Deux villes en Europe du 11e au 13e siècles : Tolède et Palerme
Même si au Moyen-âge, la population est très
majoritairement rurale, la croissance urbaine s’affirme
en Europe occidentale (voir fiche La population
européenne de l’Antiquité au 19e
siècle). Le contexte économique et
démographique plus favorable contribue à
expliquer cette croissance. Certaines de ces villes sont de
grands centres portuaires et commerciaux. C’est le cas en
Europe du Nord. D’autres, c’est le cas des villes
choisies ici, offrent des exemples de carrefours de
civilisations et de centres de contacts culturels.
1. Palerme
a. La Sicile normande et la cour royale de Palerme
En 1060, Robert Guiscard, un aventurier normand, et son
frère Roger arrivent tous les deux en Sicile. Ils
achèvent de conquérir l’île aux
Musulmans en 1091. Roger fonde sur l’île une
dynastie normande et son fils Roger II se
fait sacrer roi en 1130 à Palerme. Il unifie la
Sicile et l’Italie du Sud sous son autorité.
De grands programmes architecturaux sont lancés
afin de glorifier la dynastie. Souverain chrétien,
Roger II s’appuie sur une administration où
se mêlent les héritages grecs et
arabes.
Les compétences de chaque communauté sont utilisées et la ville tout comme le reste du royaume deviennent un lieu de rencontres entre cultures ainsi qu’un carrefour maritime entre les bassins occidental et oriental de la Méditerranée.
En 1168, à l’avènement de Guillaume II, cette tradition de tolérance se poursuit : la cour de Palerme rassemble, outre les vassaux du roi, les hommes politiques et des techniciens grecs, lombards, arabes et même anglais. Ibn Jubayr, voyageur musulman, reconnaît la bienveillance et la tolérance de ce roi chrétien. Il s’entoure de conseillers, de scientifiques mais aussi de médecins arabes ce qui révèle la confiance qu’il leur accorde.
Guillaume II, tout comme Frédéric II, petit-fils de Roger II et roi en 1198, savent lire, écrire et parler l’arabe, le grec et le latin. L’architecture même du palais révèle les influences et apports culturels extérieurs : la chapelle royale du palais est décorée de panneaux de marbre et de mosaïques à la mode byzantine ou d’éléments architecturaux hérités de la civilisation arabo-musulmane.
Les compétences de chaque communauté sont utilisées et la ville tout comme le reste du royaume deviennent un lieu de rencontres entre cultures ainsi qu’un carrefour maritime entre les bassins occidental et oriental de la Méditerranée.
En 1168, à l’avènement de Guillaume II, cette tradition de tolérance se poursuit : la cour de Palerme rassemble, outre les vassaux du roi, les hommes politiques et des techniciens grecs, lombards, arabes et même anglais. Ibn Jubayr, voyageur musulman, reconnaît la bienveillance et la tolérance de ce roi chrétien. Il s’entoure de conseillers, de scientifiques mais aussi de médecins arabes ce qui révèle la confiance qu’il leur accorde.
Guillaume II, tout comme Frédéric II, petit-fils de Roger II et roi en 1198, savent lire, écrire et parler l’arabe, le grec et le latin. L’architecture même du palais révèle les influences et apports culturels extérieurs : la chapelle royale du palais est décorée de panneaux de marbre et de mosaïques à la mode byzantine ou d’éléments architecturaux hérités de la civilisation arabo-musulmane.
b. Une ville prospère
La ville de Palerme jouit, grâce à sa
situation de carrefour, d’une activité
forte et le 12e siècle peut
être considéré comme
l’âge d’or de la cité. De
nombreux voyageurs témoignent de la richesse de
la ville et de la splendeur du Cassaro, le quartier
du palais et de l’ancienne ville forte.
L’activité marchande des faubourgs est
incessante : ils contiennent un grand nombre
d’hôtelleries, de boutiques et de
marchés. L’originalité de la ville
réside aussi dans la présence de
très nombreux jardins, de parcs
traversés par des canaux.
Palerme est l’un des principaux ports de commerce méditerranéen au 12e siècle. A proximité immédiate du port sont implantés des établissements génois et les galères commerciales parcourent aussi bien l’ouest méditerranéen, de Gênes jusqu’à Alméria, que le bassin oriental, de Venise jusqu’à Constantinople ou Alexandrie.
Les activités commerciales sont très diversifiées. On importe des tissus venant de France, des soieries du monde arabe et on exporte les productions locales : le sel marin, exploité le long des côtes et très demandé en Europe, le soufre venant du centre de l’île ou encore les céréales et le vin.
De ce fait, Palerme est également une place d’affaires non négligeable en Méditerranée.
Palerme est l’un des principaux ports de commerce méditerranéen au 12e siècle. A proximité immédiate du port sont implantés des établissements génois et les galères commerciales parcourent aussi bien l’ouest méditerranéen, de Gênes jusqu’à Alméria, que le bassin oriental, de Venise jusqu’à Constantinople ou Alexandrie.
Les activités commerciales sont très diversifiées. On importe des tissus venant de France, des soieries du monde arabe et on exporte les productions locales : le sel marin, exploité le long des côtes et très demandé en Europe, le soufre venant du centre de l’île ou encore les céréales et le vin.
De ce fait, Palerme est également une place d’affaires non négligeable en Méditerranée.
c. Une cohabitation des populations
Même s’il existe des périodes de
tensions entre populations (à la mort de Guillaume
II par exemple), les différentes
communautés vivent le plus souvent en
harmonie. Les musulmans présents
dans certains faubourgs ont leurs mosquées. Ils
pratiquent librement le commerce dans les nombreux souks
de la ville et ont même leur cadi, juge
spécifique.
