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Critique de la raison pure, Introduction à la seconde édition, Kant

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Edition Quadrige, Traduction Tremesaygues et Pacaud,
p. 31 « Que toute notre connaissance commence avec l’expérience (…) qui nous ait appris à l’en séparer ».

1. Présentation du texte
a. Remarque 
Ce texte nous introduit dans la philosophie transcendantale de Kant en séparant radicalement deux niveaux dans la connaissance, une connaissance empirique se fondant sur la sensibilité et une connaissance pure se fondant sur l’exercice de l’entendement.
 
Tenant compte de la thèse des empiristes selon laquelle toute notre connaissance dérive passivement de nos sens, Kant la modifie en y ajoutant une dimension active propre à l’esprit humain. Le fondement de la connaissance est synthétique puisqu’il est double : à la passivité de sens, il est nécessaire d’y ajouter l’activité de l’entendement. Ce fondement est donc à la fois empirique et transcendantal : telle est l’originalité de la critique kantienne, se tenant entre l’idéalisme et l’empirisme, entre l’expérience sensible et l’idéal.
b. Objet, problème et thèse du texte
  • Objet du texte : il s’agit de définir l’expérience constitutive de la connaissance humaine. Kant va montrer que l’expérience ne peut pas être seulement empirique au sens de sensible et de passive. Elle présuppose logiquement une activité de l’esprit sans quoi aucune connaissance ne serait possible. Toutefois il s’agit de superposer ces deux niveaux sans les opposer.
  • Problème soulevé par le texte : quel est le fondement de notre connaissance ? Plus précisément, comment définir le statut de l’expérience à partir d’où la connaissance commence (temporellement) et sur laquelle la connaissance se fonde (logiquement) ?
  • Thèse proposée par l'auteur : pour répondre à la question du fondement de notre connaissance, Kant envisage d’abord son origine chronologique puis son fondement logique. Il sépare ainsi deux niveaux de questionnement lui permettant de discerner la matière et la forme de notre connaissance. Tandis que  la première est totalement empirique (matérielle), la seconde est totalement pure (formelle) c’est-à-dire indépendante de l’expérience précisément.
2. Principales étapes de l’argumentation

On peut dégager deux points de vue : le premier point du vue est chronologique et le second est logique. Il s’agit de faire dériver la relation entre l’expérience et la connaissance de deux sources, l’une étant chronologique et l’autre logique et/ou transcendantale.  

a. Chronologiquement, notre connaissance commence avec l’expérience

« Que toute notre connaissance commence avec l’expérience, cela ne fait aucun doute » Ce qui veut dire que la connaissance débute ou prend sa source uniquement dans l’expérience. Ainsi Kant confirme l’empirisme qui considère que rien n’est dans l’intellect qui n’ait d’abord été dans les sens. L’expérience  est définie comme expérience sensible, elle affecte le sujet en ce sens qu’elle lui donne des objets empiriques pour sa réflexion. Elle « frappe nos sens » en ce qu’elle affecte notre sensibilité et ainsi elle est au point de départ de toute pensée en mettant en mouvement notre intellect. Sans expérience, la connaissance n’aurait jamais commencé d’exister puisqu’elle n’aurait jamais eu d’objets à connaître.

Mais l’expérience ne se réduit pas à sa dimension purement affective. Kant la définit en deux sens : au début de l’alinéa, elle désigne l’expérience empirique c’est-à-dire celle de nos sens, elle est donc purement réceptive et passive. Alors qu’il précise ensuite : « celle qu’on nomme expérience », sous-entendu celle que la philosophie critique reconnaît comme la véritable expérience, n’est plus seulement passive puisqu’elle « compare, lie ou sépare ces représentations et travaille ainsi la matière brute des impressions sensibles pour en tirer une connaissance des objets ». Là se trouve toute l’originalité de la définition kantienne de l’expérience : elle n’est pas seulement sensible mais « synthèse » de la sensibilité et de la faculté intellectuelle, cette dernière étant l’entendement, faculté de juger en appliquant un concept à un objet.

