La Mort à Venise, Thomas Mann
Il écrivit très tôt dans sa carrière (à peine 26 ans) ce qui sera son chef d' oeuvre, Buddenbrocks, l'histoire de la décadence d'une famille de Lübeck (où il est lui-même né) à travers quatre générations. Sur fond de chronique familiale, Thomas Mann parvient à broder un vaste tableau de la vie bourgeoise au milieu du XIXe siècle.
Son succès ne se démentira pas, à peine deux ans plus tard, avec la parution de Tonio Kröger, un des livres les plus lus de la littérature du XXe siècle, à ce jour.
Tout en profitant de son temps libre, puisqu'il est réformé pour des raisons de santé, Thomas Mann consacre beaucoup de temps à l'étude de différents domaines comme la médecine ou la psychanalyse, tout en rédigeant quelques uns de ses grands chef d'oeuvre : La Mort à Venise (1913), La Montagne magique (1923).
S'il s'était d'abord défini comme un apolitique, il s'engagera pour les valeurs républicaines dès 1922 (Sur la république allemande) puis s'engagera contre le nazisme, ce qui l'obligera à fuir l'Allemagne dès 1933. Il finira ses jours en Suisse, après avoir séjourné en France et aux Etats-Unis.
Ainsi, Aschenbach, poète célèbre vieillissant, découvrira la Beauté en la personne du jeune Tadzio en même temps que celle de Venise, et ne pourra en réchapper. De la même manière, d'autres personnages sont confrontés à cette fin inéluctable qui frappe ceux qui cherchent et trouvent le Beau, comme Tonio Kröger ou encore Adrian Leverkhühn (Docteur Faustus).
Thomas Mann s'est intéressé à la fascination mortelle que peut exercer la beauté physique, ainsi que l'a formulé Platen dans ces vers : « Celui dont les yeux ont vu la beauté / A la mort dès lors est prédestiné ».Et sans doute a-t-il à l'esprit l'image de Goethe, vieil homme épris à la folie d'une jeune fille de dix-sept ans.
Gustav Aschenbach sera ce vieux poète célèbre soumis au destin tragique auquel le mène la rencontre de la Beauté. Et son prénom lui vient sans doute de Gustav Mahler, décédé alors que Thomas Mann séjournait à Venise.
Très vite, le voilà arrivé à Venise, convaincu que c'est la destination qu'il lui faut, seule capable de répondre à ses ardeurs esthétiques : « Où va-t-on quand on veut du jour au lendemain échapper à l'ordinaire, trouver l'incomparable, la fabuleuse merveille ? ». Et lorsqu'il arrive sur la Place saint Marc se produisent comme des retrouvailles entre deux amants qui se seraient perdus de vue depuis des années : « C'était donc elle (...), cette place qui confond l'imagination et dont l'éblouissante architecture emplissait d'émerveillement et de respect les navigateurs abordant autrefois le territoire de la république ».
Sur place, Aschenbach se laisse bercer par les charmes vénitiens, ses ruelles étroites où se cachent le mystère et l'imprévisible, ses bateliers qui vous guident le long des canaux. C'est dans ce décor qu'Aschenbach se laisse aller à la rêverie mélancolique d'une vie finissante, car « d'être seul et de se taire, on voit les choses autrement qu'en société ; en même temps qu'elles gardent plus de flou elles frappent davantage l'esprit ; les pensées en deviennent plus graves, elles tendent à se déformer et toujours se teintent de la mélancolie. »
Et survient LA rencontre : parmi les touristes de son hôtel se trouve une famille polonaise, comprenant plusieurs enfants dont un jeune garçon, Tadzio, « un adolescent aux cheveux longs qui pouvait avoir quatorze ans ». Le vieux poète est frappé par tant de beauté : « la pâleur, la grâce sévère de son visage encadré de boucles blondes comme le miel, son nez droit, une bouche aimable, une gravité expressive et quasi divine, tout cela faisait songer à la statuaire grecque de la grande époque ».
L'homosexualité n'est jamais explicite, mais se dessine dans quelques passages, comme celui où Tadzio joue corps à corps avec un jeune homme de son âge, sous l' oeil voyeur d'Aschenbach. Ou encore cet aveu, « la formule immuable du désir : Je t'aime », soupiré par le vieil homme pour lui seul, après avoir volé un sourire au gracieux adolescent. Ce dernier va poursuivre chaque sortie du jeune garçon, chaque mouvement, il le cherche des yeux où qu'il aille, guette son grain de peau au bord de l'eau. Et pourtant, il s'interdit ce désir, il se dégoûte même de cette attirance contre nature.
Bientôt, les touristes fuient, la rumeur se répand : le sirocco a apporté à Venise l'épidémie de choléra. La sagesse voudrait qu'Aschenbach fuie. Mais le désir est trop fort et il ne peut se résoudre à partir loin de celui qu'il aime.
Tandis que Tadzio se baigne, Aschenbach le regarde en cachette, en feignant de lire sur une chaise, au bord de l'eau. Il ne sentira même pas le choléra l'emporter, lui, l'homme célèbre dont la nouvelle de la mort « par le monde (...) fut accueillie avec une religieuse émotion ».
Il s'agit ici d'un auteur et d'un roman clés du début du XXe siècle. L'homme, aussi installé et solide soit-il, y est confronté à la Beauté et à la fragilité de la vie qui, pour Thomas Mann, vont de pair.

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