Un régime entre sursaut et agonie
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1. Pinay et le retour de la droite au pouvoir
a. Le retour de la droite
Avec les gouvernements dirigés par Antoine Pinay
(mars-décembre 1952) puis par ses successeurs
René Mayer et Joseph Laniel, la droite revient au pouvoir
pour la première fois depuis la Libération. Antoine
Pinay est investi par une majorité de centre-droit
comprenant le MRP – Mouvement Républicain Populaire
–, les modérés, des radicaux, et des
gaullistes du RPF – Rassemblement de Peuple
Français. Le mouvement gaulliste cesse d'être alors
une force d'opposition, certains députés acceptant
de participer à la majorité. En 1953, le
général de Gaulle prend acte de cette
défection et dissout le RPF.
b. Une politique économique libérale
Antoine Pinay (1891-1994) symbolise le Français moyen ; ce
petit patron est très populaire et inspire confiance.
Partisan du libéralisme, il a pour objectif de restaurer
les grands équilibres économiques de la France.
Profitant d'une conjoncture économique favorable, il
parvient à redresser le franc et à stabiliser les
prix. Cette politique de déflation est poursuivie par
René Mayer et Joseph Laniel, mais la rigueur salariale
entraîne des mouvements sociaux très durs
en 1953 (quatre millions de grévistes dans les
entreprises publiques).
c. Les problèmes internationaux
La majorité de centre-droit s'accorde sur la politique
économique mais se divise sur les problèmes
extérieurs. La ratification du traité de la CED
(Communauté Européenne de Défense) suscite
un affrontement durable au sein de la majorité. Ce projet
d'armée européenne est accepté par le MRP,
et rejeté par le PCF et les gaullistes, qui y voient une
atteinte à la souveraineté nationale. Les autres
partis (socialistes, radicaux, modérés) sont
divisés. L'élection présidentielle
de 1953, qui se déroule en pleine querelle de la CED,
reflète ces divisions, puisqu'il faut 13 tours de scrutin
pour élire René Coty, peu connu, et resté
neutre sur la CED.
Les problèmes coloniaux achèvent de diviser la majorité. Des troubles graves éclatent au Maroc et en Tunisie, mais surtout l'armée française subit en Indochine la terrible défaite de Dien Bien Phu le 7 mai 1954. Face à la gravité de la situation, la majorité est affaiblie et le gouvernement Laniel est renversé.
Les problèmes coloniaux achèvent de diviser la majorité. Des troubles graves éclatent au Maroc et en Tunisie, mais surtout l'armée française subit en Indochine la terrible défaite de Dien Bien Phu le 7 mai 1954. Face à la gravité de la situation, la majorité est affaiblie et le gouvernement Laniel est renversé.
2. L'« expérience » Mendès
France (juin 1954-février 1955)
a. Un nouveau style de gouvernement
L'investiture du radical Pierre Mendès France en
juin 1954 semble donner un nouveau souffle à la
IVe République. L'expérience
Mendès France tranche avec la pratique politique
établie depuis la Libération, en proposant un
nouveau style de gouvernement. Il cherche à se
dégager de la tutelle des partis, s'adresse directement
aux Français par la radio. Son dynamisme lui vaut une
grande popularité, entretenue par le magazine
L'Express.
b. Les initiatives du nouveau gouvernement
Pierre Mendès France, dont la devise est
« gouverner, c'est choisir », parvient
à régler d'importantes questions qui paralysaient
la vie politique. Il négocie tout d'abord la paix en
Indochine par les accords de Genève le 20
juillet 1954. Il accorde ensuite l'autonomie interne
à la Tunisie par les accords de Carthage le 31
juillet 1954. Enfin, il règle la lancinante question
de la CED en laissant l'Assemblée nationale enterrer le
projet le 30 août 1954.
c. La chute de Mendès France
Les initiatives du président du Conseil irritent de plus
en plus les parlementaires. La droite lui reproche d'avoir
bradé l'Empire, le MRP ne lui pardonne pas l'échec
de la CED. Malgré sa forte popularité dans le pays,
Mendès France est isolé et l'Assemblée
renverse son gouvernement le 6 février 1955.
L'échec de cette tentative plonge définitivement la IVe République dans l'impuissance.
L'échec de cette tentative plonge définitivement la IVe République dans l'impuissance.
