Les caractères d'un régime totalitaire
L'Italie, blessée moralement, parle de « victoire mutilée ».
Outre cette déception morale, les problèmes économiques (endettement et inflation), sociaux (chômage, grèves et baisse du pouvoir d'achat), et politiques (agitation révolutionnaire communiste) favorisent l'émergence du mouvement fasciste de Mussolini.
Dès 1922, Mussolini se porte candidat au pouvoir, tandis que ses squadristi violentent les grévistes et feignent de prendre Rome.Face à cette intimidation, Vittorio Emanuele III appelle Mussolini au pouvoir le 29 octobre 1922, pour constituer en toute légalité un nouveau gouvernement. Dès le 30, les chemises noires et Mussolini défilent dans Rome.
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Doc. 1. Mussolini et le roi d'Italie Vittorio Emanuele III sur une carte postale de propagande |
Le fascisme s'est joué des faiblesses de l'institution monarchique pour imposer, par la force, les fondements d'une pensée nouvelle de l'Etat, autoritaire, dans la volonté de créer une société nouvelle.
• L'assassinat du député Matteotti
Le 10 juin 1924, Matteotti, Secrétaire général du Parti Socialiste Italien, qui dénonce les irrégularités des élections d'avril 1924, est enlevé puis sommairement tué par un commando fasciste.
Devant l'embarras d'une telle compromission, le 3 janvier 1925, Mussolini assume la responsabilité du meurtre, soutenu par le roi.
Dès lors, un nouvel État s'instaure régit par les décrets-lois. Mussolini n'est plus responsable que devant le roi.
Toutes les décisions ne sont plus prises par le gouvernement mais par le Grand conseil fasciste.
• Les lois instaurant la dictature fasciste
La dictature fasciste est totale dès 1926, avec l'application de plusieurs lois :
– suppression du droit de grève ;
– création syndicat fasciste unique ;
– lois de défense de l'Etat, ou « lois fascistissimes », entraînant la dissolution de toutes les organisations politiques ou syndicales non-fascistes, la déchéances des députés de l'opposition et le recensement des citoyens suspects ;
– création de l'OVRA, (Organisation de vigilance et de répression de l'antifascisme) ou police politique secrète ;
– création tribunal spécial de défense de l'État ;
– Parti National Fasciste devient un parti unique (les opposants sont pourchassés, emprisonnés, déportés ou exécutés) ;
– contrôle et épuration de l'administration et de la presse.
• La propagande
La fascisation du régime est rendue possible par la propagande. Le but est de conditionner les esprits, par l'intermédiaire de moyens modernes : la presse, la radio, le cinéma ; et des arts : la peinture, la sculpture.
Le Ministère de l'Instruction Publique se mue ainsi en Ministère de la Propagande, voué à louer les mérites du Duce et du nouveau régime.
Ainsi, l'individu, du début à la fin de sa vie est sous le contrôle de l'État, embrigadé dans des formations diverses. La conciliation avec l'Église en 1929 accroît encore un peu plus cet encadrement.
• L'endoctrinement de la jeunesse
Le philosophe officiel du régime Giovanni Gentile, ministre de l'Instruction publique, réforme le système scolaire et universitaire en instituant des manuels uniques. De même les matières enseignées et les enseignants sont sélectionnés.
Une fois hors de l'école, les enfants sont enrôlés dans des organismes paramilitaires de 4 à 21 ans.
En 1937, ces structures rassemblent environ 7,5 millions de jeunes
ÂGE | ORGANISMES PARAMILITAIRES | |
Garçons | Filles | |
4 à 8 ans | Enfants de la louve | |
8 à 14 ans | Ballilas | Petites italiennes |
14 à 18 ans | Avant-gardistes | Jeunes italiennes |
18 à 21 ans | Jeunesses fascistes |
Les organismes paramilitaires enrôlant la jeunesse de 4 à 21 ans
• L'encadrement et la surveillance des adultes
La vie des italiens est encadrée dans les moindres détails, professionnels et privés.
Dès 1927, la charte du travail rassemble les travailleurs dans des corporations.
Les italiens sont surveillés sur leur lieu de travail où les grèves sont interdites, mais également dans leurs loisirs, organisés par l'État par l'intermédiaire du Dopolavoro.
• La conciliation avec l'Église
En février 1929, Mussolini réussit le tour de force de résoudre le problème de la question romaine : par la création officielle de l'État du Vatican aux Accords du Latran.
Les accords du Latran, signés entre l'État italien et le Vatican le 11 février 1929, rétablissent leurs relations, rompues depuis 1871, et surtout confirment le ralliement de l'Église catholique au régime.
