La censure de la presse
La censure est facilement acceptée en ce début de conflit. Nombreux sont ceux qui considèrent que la presse doit être un « organe de la défense nationale ». C’est par exemple l’avis de Jean Dupuy, propriétaire du Petit Parisien, le plus fort tirage des quotidiens de l’époque (supérieur à un million d’exemplaires).
Concrètement, les épreuves des journaux sont lues par les censeurs avant impression. Ces derniers signalent les textes interdits qui doivent alors être coupés, ce qui laisse un blanc à la place de l’article supprimé. Les journaux ne respectant pas les consignes des censeurs peuvent être saisis. C’est le cas du Petit Parisien, en janvier 1916, après la diffusion d’une nouvelle interdite concernant le front balkanique.
Le moral des Français fléchissant, les militaires décident, à partir de la fin 1916, d’utiliser les reporters pour rendre espoir à la population. De rares journalistes sont alors autorisés à se rendre sur le théâtre des opérations. Mais ils ne peuvent dépasser les secondes lignes et le contrôle de l’armée sur leur travail est total.
Si la censure a été fortement critiquée, si sa sévérité tatillonne a été souvent dénoncée, il faut remarquer qu’elle a aussi permis de rendre la guerre plus supportable aux civils (en masquant les horreurs du conflit) et de maintenir l’espérance pendant les quatre années d’affrontement.
L’empereur d’Allemagne Guillaume II et son fils, le Konprinz, deviennent par exemple les têtes de turc d’un certain journalisme. Selon les gazettes, le premier est touché par de terribles maladies « dissimulées au peuple allemand » : cancer de la gorge, tumeur au cerveau… Il est pourtant toujours bien vivant à l’issue du conflit.
Autre « bobard » passé à la postérité : l’article publié dans L’Intransigeant qui affirme que « les balles allemandes ne sont pas dangereuses » et qu’ « elles traversent les chairs de part en part sans faire aucune déchirure ».
Plus généralement, la Grande Guerre provoque une immense méfiance vis-à-vis de la presse. Les soldats ne retrouvent rien de leurs préoccupations et de leur quotidien dans les journaux et ils ne manquent pas, quand ils reviennent du front, de souligner ce décalage et de dénoncer les mensonges véhiculés par les journaux.
L’opinion publique prend ainsi peu à peu conscience de la manipulation dont elle a été victime au nom de la patrie. D’où une perte de confiance du public dans la presse écrite qui expliquerait, en partie, les progrès fulgurants de la radio dans les années d’après-guerre.
L’essentiel
La censure de la presse est mise en place dès les premiers jours du conflit, en août 1914. Les publications ne respectant pas les consignes des censeurs peuvent être saisies. Jusque fin 1916, les journalistes n’ont pas accès au front et ils doivent se contenter des informations transmises par l’autorité militaire. Privés d’informations vérifiables, désireux de soutenir le moral des populations, les journaux deviennent fertiles en « bobards » et autres fausses nouvelles. Ce « bourrage de crâne » jette un discrédit durable sur la presse écrite.

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