La place particulière de la religion dans la société américaine
Un Président qui prête serment sur la
Bible, une devise qui proclame « In God we trust
» et qu’on retrouve sur la monnaie, des
milliers de personnes qui communient dans des stades de
football. Autant de signes d’une
religiosité qui, vue d’Europe, peut
paraître omniprésente.
Parmi les sociétés occidentales, la société américaine fait en effet figure d’exception. C’est sans doute la société où la religion occupe la place la plus importante. Plus étonnant encore, alors que les sociétés européennes sont marquées par un recul du religieux, la pratique religieuse aux États-Unis n’a cessé de croître. On estime que 5 % des habitants étaient membres d’une Église au milieu du 18e siècle, 20 % au moment de l’Indépendance, 35 % en 1860, 50 % en 1900 et 70 % aujourd’hui.
Car si le fait protestant est majoritaire, historiquement, la société américaine se caractérise par le melting-pot et par un idéal de tolérance. Ce qui explique le maintien et la vitalité de pratiques religieuses très variées ; ce qui explique également la naissance et le développement de nouvelles pratiques et idéologies religieuses (comme le créationnisme). Au-delà de la pratique religieuse, la religion occupe une place prépondérante dans la société américaine, dans la vie quotidienne comme dans la vie politique. On pourrait même affirmer que le fait religieux constitue un mythe fondateur de l’identité américaine.
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Doc. 1. Gerald Ford, 38e Président des États-Unis d'Amérique prêtant serment à la Maison Blanche |
Parmi les sociétés occidentales, la société américaine fait en effet figure d’exception. C’est sans doute la société où la religion occupe la place la plus importante. Plus étonnant encore, alors que les sociétés européennes sont marquées par un recul du religieux, la pratique religieuse aux États-Unis n’a cessé de croître. On estime que 5 % des habitants étaient membres d’une Église au milieu du 18e siècle, 20 % au moment de l’Indépendance, 35 % en 1860, 50 % en 1900 et 70 % aujourd’hui.
Car si le fait protestant est majoritaire, historiquement, la société américaine se caractérise par le melting-pot et par un idéal de tolérance. Ce qui explique le maintien et la vitalité de pratiques religieuses très variées ; ce qui explique également la naissance et le développement de nouvelles pratiques et idéologies religieuses (comme le créationnisme). Au-delà de la pratique religieuse, la religion occupe une place prépondérante dans la société américaine, dans la vie quotidienne comme dans la vie politique. On pourrait même affirmer que le fait religieux constitue un mythe fondateur de l’identité américaine.
1. Un pays laïque
Depuis la fin du 18e
siècle, la religion est officiellement
séparée de l’État :
l’article 6 du premier amendement de la
Constitution américaine rappelle et garantit ce
principe en précisant la non-ingérence de
l’État dans les religions et la liberté
de culte. D’ailleurs, que ce soit dans la
constitution ou dans la Déclaration des
Droits, on ne trouve aucune référence
à Dieu.
En 1875, James Blaine, président de la chambre des représentants, a ainsi proposé un amendement à la constitution : aucune subvention publique ne devait être accordée à un projet à vocation religieuse. Rejeté par le Sénat, cet amendement fut toutefois adopté dans la constitution des 37 États américains. Concrètement, l’État fédéral ne subventionne par exemple aucune école religieuse, non pas au nom de la laïcité comme ce serait le cas en France mais au nom de la liberté religieuse. La prière à l’école est aussi prohibée par l’arrêt Engel contre Vitale depuis 1962.
En 1875, James Blaine, président de la chambre des représentants, a ainsi proposé un amendement à la constitution : aucune subvention publique ne devait être accordée à un projet à vocation religieuse. Rejeté par le Sénat, cet amendement fut toutefois adopté dans la constitution des 37 États américains. Concrètement, l’État fédéral ne subventionne par exemple aucune école religieuse, non pas au nom de la laïcité comme ce serait le cas en France mais au nom de la liberté religieuse. La prière à l’école est aussi prohibée par l’arrêt Engel contre Vitale depuis 1962.
2. Une laïcité particulière
La laïcité américaine est fondée
sur une triple notion :
- La notion de séparation ;
- La notion de neutralité ;
- La notion de tolérance.
- La notion de séparation ;
- La notion de neutralité ;
- La notion de tolérance.
a. La séparation
Si la laïcité à la française
repose sur la séparation de
l’Église et de l’État, on
peut dire que la laïcité à
l’américaine consiste davantage à
séparer l’État de
l’Église, c’est-à-dire à
tenir l’État à
l’écart de l’Église. Cette
séparation remonte à
l’Indépendance et à
l’élaboration des textes constitutionnels
dans le dernier quart du 18e siècle. Le
Premier Amendement de 1791 énonce ainsi que le
Congrès ne fera pas de loi limitant ou interdisant
l’établissement et l’exercice
d’une religion. La Virginie est ensuite la
première des anciennes colonies à inscrire
le « désétablissement » de
l’Église anglicane dans sa constitution.
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Doc. 2. Passage du texte sur la liberté des religions en Virginie aux États-Unis sur la mémoire de Thomas Jefferson, Washington DC |
b. La neutralité
De fait, ce Premier Amendement engage la
République américaine dans la
neutralité religieuse et dans la
séparation des sphères : dans la
société civile, la religion a toute sa
place, tandis qu’elle n’est pas du ressort de
la vie politique. C’est une différence de
fond avec le modèle républicain
français qui s’est établi contre une
religion dominante. Aux États-Unis, la pratique
religieuse est variée dès l’origine.
