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Les hommes existent-ils de la même façon que les choses ?

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Si nous pouvons parler des hommes et des choses, c’est parce qu’ils ont une réalité tangible incontestable, alors même qu’ils auraient très bien pu ne pas être. Cependant, nous ne comprendrions pas que l'on assimile un homme à une chose, ou qu'on leur attribue la même valeur. Même le criminel le plus cruel ne peut être destitué de son statut d'être humain. Il existe donc entre les choses et les êtres humains une distinction essentielle.
Mais sur quoi fonder cette différence ? Pourquoi semble-t-il légitime d'accorder davantage de valeur aux hommes qu'aux choses ? Le seul fait d'exister, d'être réelles, ne confère pas en effet aux choses une dimension d'exceptionnalité.

1. Ce que les choses et les hommes ont en commun
a. Ce sont des réalités existantes
Le mot « chose » a une signification très large et, dans le langage courant, il est utilisé pour renvoyer à toutes sortes d’êtres. Mais, quelle que soit la nature de ces choses, elles correspondent chacune à une réalité concrète et particulière. « Chose » vient en effet du latin res qui a donné en français le mot « réalité ». À la chose appartient donc l’être : une chose est, par opposition au néant qui, lui, par définition n’est pas.
On entend donc ici par le terme d'« existence » le simple fait d’être par opposition à tout ce qui n’est pas. En ce sens très large, on peut donc affirmer que les choses et les hommes sont : ils existent, puisqu’on peut saisir leur réalité au moyen de nos sens.
b. Leur existence est finie et temporelle
Rien dans le monde ne peut être jugé comme éternel – si ce n'est Dieu, encore faut-il croire en son existence. Tout est soumis au changement et au passage. Certaines choses peuvent néanmoins avoir une existence très longue (les montagnes existent depuis des millions d’années) qui excède de très loin celle de l’homme. Mais la nature est soumise au rythme du devenir et au changement perpétuel.
Ainsi, pour Platon tout ce qui est dans la nature a un mode d’être fluctuant et passager. Pour lui, seules les Idées ont un être permanent échappant au mouvement. L’homme ne fait pas exception : il est par nature un être éphémère et transitoire. La finitude le caractérise : son existence est finie, limitée par la naissance et la mort. L’homme, sur terre, ne fait que passer, exactement comme les choses. Quand bien même il le voudrait, jamais il ne pourra échapper à cette fragilité de l’existence et accéder à l’éternité.
Cependant, si l'homme se détermine par la réalité et la finitude, on ne peut pas dire toutefois qu'il se réduit à ces deux caractéristiques.

2. Les hommes se différencient des choses
a. Le mode d’être de la chose : factualité et immédiateté
Une chose existe sans avoir conscience d'exister : elle est, mais elle ne sait pas qu’elle est. Une plante naît, se nourrit, croit et meurt, mais elle ne sait pas qu’elle est soumise à ce processus de vie. Il en est de même pour les choses matérielles, que l'homme a fabriquées.
Hegel dit ainsi que « les choses de la nature n’existent qu’immédiatement et d’une seule façon tandis que l'homme, parce qu'il est esprit, a une double existence ; il existe d'une part au même titre que les choses de la nature, mais d'autre part il existe pour soi, il se contemple, il se représente à lui-même, se pense et n'est esprit que par cette activité qui constitue un être pour soi. » (Esthétique, 1832). On parlera alors de « factualité » pour désigner le fait que les choses sont là, un point c’est tout.
b. Le mode d’être de l’homme : conscience et relation à soi
Il en est tout autrement pour l’homme, ainsi que l'exprime Hegel : l’homme ne se contente pas d’être dans une situation particulière, il a conscience de celle-ci et a rapport avec elle. Cette conscience lui permet de se représenter lui-même et de réfléchir à ce qu’il est et à ce qu’il veut être. Pour désigner ce mode d’existence de l’homme, Hegel parle d’« être pour soi » : il désigne ainsi le fait pour un être de se rapporter à soi et de revenir, dans une sorte de circularité, à lui-même.

