La perception est-elle le fondement de la connaissance ?
La perception constitue la modalité originaire de notre rapport au
monde en ceci qu’elle relie le vivant à
son environnement, lui permettant ainsi de pouvoir s’y
mouvoir. Il paraît donc aller de soi qu’en tant que
socle de notre accès à la
réalité, elle soit du même coup le
fondement de toute connaissance.
Toutefois, contrairement à la perception qui est de nature sensible, la connaissance consiste à rendre la réalité intelligible, et cette différence est telle qu’elle contraint à examiner dans quelle mesure il est légitime de considérer la perception comme le fondement de la connaissance.
Toutefois, contrairement à la perception qui est de nature sensible, la connaissance consiste à rendre la réalité intelligible, et cette différence est telle qu’elle contraint à examiner dans quelle mesure il est légitime de considérer la perception comme le fondement de la connaissance.
1. La perception comme obstacle à la
connaissance
Percevoir, c’est d’abord le propre des
êtres vivants : l’animal aussi bien
que l’homme voit, sent, entend, touche. Cette
propriété est précisément ce
qui le rend apte à se repérer et à
s'adapter à son milieu. La perception est donc
essentiellement ce qui inscrit le vivant dans son
environnement, ce qui le place parmi les choses du
monde.
Cette situation de l’être qui perçoit constitue, parce qu'elle correspond à une immersion dans le monde, un rapport à la réalité dans sa profusion, c’est-à-dire dans ce qu’elle a de mouvant, de multiple et d’indéfiniment changeant. Or, du point de vue du savoir, cette profusion est en même temps une sorte de confusion du sensible qui, si elle capte totalement le sujet percevant, constitue un obstacle radical à la connaissance. En outre, nous ne pourrions jamais véritablement savoir si ce que nous percevons correspond à la réalité objective.
Ainsi, comme le montre Platon, la connaissance et la perception sont de natures très différentes, voire opposées. Cette opposition se traduit chez Platon par une méfiance vis-à-vis de la réalité sensible laquelle doit être dépassée si nous prétendons atteindre la vérité. Ainsi, connaître n’est pas saisir les choses dans leur multiplicité, mais bien les réduire à l’immuabilité et à l’unité de l’Idée.
Néanmoins, cette différence entre la perception et la connaissance ne se traduit pas obligatoirement, comme chez Platon, par une opposition. On peut envisager, au contraire, leur complémentarité.
Cette situation de l’être qui perçoit constitue, parce qu'elle correspond à une immersion dans le monde, un rapport à la réalité dans sa profusion, c’est-à-dire dans ce qu’elle a de mouvant, de multiple et d’indéfiniment changeant. Or, du point de vue du savoir, cette profusion est en même temps une sorte de confusion du sensible qui, si elle capte totalement le sujet percevant, constitue un obstacle radical à la connaissance. En outre, nous ne pourrions jamais véritablement savoir si ce que nous percevons correspond à la réalité objective.
Ainsi, comme le montre Platon, la connaissance et la perception sont de natures très différentes, voire opposées. Cette opposition se traduit chez Platon par une méfiance vis-à-vis de la réalité sensible laquelle doit être dépassée si nous prétendons atteindre la vérité. Ainsi, connaître n’est pas saisir les choses dans leur multiplicité, mais bien les réduire à l’immuabilité et à l’unité de l’Idée.
Néanmoins, cette différence entre la perception et la connaissance ne se traduit pas obligatoirement, comme chez Platon, par une opposition. On peut envisager, au contraire, leur complémentarité.
2. La perception, fondement de la connaissance
Même si la connaissance s’effectue dans une
réduction de la réalité sensible
à son intelligibilité, il n’en
reste pas moins que notre accès au réel, et
donc notre prise de connaissance de son existence se fait
à partir de la perception. Du point de vue
chronologique, la perception constitue le fondement de la
connaissance, dans la mesure où toute
connaissance du monde se fonde sur la perception de
celui-ci. Ainsi est-il nécessaire, pour
définir la chaleur, d’avoir au
préalable fait l’expérience sensible de
divers objets ou phénomènes liés
à celle-ci.
L’expérience sensible est donc le premier stade dans l’élaboration de la connaissance, c’est-à-dire dans la recherche de la nature des choses, même si la connaissance doit la dépasser en ramenant cette diversité à l’unité d’une définition. En ce sens, loin qu’il y ait une opposition entre le fait de percevoir et le fait de connaître, la perception constitue le préalable nécessaire à toute connaissance. Ainsi que l’explique Aristote, connaître c’est passer de la multiplicité des cas individuels que nous livre l’expérience sensible à l’unité de l’universel auquel nous accédons à travers la saisie de la cause et de l’essence - ce grâce à quoi peut se constituer la philosophie.
« On ne regarde d'ordinaire aucune des sensations », écrit Aristote, « comme constituant la science (sophia). Sans doute elles sont le fondement de la connaissance du particulier, mais elles ne disent le pourquoi de rien : par exemple, pourquoi le feu est chaud. La philosophie doit remplir ce rôle : [...] la science nommée philosophie (sophia) est généralement conçue comme ayant pour objet les premières causes et les principes des êtres » (Métaphysique).
