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Bel-Ami : Lecture méthodique : l'excipit

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Toutes les références renvoient à l'édition suivante :
MAUPASSANT, G. de, Bel-Ami, GF Flammarion, 1999.

1. Le passage
    « Lorsque l'office fut terminé, il se redressa, et donnant le bras à sa femme, il passa dans la sacristie. Alors commença l'interminable défilé des assistants. Georges, affolé de joie, se croyait un roi qu'un peuple venait acclamer. Il serrait des mains, balbutiait des mots qui ne signifiaient rien, saluait, répondait aux compliments : « Vous êtes bien aimable ».
   Soudain il aperçut Mme de Marelle ; et le souvenir de tous les baisers qu'il lui avait donnés, qu'elle lui avait rendus, le souvenir de toutes leurs caresses, de ses gentillesses, du son de sa voix, du goût de ses lèvres, lui fit passer dans le sang le désir brusque de la reprendre. Elle était jolie, élégante, avec son air gamin et ses yeux vifs. Georges pensait : « Quelle charmante maîtresse, tout de même. »
   Elle s'approcha un peu timide, un peu inquiète, et lui tendit la main. Il la reçut dans la sienne et la garda. Alors il sentit l'appel discret de ses doigts de femme, la douce pression qui pardonne et reprend. Et lui-même, il la serrait, cette petite main, comme pour dire : « Je t'aime toujours, je suis à toi ! »
   Leurs yeux se rencontrèrent, souriants, brillants, pleins d'amour. Elle murmura de sa voix gracieuse : – A bientôt, madame.
   Et elle s'éloigna.
   D'autres personnes se poussaient. La foule coulait devant lui comme un fleuve. Enfin elle s'éclaircit. Les derniers assistants partirent.
   Georges reprit le bras de Suzanne pour retraverser l'église.
   Elle était pleine de monde, car chacun avait regagné sa place, afin de les voir passer ensemble. Il allait lentement, d'un pas calme, la tête haute, les yeux fixés sur la grande baie ensoleillée de la porte. Il sentait sur sa peau courir de longs frissons, ces frissons froids que donnent les immenses bonheurs. Il ne voyait personne. Il ne pensait qu'à lui.
   Lorsqu'il parvint sur le seuil, il aperçut la foule amassée, une foule noire, bruissante, venue là pour lui, pour lui Georges Duroy. Le peuple de Paris le contemplait et l'enviait.
   Puis, relevant les yeux, il découvrit là-bas, derrière la place de la Concorde, la Chambre des députés. Et il lui sembla qu'il allait faire un bond du portique de la Madeleine au portique du Palais-Bourbon.
   Il descendit avec lenteur les marches du haut perron entre deux haies de spectateurs. Mais il ne le voyait point ; sa pensée maintenant revenait en arrière, et devant ses yeux éblouis par l'éclatant soleil flottait l'image de Mme de Marelle rajustant en face de la glace les petits cheveux frisés de ses tempes, toujours défaits au sortir du lit. »
2. Présentation du passage
L'excipit est le dernier passage du roman.
Nous assistons au mariage de Bel-Ami avec Suzanne Walter, la richissime fille du patron de Duroy, M. Walter, le puissant directeur du journal La Vie Française.

Ce mariage clôt le roman mais il est aussi l'aboutissement de l'évolution du personnage de Georges Duroy : ce mariage est la plus belle réussite dont il pouvait rêver. Il lui apporte fortune et célébrité. C'est grâce à son ascension sociale dans la bourgeoisie parisienne, grâce à ses maîtresses (Mme de Marelle, Mme Walter, la mère de la jeune Suzanne) et à son arrivisme, qu'il a pu arriver à épouser Suzanne Walter.
Ce passage est donc l'apothéose finale du parcours de Bel-Ami. Il marque le sacre de Bel-Ami et montre un personnage définitivement séduisant et séducteur .

3. Les axes de lecture
a. Le sacre de Bel-Ami
Duroy est dans ce passage au fait de sa gloire. « L'interminable défilé » des convives souligne la grandeur du mariage. Le champ lexical de la foule accroît la situation de sacre : Duroy « serrait des mains », « répondait aux compliments », des personnes « se poussaient » pour le voir, « la foule coulait devant lui comme un fleuve », l'église était « pleine de monde », dehors « la foule est amassée ».