La communauté juive est également installée à Palerme, ils ont leurs lieux de culte et dynamisent l’activité commerciale de la ville. Les chrétiens, à l’image des souverains, s’inspirent beaucoup des musulmans : l’architecture religieuse, la mode vestimentaire, notamment chez les femmes, en témoignent. Les riches parures de ces femmes chrétiennes, les étoffes de soies brochées d’or révèlent l’attrait de la culture musulmane.
La communauté juive est également installée à Palerme, ils ont leurs lieux de culte et dynamisent l’activité commerciale de la ville. Les chrétiens, à l’image des souverains, s’inspirent beaucoup des musulmans : l’architecture religieuse, la mode vestimentaire, notamment chez les femmes, en témoignent. Les riches parures de ces femmes chrétiennes, les étoffes de soies brochées d’or révèlent l’attrait de la culture musulmane.
2. Tolède
a. Une situation particulière
Tolède est située au centre de
l’Espagne, terre enjeu de luttes entre
civilisations musulmane et chrétienne. La ville
est prise par les Musulmans en 711 et
intégrée au califat de Cordoue. Sa
situation stratégique en Espagne, sur un
promontoire rocheux et sur le Tage en font un objectif
majeur de la reconquista chrétienne. La
ville est reprise en 1085 par Alphonse VI et reste par la
suite terre chrétienne. Cependant la
longue présence musulmane marque
l’histoire de la cité.
b. Un grand centre intellectuel en Europe
Tolède est réputée dans toute
l’Europe pour sa vie intellectuelle intense.
La présence arabo-musulmane a offert à la
ville de grandes bibliothèques avec des ouvrages
grecs d’Aristote et de Platon, des textes de
savants juifs et musulmans comme Averroès.
Des traducteurs chrétiens viennent de tout l’occident pour traduire en latin ces ouvrages et les faire connaître dans leur pays : c’est le cas par exemple de Daniel de Morley qui vient d’Angleterre pour y séjourner et découvrir la richesse culturelle de la ville. Avant la reconquête chrétienne, de nombreux savants musulmans y vivent : des mathématiciens et des physiciens comme Ibn Al Djallab, des astronomes, des médecins comme Ibn Dumunguh.
L’occident catholique va aussi bénéficier de l’avance de la science dans de nombreux domaines. En témoigne par exemple l’apport des techniques d’irrigation dans le domaine de l’agriculture.
Des traducteurs chrétiens viennent de tout l’occident pour traduire en latin ces ouvrages et les faire connaître dans leur pays : c’est le cas par exemple de Daniel de Morley qui vient d’Angleterre pour y séjourner et découvrir la richesse culturelle de la ville. Avant la reconquête chrétienne, de nombreux savants musulmans y vivent : des mathématiciens et des physiciens comme Ibn Al Djallab, des astronomes, des médecins comme Ibn Dumunguh.
L’occident catholique va aussi bénéficier de l’avance de la science dans de nombreux domaines. En témoigne par exemple l’apport des techniques d’irrigation dans le domaine de l’agriculture.
c. Une ville où cohabitent les
différentes civilisations
La ville témoigne d’un réel
syncrétisme religieux, c'est-à-dire
un apport réciproque des différentes
civilisations donnant naissance à une culture
originale. La présence des chrétiens
dans la ville existait déjà avant la
conquête arabe du 8e siècle. Sous
le califat de Cordoue, certains demeurent à
Tolède et adoptent un style de vie oriental avec
des rites religieux particuliers. Pour désigner
ces chrétiens, on utilise le terme de
Mozarabes.
Comme à Palerme, la communauté juive est présente dans la ville. Les Juifs ont des quartiers spécifiques au cœur de la cité, Judéria, et à l’ouest, Madina-al-Yahud, l’ancien quartier. Avec les Mozarabes, ce sont les intermédiaires privilégiés des échanges culturels et scientifiques avec les populations arabes.
Enfin la présence musulmane marque la ville. Le principal témoin de l’art califal est la mosquée de briques rouges Bab-Al-Mardoum qui devient après la reconquête l’Eglise San Christo de la Luz. Certains musulmans, après cette reconquête, vont rester à Tolède, mêmes s’ils sont peu nombreux. Ces Mudejars, musulmans restés en terre chrétienne, sont à l’origine d’un art architectural mêlant les différentes influences et symbolisant le mélange des cultures. Le style mudéjar est particulièrement visible à travers les églises paroissiales ou les couvents de la ville.
Comme à Palerme, la communauté juive est présente dans la ville. Les Juifs ont des quartiers spécifiques au cœur de la cité, Judéria, et à l’ouest, Madina-al-Yahud, l’ancien quartier. Avec les Mozarabes, ce sont les intermédiaires privilégiés des échanges culturels et scientifiques avec les populations arabes.
Enfin la présence musulmane marque la ville. Le principal témoin de l’art califal est la mosquée de briques rouges Bab-Al-Mardoum qui devient après la reconquête l’Eglise San Christo de la Luz. Certains musulmans, après cette reconquête, vont rester à Tolède, mêmes s’ils sont peu nombreux. Ces Mudejars, musulmans restés en terre chrétienne, sont à l’origine d’un art architectural mêlant les différentes influences et symbolisant le mélange des cultures. Le style mudéjar est particulièrement visible à travers les églises paroissiales ou les couvents de la ville.
L'essentiel
Palerme et Tolède témoignent de la richesse
créée par les contacts entre civilisations.
Grande cité commerciale, la ville de Palerme a
bénéficié de la grande tolérance
des rois normands pour rayonner dans tout le bassin
méditerranéen. Tolède, grand centre
intellectuel et de traduction, a conservé les traces
d’une culture originale par son architecture. La ville
est d’ailleurs depuis 1986 classée au patrimoine
mondial de l’Unesco.

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