Certes pour Aristote comme pour Platon, la perception sensible n'équivaut pas à la connaissance, mais elle peut toutefois, contrairement à ce que dit Platon, cette fois, devenir un objet de connaissance. On peut donc élaborer une science du sensible. Si l'on peut admettre que toute connaissance procède d'une perception, n'en demeurent-elles pas moins hétérogènes ?
L’expérience sensible est donc le premier stade dans l’élaboration de la connaissance, c’est-à-dire dans la recherche de la nature des choses, même si la connaissance doit la dépasser en ramenant cette diversité à l’unité d’une définition. En ce sens, loin qu’il y ait une opposition entre le fait de percevoir et le fait de connaître, la perception constitue le préalable nécessaire à toute connaissance. Ainsi que l’explique Aristote, connaître c’est passer de la multiplicité des cas individuels que nous livre l’expérience sensible à l’unité de l’universel auquel nous accédons à travers la saisie de la cause et de l’essence - ce grâce à quoi peut se constituer la philosophie.
« On ne regarde d'ordinaire aucune des sensations », écrit Aristote, « comme constituant la science (sophia). Sans doute elles sont le fondement de la connaissance du particulier, mais elles ne disent le pourquoi de rien : par exemple, pourquoi le feu est chaud. La philosophie doit remplir ce rôle : [...] la science nommée philosophie (sophia) est généralement conçue comme ayant pour objet les premières causes et les principes des êtres » (Métaphysique).
Certes pour Aristote comme pour Platon, la perception sensible n'équivaut pas à la connaissance, mais elle peut toutefois, contrairement à ce que dit Platon, cette fois, devenir un objet de connaissance. On peut donc élaborer une science du sensible. Si l'on peut admettre que toute connaissance procède d'une perception, n'en demeurent-elles pas moins hétérogènes ?
3. Caractère fondateur et constructeur de
l'esprit humain
Il subsiste en effet une différence essentielle
entre la perception et la connaissance, puisque, si la
perception traduit notre rapport immédiat au monde,
la connaissance nécessite, elle, une démarche
visant à rendre intelligible la
réalité. À une passivité
foncière de la sensibilité s’oppose
donc l’activité que déploie
l’esprit dans le processus de connaissance.
Dans la Critique de la raison pure, Kant montre ainsi que si la connaissance est tributaire des données de la sensibilité, elle ne peut se réaliser qu’en les structurant à travers les catégories de l’entendement. L'entendement, en effet, est la faculté qui permet de relier les sensations grâce à des catégories : Kant répertorie douze catégories, grâce auxquelles l'entendement peut donner au sensible son unité. Il faut donc retenir que l'entendement (qui équivaut, dans la terminologie kantienne, à la raison) structure les perceptions que nous avons des phénomènes ; la connaissance ne consiste pas, en effet, à reproduire ce que nous percevons - elle résulte au contraire de ce qu'identifie l'entendement, à partir des perceptions. L'entendement ordonne et unifie les perceptions - grâce aux catégories de la quantité (unité, pluralité, totalité), de la qualité (réalité, négation, limitation), de la relation (substance et accident, cause et effet, action réciproque entre l'agent et le patient) et de la modalité (possibilité, existence, nécessité). (Critique de la raison pure, 1781). La perception est, à ce titre, un critère, ou pour reprendre les termes de Kant une « pierre de touche » de la connaissance humaine (on ne peut connaître que les phénomènes, c’est-à-dire ce que la sensibilité peut appréhender), mais c’est l’esprit (l'entendement) qui est le fondement de la connaissance, la perception lui fournissant sa matière.
Dans la Critique de la raison pure, Kant montre ainsi que si la connaissance est tributaire des données de la sensibilité, elle ne peut se réaliser qu’en les structurant à travers les catégories de l’entendement. L'entendement, en effet, est la faculté qui permet de relier les sensations grâce à des catégories : Kant répertorie douze catégories, grâce auxquelles l'entendement peut donner au sensible son unité. Il faut donc retenir que l'entendement (qui équivaut, dans la terminologie kantienne, à la raison) structure les perceptions que nous avons des phénomènes ; la connaissance ne consiste pas, en effet, à reproduire ce que nous percevons - elle résulte au contraire de ce qu'identifie l'entendement, à partir des perceptions. L'entendement ordonne et unifie les perceptions - grâce aux catégories de la quantité (unité, pluralité, totalité), de la qualité (réalité, négation, limitation), de la relation (substance et accident, cause et effet, action réciproque entre l'agent et le patient) et de la modalité (possibilité, existence, nécessité). (Critique de la raison pure, 1781). La perception est, à ce titre, un critère, ou pour reprendre les termes de Kant une « pierre de touche » de la connaissance humaine (on ne peut connaître que les phénomènes, c’est-à-dire ce que la sensibilité peut appréhender), mais c’est l’esprit (l'entendement) qui est le fondement de la connaissance, la perception lui fournissant sa matière.
Pour aller plus loin
Platon, Théétète et
Phédon
Aristote, Métaphysique, Livre A
Kant, Critique de la raison pure
Descartes, Méditations métaphysiques, Livre II
Bergson, Les données immédiates de la conscience
Aristote, Métaphysique, Livre A
Kant, Critique de la raison pure
Descartes, Méditations métaphysiques, Livre II
Bergson, Les données immédiates de la conscience

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