Autrement dit, la connaissance est impensable sans un objet d’expérience que le sujet reçoit par les sens mais elle n’est possible qu’à la condition que le sujet dispose cet objet, le mette en forme par ses concepts.

Exemple : affirmer que la craie est blanche, c’est faire la synthèse entre sa matière brute qui m’affecte et lui appliquer une catégorie (forme de la pensée), ici une qualité qui est la blancheur, ne pouvant résider dans les sens mais dans l’esprit ayant préalablement rapproché des couleurs semblables en les nommant « blancheur ».

Par conséquent l’expérience a deux sens : empiriquement elle signifie la matière de notre connaissance et idéalement elle est synthèse entre la sensibilité et l’entendement. Toutefois, Kant maintient l’origine totalement empirique de notre connaissance : tout commence avec l’expérience sensible.

b. Logiquement, notre connaissance ne dérive pas de toute l’expérience
Le plus difficile est de discerner ce nouveau point de vue qui n’est pas chronologique mais logique. En fait, notre connaissance commence avec l’expérience mais en droit elle se fonde sur l’activité organisatrice de l’entendement. Comment concilier ces deux points de vue, le fait et le droit, le début chronologique et le fondement logique de la connaissance ?

« Cela ne prouve pas qu’elle dérive de toute l’expérience » voulant dire que l’effet ne doit pas être confondu avec la cause, si notre connaissance prend en effet sa source dans l’expérience sensible, cela ne signifie pas que sa cause soit totalement empirique. Autrement dit, si l’expérience était cause absolue de la connaissance alors le sujet serait incapable de connaître car il serait soumis à la prodigieuse diversité sensible impensable parce que totalement chaotique et désordonnée. « Dériver » voulant dire être totalement déduite logiquement de l’expérience, on ne peut donc pas déduire logiquement toute notre connaissance de nos sens. Pourquoi ?

Si toute notre connaissance était logiquement déduite de l’expérience brute alors elle serait toujours particulière puisque toute expérience sensible est particulière. Or nous connaissons les objets en les jugeant à partir de formes universelles (concepts) comme la blancheur, l’unité, la réalité etc. Tous ces concepts sont donc logiquement antérieurs à l’expérience, ce qui veut dire indépendants d’elle (a priori). « Notre propre pouvoir de connaître produit de lui-même », c’est-à-dire indépendamment de l’expérience, des formes pures qui ne valent qu’à la condition d’être appliquées à un objet d’expérience possible.

Toutefois, Kant reconnaît que la séparation qui est en train de s’effectuer entre la matière et la forme de notre connaissance demande « un long exercice ». La faculté de discernement est la plus souveraine de l’activité critique, elle doit apprendre à détacher la matière brute et empirique de la connaissance fournie d'avec l’expérience de la forme organisée et pure fournie par l’entendement. Alors que la connaissance prend naissance avec l’expérience sensible donc a posteriori, elle ne s’y réduit pas. Au contraire, elle provient de l’ « addition de l’entendement » qui ajoute une part indépendante de l’expérience ou a priori : ce sont les concepts qui servent à juger et à accroître notre connaissance.
L'essentiel

Kant n’a pas encore utilisé les notions d’a priori et d’a posteriori pour caractériser la différence essentielle qui traverse ce texte. Soucieux d’établir la genèse de ce partage entre ce qui vient de l’expérience et donc après elle chronologiquement, et ce qui n’en provient pas logiquement, Kant renouvelle la distinction entre forme et matière pour l’appliquer non plus aux choses naturelles ou artistiques mais au sujet qui s’applique à les connaître. Autrement dit, les phénomènes deviennent objets de la connaissance qu’à cette double condition pour l’esprit :
- d’avoir une matière sensible sur laquelle il pourra raisonner sans quoi il tomberait aisément dans l’idéalisme qui oublie la sensibilité inhérente à l’esprit, 
- de préparer l’arrivée sensible des phénomènes en organisant préalablement l’expérience au risque de tomber dans l’empirisme naïf qui confond la primauté chronologique de l’expérience et la priorité logique de l’entendement.

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