L'attitude de Duroy est celle d'un roi, « un roi qu'un peuple venait acclamer ». Sa démarche dans l'église est lente, « la tête haute », les yeux fixes : il se conduit comme un monarque. La foule est venue pour voir Duroy, « le peuple de Paris le contemplait et l'enviait ». Ainsi, Duroy a réussi.
Paris est à ses pieds. Enfin, ce triomphe montre que le nom choisit par Maupassant pour son héros n'est pas anodin.

Le thème du regard souligne le triomphe de Bel-Ami. Le champ lexical du regard (« il aperçut », « leurs yeux se rencontrèrent », « les voir passer », « les yeux fixés », « il aperçut la foule », « le contemplait », « relevant les yeux », « il découvrit », « il ne les voyait point », « ses yeux éblouis ») dessine un personnage admiré et fier de lui.

Malgré la foule, le héros ne voit personne d'autre que lui. Le personnage est narcissique et mégalomane. Sa satisfaction est immense mais pas épuisée : il compte s'attaquer à la députation. Sa soif de réussite n'est pas assouvie : ce mariage représente un nouveau pas vers la richesse. Le parcours de Bel-Ami ne s'achève pas avec ce dernier passage.

Duroy est le sujet de toutes les phrases du passage. Le pronom « il » qui désigne Duroy a de nombreuses occurrences : il est le personnage central de la scène. La focalisation interne permet au narrateur de rendre compte des désirs et pensées de Duroy en ce moment capital.

b. Un personnage séducteur
Duroy pense à une femme dans ce passage : cette femme n'est pas son épouse mais sa maîtresse. Maupassant ironise ainsi sur le comportement bourgeois de son personnage, qui épouse une femme par intérêt et en désire une autre.

Ce mariage est le second de Bel-Ami, après celui avec Madeleine Forestier. Duroy plaît aux femmes et il leur doit sa réussite. Mais il plaît aussi aux hommes, à tous : la foule venue l'acclamée en masse en est la preuve (« Lorsqu'il parvînt sur le seuil, il aperçut la foule amassée, une foule noire, venue là pour lui, pour lui Georges Duroy. Le peuple de Paris le contemplait et l'enviait ».) C'est un puissant séducteur.

Sa passion pour Mme de Marelle ne s'est pas éteinte : l'évocation de leur tendre relation, en une longue énumération de quatre lignes (« et le souvenir de tous les baisers qu'il lui avait donnés, qu'elle lui avait rendus, le souvenir de toutes leurs caresses, de ses gentillesses, du son de sa voix, du goût de ses lèvres, lui fit passer dans le sang le brusque désir de la reprendre ») souligne ce désir.

La séduction est avant tout physique. Le champ lexical de l'amour physique (« les baisers », « leurs caresses », « goût de ses lèvres », « la reprendre », « elle était jolie », « il sentit l'appel discret de ses doigts de femme »), couplé à celui du regard, intensifie l'aspect séducteur de Duroy.

Le roman se termine sur l'évocation de Mme de Marelle, « rajustant en face de la glace les petits cheveux frisés de ses tempes, toujours défaits au sortir du lit ». Ainsi, Duroy revient tout de même vers la seule femme qu'il ait aimée ; il n'est pas si inhumain que cela et éprouve malgré tout des sentiments, sans aucune arrière pensée de manipulation : il aime Mme de Marelle d'un amour sincère.

4. Conclusion
Ce passage marque la fin du roman mais ne marque pas la fin du parcours de Duroy. Cet excipit est une ouverture ; au lecteur d'imaginer quel parcours va suivre l'ascension fulgurante de Duroy...

Il faut lire ce passage en parallèle avec l'incipit :
Le portrait final de Duroy dans l'excipit fait écho aux traits de caractère décelés dans l'incipit : fierté, soif de richesse et de réussite, séduction des femmes. Dans l'incipit, Duroy fait partie de la foule. Dans l'excipit, il est au-dessus de la foule, qui l'admire et l'acclame en masse. Duroy a réussi.

Cette fin n'est pas sans rappeler celle d'un autre roman d'apprentissage, Le Père Goriot, de Balzac (1835), où dans l'excipit, le héros, Eugène de Rastignac, projette de faire fortune et de réussir dans la société parisienne, et du haut du cimetière du Père-Lachaise, s'écrie, en acte de défi à Paris: « A nous deux maintenant ! » (paroles qu'aurait pu prononcer Duroy).

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