Histoire des arts : les régimes totalitaires dans les années 1930

Staline est une œuvre du peintre russe Georgi Roublev (1902-1975). Il s’agit d’une huile sur toile réalisée en 1935. Restée cachée dans l’atelier de l’artiste, elle n’a été révélée au public qu’après sa mort. 

En 1917, la Russie tsariste bascule dans la révolution. Les Bolcheviks, représentés par Lénine, s’emparent du pouvoir. Membre influent dans la jeune URSS, Staline va parvenir à prendre la direction du pays après la disparition prématurée de Lénine en 1924. Au terme d’une longue bataille de succession, il écarte son rival Trotski qu’il fera d’ailleurs assassiner en 1940. Staline se place alors à la tête d’un pouvoir totalitaire, contrôlant avec vigilance et cruauté tout ce qui se passe en URSS.

L’œuvre de Roublev nous montre Staline, placé au centre, confortablement installé dans un fauteuil. Il tient entre les mains un journal intitulé La Pravda, qui veut dire « la vérité ». Il nous regarde avec un œil roublard et calculateur. À ses pieds, un chien étendu sur le sol nous fixe également avec froideur. Le peintre n’a utilisé que deux couleurs : le rouge pour le fond, symbole de la révolution, et le blanc pour Staline.

Si ce tableau est resté si longtemps caché, c’est qu’il est très éloigné de la forme des portraits officiels de Staline qui le montrent bienveillant à l’égard de son peuple. Le regard intriguant du dirigeant et les yeux durs du chien témoignent d’une politique extrêmement autoritaire : associé à une police qui lui est toute dévouée, Staline pratique les arrestations, les procès exemplaires et les exécutions sommaires dans le but de faire taire toute opposition. La presse elle-même, représentée par le journal tenu dans ses mains, est contrôlée. Les idées opposées à celles du dirigeant ne peuvent pas être publiées. Georgi Roublev dénonce donc avec force le régime totalitaire mis en place par Staline en URSS.

Le Parti et L’Armée sont deux statues sculptées par l’artiste allemand Arno Breker (1900-1991). Ces deux œuvres ont été réalisées en 1938. Elles ont été commandées pour orner la cour de la Nouvelle Chancellerie.

En 1933, Adolf Hitler est nommé chancelier en Allemagne. Après avoir interdit les partis d’opposition, il obtient les pleins pouvoirs. Le parti nazi devient le parti unique dans le pays. Son dirigeant peut ainsi imposer sa vision de l’avenir, exposée dans son livre Mein Kampf. La race allemande est supérieure aux autres ; les races inférieures ne doivent donc pas être mêlées au sang germanique. Un idéal physique est prôné, celui de l’Aryen.

Les sculptures d’Arno Breker obéissent à l’art officiel des nazis. Deux hommes athlétiques, aux muscles saillants, aux yeux fermés et aux sourcils froncés, portent une torche pour l’un, un glaive pour l’autre. Ils sont l’incarnation de l’Aryen : le sportif aux cheveux blonds et aux yeux bleus. Le style de ces sculptures n’est pas sans rappeler celui de l’art grec classique.

Selon Hitler, l’Aryen constitue un modèle physique qui doit protéger la race allemande. La torche représente l’esprit, le glaive la force. C’est donc par l’intelligence et par le combat que l’Allemagne peut soumettre ses pays voisins et dominer l’Europe entière.