Le pouvoir politique ne s’est pas battu contre une
grande religion mais a assuré la coexistence de
ces différents courants.
Selon Tocqueville, c’est ce qui explique la puissance de la religion américaine et sa présence dans la société : détachée du pouvoir, elle ne peut compter que sur ses propres forces et s’est organisée pour maintenir son influence dans la société. De fait, elle est amenée à s’adapter aux mouvements d’opinion dans la société mais aussi à remplir toutes sortes de fonctions auprès des citoyens (organisation des loisirs, entraide : 36 % des dons annuels des Américains pour des organisations caritatives vont vers des Églises, vie de quartier, médias, etc.).
Selon Tocqueville, c’est ce qui explique la puissance de la religion américaine et sa présence dans la société : détachée du pouvoir, elle ne peut compter que sur ses propres forces et s’est organisée pour maintenir son influence dans la société. De fait, elle est amenée à s’adapter aux mouvements d’opinion dans la société mais aussi à remplir toutes sortes de fonctions auprès des citoyens (organisation des loisirs, entraide : 36 % des dons annuels des Américains pour des organisations caritatives vont vers des Églises, vie de quartier, médias, etc.).
c. La tolérance
Comme il n’existe pas de religion
d’État aux États-Unis mais une
pratique fondée sur la libre
adhésion, chaque Église est
traitée sur un pied d’égalité
avec les autres. De fait, la tolérance religieuse
est maximum et il n’existe en pratique pas de
limite à son exercice. Cette tolérance
permet de comprendre la multiplication des sectes
aux États-Unis ou des mouvements dissidents. La
secte Moon, la scientologie (dont de
nombreux acteurs comme Tom Cruise se réclament
librement) ainsi que de nombreux mouvements plus ou moins
sectaires s’épanouissent. On assiste parfois
à des dérives comme lors de la
tuerie de Waco, au Texas, dans les années 1990.
De même, ces branches dissidentes du Christianisme sont préservées (les Amish) ou se développent (les Mormons). Enfin, des pratiques spirituelles connaissent une grande popularité comme le bouddhisme. On a vu l'émergence, lors de ces 20 dernières années, de pratiques spirituelles comme le New Age, notamment sur la côte Ouest.
De même, ces branches dissidentes du Christianisme sont préservées (les Amish) ou se développent (les Mormons). Enfin, des pratiques spirituelles connaissent une grande popularité comme le bouddhisme. On a vu l'émergence, lors de ces 20 dernières années, de pratiques spirituelles comme le New Age, notamment sur la côte Ouest.
3. Une laïcité de groupe
La religion américaine définit une «
laïcité de
groupe » : la société
américaine est libérale, tant du point de vue
économique que politique. De fait, les
différentes confessions sont en libre concurrence
sur le marché du religieux. Le « client
» de ces entreprises religieuses n’en est du
reste nullement captif. On considère selon des
études que les Américains suivent en
moyenne trois religions dans leur vie. Cette notion de
libre choix religieux rejoint le libre choix de
l’individu dans une société ouverte et
concurrentielle.
Chaque Église est ainsi une affaire économique qui vit de la générosité des fidèles. La religion est, comme beaucoup de secteurs de la vie aux États-Unis, un marché ; un marché qu’on estime à 180 milliards de dollars par an.
Chaque Église est ainsi une affaire économique qui vit de la générosité des fidèles. La religion est, comme beaucoup de secteurs de la vie aux États-Unis, un marché ; un marché qu’on estime à 180 milliards de dollars par an.
L'essentiel
En dépit de l'importance du fait religieux aux
États-Unis, l'État américain est
laïque, non pas pour « protéger »
la société du religieux comme en France mais
pour protéger la religion de l'intrusion de
l'État. Cette laïcité
particulière induit qu'il n'existe pas de religion
d'État mais une tolérance pour toute
religion et une égalité entre tous les
cultes.
Elle peut enfin être définie comme une laïcité de groupe. Les religions sont traitées de façon égalitaire du point de vue de la possibilité d'y adhérer et les religions sont en concurrence pour attirer et conserver des « clients ». Ces règles ont permis l'adhésion de plus en plus large de la société américaine au fait religieux.
Elle peut enfin être définie comme une laïcité de groupe. Les religions sont traitées de façon égalitaire du point de vue de la possibilité d'y adhérer et les religions sont en concurrence pour attirer et conserver des « clients ». Ces règles ont permis l'adhésion de plus en plus large de la société américaine au fait religieux.
Bibliographie
- FROIDEVAUX-METTERIE, « Religion et politique aux
États-Unis » dans Les États-Unis,
Paris, Fayard, dir. Denis LACORNE, 2006, p.317-330
- RICHET, Isabelle, La Religion aux États-Unis, Paris, PUF, coll. «Que sais-je?», 2001, p.128
- RICHET, Isabelle, « De la diversité au pluralisme religieux » dans Les États-Unis, Paris, Fayard, dir. Denis LACORNE, 2006, p. 299-316
- FATH S., Dieu bénisse l’Amérique, la religion de la Maison Blanche, Le Seuil, 2004
- RICHET, Isabelle, La Religion aux États-Unis, Paris, PUF, coll. «Que sais-je?», 2001, p.128
- RICHET, Isabelle, « De la diversité au pluralisme religieux » dans Les États-Unis, Paris, Fayard, dir. Denis LACORNE, 2006, p. 299-316
- FATH S., Dieu bénisse l’Amérique, la religion de la Maison Blanche, Le Seuil, 2004

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