1. Une gauche forte mais divisée
a. L'audience du parti communiste
Le premier parti à profiter du conflit est le Parti
communiste. Son rôle dans la Résistance et l'ampleur
de l'effort de guerre consenti par l'Union soviétique
contribuent à donner du mouvement communiste une image
positive. Son audience est considérablement accrue par
rapport à avant-guerre puisque le parti communiste
représente, au lendemain immédiat de la Seconde
Guerre mondiale, 25 à 30 % de l'électorat.
L'opinion publique tire un trait sur le passé, à
savoir le Pacte germano-soviétique
d'août 1939.
Sont oubliées également les tentatives –
vaines – de certains dirigeants communistes, entre
juin 1940 et juin 1941, d'obtenir des autorités
allemandes la reparution de L'Humanité, quotidien
communiste interdit en même temps que le PCF
lui-même. Si Maurice Thorez se voit parfois reprocher
d'avoir passé la guerre à Moscou, nombreux sont les
dirigeants du parti communiste à s'être
distingués dans la Résistance intérieure. De
même, une partie des militants communistes a basculé
dans la Résistance dès la défaite
française de 1940.
b. Le socialisme renouvelé
Là encore, la participation d'un certain nombre de
militants socialistes aux mouvements de résistance
contribue à valoriser la SFIO dont le principal dirigeant,
Léon Blum, sort auréolé de sa
déportation en Allemagne, après le procès de
Riom, organisé par le gouvernement de Vichy. Mais surtout,
le socialisme attire de nouveaux hommes, issus de la
Résistance. C'est le cas par exemple de François
Mitterrand, issu du centre droit. Mais ces hommes ne se
reconnaissent guère dans la SFIO qui leur apparaît
vieillissante et développent, à sa marge, de
nouveaux partis politiques qui
« grignotent » progressivement son audience
électorale.
2. Les difficultés de la droite
a. Une partie de la droite est disqualifiée
A droite, la situation est moins stable qu'à gauche. En
effet, si une partie de la droite chrétienne s'est
investie dans la Résistance, une autre partie a
considéré que Vichy défendait des valeurs
proches des siennes (la famille ou les valeurs religieuses par
exemple). C'est pourquoi cette droite traditionnelle se trouve
déchirée au lendemain de la guerre. Certains de ses
représentants bénéficient, à titre
personnel, d'une bonne image, mais ne participent plus aux
affaires nationales. C'est le cas d'Antoine Pinay qui doit
attendre le début des années 1950 pour revenir
au pouvoir. D'autres représentants de cette droite
traditionnelle, largement compromis avec Vichy, subissent
l'épuration. Plus généralement, cette partie
de la droite, ayant composé directement ou indirectement
avec Vichy, n'incarne plus une alternative crédible
auprès des électeurs qui lui
préfèrent de nouvelles forces politiques et
attendent de profonds changements dans la société
française.
b. MRP et gaullisme : des tentatives de revitalisation de la
droite
A l'inverse de cette partie de la droite, disqualifiée par
ses compromissions, le courant résistant de la droite
prend toute sa place sur l'échiquier politique. C'est la
naissance du MRP qui rassemble la droite traditionnelle issue de
la Résistance. D'abord allié à la gauche, au
sein du tripartisme, ce courant de droite acquiert finalement son
autonomie.
Mais le courant jacobin, empreint d'une certaine conception de
l'Etat, appartient aussi à la droite. Volontiers
qualifié de réactionnaire, ce courant trouve dans
le général De Gaulle une figure
emblématique à la fois appréciée des
électeurs et probe. C'est à partir de ce courant
que s'organise le parti gaulliste, mélange finalement des
idéaux d'une partie de la droite et, pour une part
essentielle, des proches du général De Gaulle,
issus de la France libre.
L'essentiel
La Seconde Guerre mondiale est l'occasion d'un profond
renouvellement des forces politiques françaises. A
gauche, le PCF devient ainsi la première force tandis
que des hommes nouveaux contestent la prééminence
de la SFIO (Section Française de l'Internationale
Ouvrière). A droite, où nombreux sont ceux
disqualifiés par leur participation à Vichy, MRP
(Mouvement Républicain Populaire) et gaullisme apportent
une revitalisation nécessaire.