Bel-Ami : Lecture méthodique : Deuxième partie, chapitre 1 - Maxicours

Bel-Ami : Lecture méthodique : Deuxième partie, chapitre 1

Toutes les références renvoient à l'édition suivante :
MAUPASSANT, G. de, Bel-Ami, GF Flammarion, 1999.

1. Le passage
   « Ce fut un long déjeuner de paysans, avec une suite de plats mal assortis, une andouille après un gigot, une omelette après l'andouille. Le père Duroy, mis en joie par le cidre et quelques verres de vin, lâchait le robinet de ses plaisanteries de choix, celles qu'il réservait pour les grandes fêtes, histoires grivoises et malpropres arrivées à ses amis, affirmait-il. Georges, qui les connaissait toutes, riait cependant, grisé par l'air natal, ressaisi par l'amour inné du pays, des lieux familiers dans l'enfance, par toutes les sensations, tous les souvenirs retrouvés, toutes les choses d'autrefois revues, des riens, une marque de couteau dans une porte, une chaise boiteuse rappelant un petit fait, des odeurs de sol, le grand souffle de résine et d'arbres venu de la forêt voisine, les senteurs du logis, du ruisseau, du fumier.
   La mère Duroy ne parlait point, toujours triste et sévère, épiant de l'œil sa bru avec une haine éveillée dans le cœur, une haine de vieille travailleuse, de vieille rustique aux doigts usés, aux membres déformés par les vieilles besognes, contre cette femme de ville qui lui inspirait une répulsion de maudite, de réprouvée, d'être impur fait pour la fainéantise et le péché. Elle se levait à tout moment pour aller chercher les plats, pour verser dans les verres la boisson jaune et aigre de la carafe ou le cidre roux mousseux et sucré des bouteilles dont le bouchon sautait comme celui de la limonade gazeuse.
   Madeleine ne mangeait guère, ne parlait guère, demeurait triste avec son sourire ordinaire figé sur les lèvres, mais un sourire morne, résigné. Elle était déçue, navrée. Pourquoi ? Elle avait voulu venir. Elle n'ignorait point qu'elle allait chez des paysans, chez des petits paysans. Comment les avait-elle donc rêvés, elle qui ne rêvait pas d'ordinaire ? »
2. Présentation du passage
Ce passage marque le début de la deuxième partie du roman.
George Duroy a épousé Madeleine Forestier. Après le mariage à Paris, le couple se rend en Normandie, chez les parents de Duroy. C'est le retour au pays pour Duroy.
3. Les axes de lecture
a. Description du monde rural
Duroy vient du milieu rural, ses parents sont paysans. Ce retour au pays permet à Maupassant une peinture du milieu rural de l'époque.

Cette peinture n'est guère flatteuse : le monde rural est décrit de façon négative. Le repas est un repas de fête, mais c'est avant tout un repas paysan, « avec une suite de plats mal assortis ». Le père Duroy raconte « des histoires grivoises et malpropres ».

Le père Duroy est une caricature du paysan aviné.
Le champ lexical de la boisson est omniprésent dans le passage : « le cidre », « quelques verres de vin », « la boisson jaune et aigre de la carafe ou le cidre roux mousseux et sucré ». C'est un personnage grivois, qui « lâchait le robinet de ses plaisanteries de choix ».

La mère Duroy, à l'opposé de son mari, est effacée, muette. Son mari est jovial et excité par l'alcool ; elle est « toujours triste et sévère », usée par le travail et aigrie par la pauvreté. Elle est aussi usée moralement que physiquement. Elle a les « membres déformés par les dures besognes ». Elle sert les plats et les boissons.

b. Le retour au pays
Duroy est de retour dans son pays natal, près de Rouen. Il a réussi à Paris et rentre au pays avec au bras une femme riche.

Duroy est heureux de rentrer chez lui et de présenter sa femme à ses parents. Le champ lexical de la joie le montre : Duroy « riait, grisé par l'air natal », il est « ressaisi par l'amour inné du pays ». C'est un retour en enfance, comme le souligne le champ lexical de la mémoire (« il les connaissait toutes », « les lieux familiers de l'enfance », « toutes les sensations, tous les souvenirs retrouvés, toutes les choses d'autrefois revues ») et de l'odorat (« des odeurs de sol, le grand souffle de résine et d'arbres venus de la forêt voisine, les senteurs du logis, du ruisseau, du fumier »).

Ce retour au pays natal n'enchante pas Madeleine.
Elle savait que Duroy est d'origine paysanne mais cette rencontre avec ses beaux-parents la déçoit. Elle « ne mangeait guère, ne parlait guère ». Elle est triste, « déçue, navré ». La confrontation avec la mère Duroy révèle le gouffre qui sépare les deux femmes. La mère Duroy épie « sa bru avec une haine éveillée dans le cœur ». Madeleine est « une femme de la ville », ce qui lui vaut la haine de la mère Duroy, pleine de préjugés envers sa bru (Madeleine « lui inspirait une répulsion de maudite, de réprouvée, d'être impur fait pour la fainéantise et le péché. »).

4. Conclusion
Ce passage marque le retour au pays de George Duroy, retour triomphal avec une femme de la bourgeoisie parisienne.

Le temps d'un repas, Maupassant peint le monde rural avec une visée caricaturale : le père Duroy est grivois et amateur de boisson, sa femme est effacée et voue une haine certaine pour les femmes de la ville.
Si Duroy est heureux de revenir chez lui et ainsi retomber en enfance l'instant d'une journée, ce n'est pas le cas de sa femme Madeleine, attristée par la pauvreté de sa belle-famille.

Madeleine et les Duroy n'appartiennent pas au même monde : l'utilisation du style indirect libre permet de connaître les pensées et les sensations des personnages.

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