jules Lafargue (gendre de Karl Marx) et Hippolyte Culine (socialiste).
Par peur de la manifestation, le maire et 32 patrons demandent des renforts de troupes (l’armée a en charge le maintien de l’ordre) au sous-Préfet.
Le 1er mai, suite à des provocations, l'armée obéit à l'ordre de tirer sur les ouvriers. Ce qui cause 10 morts, dont 1 femme et 1 enfant. Paul Lafargue est accusé de provocation au meurtre pour avoir été à l’initiative de la grève.

Cependant, le 5 mai, les députés votent le versement d'une indemnité de 5 000 francs aux familles des victimes. L’événement montre les incohérences de l’État qui réprime, puis, qui indemnise les familles de victimes.
L’indignation est forte à l’Assemblée ; Georges Clémenceau dénonce la répression dans son discours du 8 mai 1891.

Dans la culture ouvrière, la fusillade de Fourmies s'enracine par les chansons dès 1891 : Les fiancés du Nord raconte la mort des deux fiancés lors de la fusillade, La Marseillaise fournissienne (chanson des ouvriers de Fourmies).

En 1903, un monument aux morts de Fourmies est élevé dans la commune. Cette fusillade témoigne des tensions sociales fortes qui existent entre patrons et ouvriers.
Au début du XXe siècle, les revendications portent sur le chronométrage. Les grèves restent nombreuses (1309 en 1906) malgré la répression.

2. Comment répondre à la question ouvrière ?
La question ouvrière désigne les conditions de vie et de travail des ouvriers et les réponses apportées par l’État et le patronat pour les résoudre.
a. Le paternalisme

Encouragé par l’Église catholique, le paternalisme naît de la peur des patrons de voir se développer grèves et manifestations dans leurs usines à cause de la misère sociale. Le monde ouvrier effraie aussi par sa culture si différente de celle de la bourgeoisie.

Le paternalisme consiste à accorder des avantages sociaux aux ouvriers pour conserver la paix sociale dans l’entreprise, stabiliser la main d'œuvre, et améliorer la productivité.

Il s’agit aussi de moraliser les ouvriers c'est-à-dire leur transmettre les valeurs de la bourgeoisie : famille, prévoyance, épargne, respect de l’ordre, obéissance, respect de la religion.

Exemple
La famille Schneider, au Creusot, encourage les ouvriers à épargner et offre pour un loyer modeste des logements situés sur le site industriel avec jardins (cultivés pour assurer l'alimentation de la famille). Soucieux de l’éducation des enfants d’ouvriers et de leur santé, les Schneider construisent une école et un hôpital. Les femmes s’occupent du foyer lorsqu'elles ne travaillent pas. Au début du XXe siècle, un enseignement ménager leur est proposé afin de les éloigner de l’usine.
Près de Clermont-Ferrand, la famille Michelin (entreprise de fabrication de pneumatiques, fondée en 1889, par André et Edouard Michelin) construit pour les ouvriers une clinique, une église et une école. Dans la cité ouvrière, le nom des rues est évocateur : rue du Courage, de la Volonté, de la Vaillance ou du Devoir.
b. Le rôle de l'État : l’adoption d’une législation sociale

La législation sociale marque des progrès essentiels : abaissement du temps de travail, travail des enfants réglementé, instruction obligatoire jusqu’à 13 ans, création de l’Inspection et du Ministère du travail.

DATES LOIS 
1874 Travail des enfants de moins de 13 ans interdit.
Création de l’Inspection du travail (dresse des procès verbaux d'infraction par les patrons à la législation).
1882 Loi Ferry : école obligatoire, gratuite et laïque pour les enfants jusqu’à 13 ans.
1884 Légalisation des syndicats par la loi Waldeck-Rousseau.
1892 Journée de travail limitée à 10 heures pour les enfants de 13 à 16 ans et à 11 heures pour les femmes.
1894 Loi sur les retraites ouvrières et les caisses de maladie des mineurs.
Création d’habitations bon marché (HBM) sous l’impulsion des mouvements hygiénistes. Loi Siegfried et Picot.
1898 Loi créant les assurances contre les accidents du travail, à la charge des patrons (responsabilité patronale).
1900 Journée de travail de 10 heures pour tous.
1905 Journée de travail de 8 heures dans les mines.
1906 Loi créant le repos hebdomadaire obligatoire.
Création du Ministère de la Santé.
1910 Loi sur les retraites ouvrières et paysannes après 65 ans.
Loi instituant le Code du travail.
1912 Loi Bonnevay qui institue le financement public du logement social et crée les offices publics d’habitations à bon marché (OPHBM) : logements sociaux, jardins-souvenirs, locaux publics.
1913 Loi sur le repos des femmes en couches.

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