3. Le renouveau impossible
a. La politique d'Edgar Faure
Le radical Edgar Faure prend la succession de Mendès
France. Il revient à une pratique nettement plus
traditionnelle du pouvoir politique. Il accepte de
négocier avec les partis le choix de ses ministres. Mais
sa politique est proche de celle de son
prédécesseur : poursuite des
négociations en Tunisie et au Maroc, fermeté en
Algérie face au Front de Libération Nationale,
décidé à obtenir l'indépendance de
l'Algérie par la lutte armée.
Mais Edgar Faure se heurte à une crise de confiance dans le régime, qui se manifeste par un double mouvement : le poujadisme et le mendésisme.
Mais Edgar Faure se heurte à une crise de confiance dans le régime, qui se manifeste par un double mouvement : le poujadisme et le mendésisme.
b. La montée des oppositions
Le poujadisme doit son nom à Pierre Poujade, papetier
à Saint-Céré dans le Lot, qui crée en
novembre 1953 l'UDCA (Union de Défense des
Commerçants et Artisans). Ce mouvement est né du
malaise des petits commerçants et artisans face à
la modernisation économique et aux contrôles
fiscaux. Rapidement, le poujadisme s'en prend au régime
politique et reprend des thèmes d'extrême
droite : antiparlementarisme, nationalisme,
antisémitisme.
Le mendésisme est une autre manifestation du mécontentement des Français. Mendès France prend en main le parti radical en 1955, et regroupe autour de lui des personnalités issues d'horizons très divers : socialistes, syndicalistes, chrétiens de gauche, intellectuels, et beaucoup de jeunes. Le courant catalyse ainsi des aspirations diverses, et montre le besoin de rénovation éprouvé par l'opinion publique.
Le mendésisme est une autre manifestation du mécontentement des Français. Mendès France prend en main le parti radical en 1955, et regroupe autour de lui des personnalités issues d'horizons très divers : socialistes, syndicalistes, chrétiens de gauche, intellectuels, et beaucoup de jeunes. Le courant catalyse ainsi des aspirations diverses, et montre le besoin de rénovation éprouvé par l'opinion publique.
c. La chute d'Edgar Faure et la formation du gouvernement Guy
Mollet
Edgar Faure, inquiet de la montée du mendésisme,
décide de dissoudre la chambre en
décembre 1955. Les élections
législatives montrent la poussée du poujadisme,
mais donnent la victoire à la gauche du « front
républicain ». Le socialiste Guy Mollet est
désigné président du Conseil.
Son gouvernement (janvier 1956-mai 1957) est marqué par une politique sociale généreuse (octroi d'une troisième semaine de congés payés, création du Fonds national de solidarité pour la retraite des vieux travailleurs), mais aussi par une politique européenne dynamique (signature du traité de Rome le 25 mars 1957), et par une politique coloniale libérale, sauf en Algérie : la Tunisie et le Maroc accèdent à l'indépendance en mars 1956.
L'aggravation de la situation en Algérie (envoi du contingent, usage de la torture) provoque la division de la majorité et la chute du gouvernement Mollet.
Le régime politique paraît paralysé, bientôt la IVe République est à l'agonie.
Son gouvernement (janvier 1956-mai 1957) est marqué par une politique sociale généreuse (octroi d'une troisième semaine de congés payés, création du Fonds national de solidarité pour la retraite des vieux travailleurs), mais aussi par une politique européenne dynamique (signature du traité de Rome le 25 mars 1957), et par une politique coloniale libérale, sauf en Algérie : la Tunisie et le Maroc accèdent à l'indépendance en mars 1956.
L'aggravation de la situation en Algérie (envoi du contingent, usage de la torture) provoque la division de la majorité et la chute du gouvernement Mollet.
Le régime politique paraît paralysé, bientôt la IVe République est à l'agonie.
L'essentiel
Entre 1952 et 1957, plusieurs expériences politiques sont tentées : retour de la droite avec Antoine Pinay, nouveau style gouvernemental sous le gouvernement du radical Pierre Mendès France. Mais l'impuissance du régime et son instabilité sont évidentes, et de nouvelles oppositions naissent, comme le poujadisme. C'est surtout l'aggravation du problème algérien qui plonge le régime dans une crise dont il ne se remettra pas.
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