En échange de la reconnaissance de la dictature, le Pape obtient :
– La souveraineté du Vatican, de la basilique Saint-Pierre et d'un certain nombre d'autres édifices ;
– La validité civile du mariage religieux et l'interdiction du divorce ;
– L'enseignement religieux dans les écoles ;
– La reconnaissance du catholicisme comme religion d'État.
Très influent en Italie, le clergé apporte par la signature de ces accords son soutien au régime. L'audience de Mussolini est ainsi renforcée et la dictature consolidée.
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Doc. 2. Cahier d'écolier représentant la jeunesse fasciste en uniforme |
Mussolini pour faire face à la crise, inaugure le premier une politique de grands travaux : barrages, autoroutes, bonifications agricoles ; et instaure une politique d'autarcie économique (1930-1940) : droits de douane élevés dissuadant d'importer et un rigoureux contrôle des changes limitant les échanges. Il prône aussi une politique d'armement.
Ces différentes mesures ont pour but d'encourager l'Industrie et de résorber le chômage.
À la demande des industriels et des banquiers, Mussolini met en place un capitalisme d'État fondé sur des organismes publics comme l'IRI (Institut pour la reconstruction industrielle), sorte de holding d'État qui assure un contrôle transversal de l'économie.
L'Italie possède déjà la Libye, l'Érythrée, la Somalie Italienne. Elle revendique la Tunisie, la Corse, Nice, la Savoie, et la Somalie britannique.
Le 3 octobre 1935, l'Italie attaque l'Éthiopie.
Après la prise d'Addis-Abeba le 9 mai 1936, et devant l'absence de réactions de la SDN, Mussolini annexe officiellement l'Éthiopie et proclame le roi Victor-Emmanuel III empereur d'Éthiopie.
En avril 1936, l'Éthiopie fait partie, avec l'Érythrée et la Somalie italienne, d'une colonie unique, l'Afrique-Orientale italienne.
Cette aventure coloniale isole l'Italie sur la scène internationale, qui envisage dès lors un rapprochement avec l'Allemagne nazie, seule nation à reconnaître cette conquête.
Mussolini prône un rapprochement avec l'Allemagne nazie et une intervention aux côtés de Franco dans la guerre civile espagnole.
En septembre 1937, l'Italie annonce son adhésion au pacte Antikomintern signé par l'Allemagne et le Japon, en novembre 1936, puis elle quitte la SDN. Le 1er novembre 1937, la signature de l'axe Rome-Berlin scelle la naissance de l'Axe.
Lors des négociations des accords de Munich, en 1938, et, plus tard, lors du démembrement de la Tchécoslovaquie, Mussolini soutient totalement les exigences d'Hitler, annonçant la signature du pacte d'acieren mai 1939.
L'Italie s'implique dans la lutte espagnole, espérant y trouver un partenaire de choix pour le développement du fascisme en Europe. Mussolini envoie donc un grand nombre de volontaires, qui participent aux batailles de Málaga et de Santander, sur le front de Guadalajara, avant d'être battues par les républicains espagnols en mars 1937.
Ces engagements réveillent le mécontentement d'une partie de la population.
Mussolini décide pour conjurer cette crise de renforcer l'assise totalitaire du régime.
Les signes de durcissement sont multiples :
– Charte de la Race adoptée en 1938, suivie d'une législation antisémite en 1938, excluant les juifs de la vie politique et sociale. (Le rapprochement avec l'Allemagne hitlérienne est à l'origine de cet alignement sur l'antisémitisme nazi.) ;
– Abolition du vouvoiement, jugé trop bourgeois, au profit du tutoiement ;
– Introduction du pas romain ;
– Reprise de la lutte contre l'Église en 1938, suite à l'activisme de ses œuvres (écoles privées...) ;
– Création, en 1939, de la Chambre des faisceaux et des corporations, peuplées d'éléments sûrs et fidèles, qui remplace l'ancienne Chambre des députés.
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Doc. 3. Tableau représentant Benito Mussolini en compagnie d'Adolf Hitler |
Le fascisme italien se caractérise par un parti unique, le culte du chef, l'interdiction de toute opposition, et le contrôle total de l'État sur l'individu.
Le régime fasciste se renforce et se radicalise à partir de 1936 pour contrer la montée des résistances internes (Église, bourgeoisie), et pour confirmer son rapprochement avec l'Allemagne nazie. Ce rapprochement et les accords qui en découlent (pacte d'Acier) exacerbent l'agressivité italienne et conduisent le pays à la guerre en 1939.

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