Être conscient, c'est par conséquent savoir que l'on est. La notion de « conscience » recouvre plusieurs perspectives. En effet, la conscience humaine peut être définie selon quatre modalités :

• Elle est conscience de soi : l’homme sait qu’il existe et se considère comme un individu distinct de tous les autres, maître de ses décisions et de ses actions.

• Elle est conscience des autres : l’homme ne peut vivre refermé sur lui-même et toute existence humaine implique d’instituer des rapports avec autrui. Ces relations formant la possibilité d’une communauté où la vie est organisée selon des lois.

• Elle est conscience du monde extérieur : l’homme est ouvert sur le monde qui l’entoure et il est, selon l'expression de Heidegger « jeté dans le monde ». L'homme se différencie ainsi des autres réalités parce qu'il a conscience d'appartenir au monde, d'une part, et parce qu'il se sait mortel d'autre part.

• Elle est conscience du temps : l’homme ne vit pas dans l’immédiat, mais se rapporte à la fois au passé (par le souvenir) et au futur (par les projets qu’il forme). Il excède toujours le présent et est sans cesse tourné vers ce qui n’est plus ou vers ce qui n’est pas encore.

L’homme existe donc d’une façon beaucoup plus complexe et multiforme que les choses. Ne peut-on pas ajouter qu’il est le seul à exister ?

3. La chose est, alors que l’homme existe
a. L’existence est une notion proprement humaine
Nous avons jusque-là tenu le terme d'« exister » pour un équivalent d’« être ». Cependant, la notion d’existence excède radicalement celle d’essence. Ex-sister, si l'on se réfère à l'étymologie, c’est « être hors de » (ex en latin), ne pas coïncider avec soi-même. L’homme n’est jamais où on l’attend et ne coïncide jamais pleinement avec lui-même.
Sartre, dans L’existentialisme est un humanisme, en examinant la notion de nature humaine, affirme que chez l’homme, « l’existence précède l’essence ». L’homme existe d’abord, pour définir ensuite ce qu'il est. On ne peut donc, selon Sartre, donner une définition de la nature, ou de l'essence humaine : l'homme, originellement, n'est rien. Ce qu'il fera de sa vie (de son existence) déterminera ce qu'il est. C'est précisément parce qu'il n'est rien à la naissance que l'homme est « condamné à être libre » : ses choix, ses actes vont faire de lui ce qu'il deviendra.
b. L’homme est libre, alors que la chose est déterminée
Une chose n’a pas la capacité de choisir la direction de ses actions. Aucune possibilité ne lui est laissée de changer la direction du mouvement qu’une force extérieure a imprimé sur elle. La pierre qui dévale une pente obéit à des lois physiques ; elle ne peut choisir de continuer de se mouvoir ou de faire cesser le mouvement.
L’homme, au contraire, a la capacité d’être à l’origine de ses actions. Il est libre, c'est-à-dire qu’il peut faire des choix et agir en fonction de ce qu’il a décidé de faire. Sartre montre, ainsi que nous venons de l'évoquer, qu’il n’y pas de déterminisme pour l’homme. L’homme a le pouvoir de décider de ce qu’il veut faire de sa propre existence.
La liberté est au fondement de la morale, comme l’explique Kant : seul un être libre de choisir ses actions pourra être loué ou sanctionné d’avoir bien ou mal agi. L’on doit donc du respect aux hommes et non pas aux choses. Seul l'homme, parce qu'il est libre, est en même temps « responsable » : il a en effet à « répondre » de ses actes. Seul l’homme ouvre la possibilité d’un monde marqué par des valeurs morales.

Pour aller plus loin
Sartre, L’existentialisme est un humanisme (1946) : l’homme est un être libre et non déterminé pour lequel « l’existence précède l’essence ». Analyse détaillée de la notion d’existence.

Kant, Fondements de la métaphysique des mœurs (1785) : l’homme doit être considéré comme un être libre, et digne de respect. Explication des fondements de la morale.

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