1. Les bouleversements de la société
a. L'évolution des structures démographiques
La France d'après-guerre connaît un accroissement
naturel important : les taux de natalité et de
mortalité sont respectivement de 21 pour mille
et 13,4 pour mille en 1946. Malgré cela,
sur le long terme, la France vieillit. On observe dès les
années 1960 un retour du taux de natalité
à environ 14 pour mille, ce qui s'explique en
partie par une chute de la fécondité ;
parallèlement, le taux de mortalité continue de
diminuer alors que l'espérance de vie croît.
Entre 1946 et 1975, la population française a
augmenté de 12 millions d'habitants.
Après 1945, l'immigration reprend et
s'accélère entre 1954 et 1974.
b. La « fin des paysans »
L'agriculture est entrée dans une phase
d'équipement rapide dont le tracteur est le symbole. Le
stock de tracteurs est passé de 56 500 en 1946
à 1 150 000 en 1975, les
moissonneuses-batteuses se sont multipliées (185 000
en 1973). Dans le même temps, l'utilisation des
engrais s'est largement répandue. Ces changements
permettent une augmentation des rendements et une diminution de
la quantité de travail nécessaire. Entre 1955
et 1975 la part des agriculteurs dans la population active a
été pratiquement divisée par trois, reculant
de 27 % à 9,5 %. Cela se traduit par
l'accélération de l'exode rural. En revanche, le
salariat occupe une part de la population active de plus en plus
importante : en 1983, les salariés
représentent 83 % des actifs, contre 63 %
en 1954. Mais le salariat n'est pas uniforme et le clivage
entre OS non qualifiés et « blouses
blanches » se creuse.
c. Les transformations et l'amélioration des modes de vie
La situation de pénurie héritée de la guerre
dura jusqu'en 1949 (fin du rationnement). Sur la
période 1949-1976, le pouvoir d'achat des
Français a beaucoup augmenté parce que la hausse
des prix a été inférieure à celle des
salaires. Le pouvoir d'achat d'un ouvrier a été
multiplié par 3,2 de 1949 à 1976.
La société de consommation se développe et
le premier hypermarché est créé à
Sainte-Geneviève-des-Bois en 1963. Grâce au
crédit, de nombreux ménages peuvent accéder
à la propriété et aux symboles de cette
nouvelle société « automobile et
télévision ». Les loisirs et les
vacances se sont généralisés et
étendus : on a droit à quatre semaines de
congés payés en 1962, contre trois
en 1957.
2. Les transformations culturelles de la croissance
a. Les progrès sociaux
En 1945, la Sécurité sociale harmonise les
assurances sociales créées dans
l'entre-deux-guerres (1928, 1930). Or ce système,
grâce au remboursement des dépenses de santé,
a permis à tous de se soigner et a contribué,
ainsi, à l'allongement de la durée de vie moyenne.
La vieillesse et le chômage sont eux aussi progressivement
pris en charge.
b. Enseignement de masse
L'ensemble des établissements publics du second
degré accueillait 740 000 élèves
en 1946-1947 et 3 982 300 en 1975-1976. Ce
gonflement suit, avec un léger décalage, dans les
universités. Derrière cette augmentation, il y a
l'attente sociale des Français pour qui l'instruction
semblait la clef de la promotion sociale. Les dépenses de
l'Etat en matière d'éducation passent donc de
7 % du budget en 1950 à 17 % en 1967.
c. Culture de masse et nouvelles sensibilités
Le « droit à la culture » figure
dans la Constitution de 1946 et, outre des réussites
telles que celles de Jean Vilar avec le TNP (Théâtre
National Populaire), l'Etat joue son rôle dans ce projet.
André Malraux, alors ministre des Affaires culturelles,
crée les Maisons de la culture et initie de grands
projets.
La télévision devient un des principaux
médias puisque le nombre des récepteurs est
passé de 650 000 en 1957
à 17 500 000 en 1981, alors que le
nombre de billets de cinéma vendus a chuté de
236 millions dans la même période.
Parallèlement, la presse participe au développement
de cette culture de masse ainsi que le livre qui se
démocratise avec, notamment, l'apparition en 1953 du
Livre de Poche.
L'essentiel
Pendant presque trente ans, la France a connu une
augmentation de la production de 5 % par an, un pouvoir
d'achat croissant, un plein emploi et des taux
d'intérêt très faibles. Cette
période des « Trente Glorieuses »
a largement contribué à la naissance d'une France
nouvelle : celle du baby-boom, de la consommation et de la
culture de masse, de l'assurance chômage et des cinq
semaines de congés payés. Nouvelle, la France le
fut aussi par les transformations sociales qu'elle
connut : la « fin des paysans » et
le développement du salariat.