Tristan et Iseut : les personnages
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Tristan et Iseut sont des personnages complexes. Leur innocence n’est pas complète malgré la nature surnaturelle de l’amour qui les dévore. Ils n’hésitent pas à recourir à des demi-mensonges et des subterfuges pour se sortir d’affaire. C’est pourquoi la remontrance de l’ermite Ogrin à leur égard n’est pas totalement hors de propos.
Tristan est
orphelin : comme tel, il ne dispose pas
d’un fief et ne peut vivre qu’au service
d’un autre seigneur. Ce statut un peu particulier
fait de lui un personnage à part parmi les barons qui
composent la cour du roi Marc.
C’est cette relative marginalité
qui le prédispose aux aventures mythologiques (combat avec
le Morholt puis avec le
dragon) et qui lui permet de posséder des
facultés
étrangères au code de la
chevalerie : il prend des
déguisements (de lépreux,
v. 3615), il a recours à la ruse (le
saut de la chapelle, v. 950), ce qui n’est pas
contradictoire avec la bravoure qu’il manifeste
à de nombreuses reprises.
Iseut, davantage que Tristan, est placée sous le signe de la ruse, comme en témoigne l’épisode du serment. Mais plus généralement, elle manifeste tout au long du récit son intelligence et sa clairvoyance en déjouant habilement les pièges qui lui sont tendus (v. 1 ; v. 4450). Plus encore, sa capacité d’initiative en de multiples occasions fait d’elle un personnage féminin atypique dans la littérature chevaleresque. Par son intelligence et sa volonté, mais aussi par sa beauté et sa noblesse, elle exerce sur son entourage une fascination qui confine à l’envoûtement (v. 3900).
A l’opposé d’Iseut, Marc est un
personnage velléitaire. Il passe
constamment d’un excès à un autre et ne sait
pas prendre de décision. Tantôt
aveugle devant l’adultère qui se
déroule sous ses yeux, tantôt cruel
et incapable de maîtriser sa colère, il a un
défaut inexcusable pour un roi : il ne rend pas justice.
Sa volonté d’exécuter les deux amants sans
jugement (v. 885) est universellement
réprouvée. Il n’est d’ailleurs pas
anodin que le serment que prononce Iseut pour sa
réhabilitation s’adresse plus au
roi
Arthur, archétype du roi juste,
qu’à Marc dont l’autorité morale est
très affaiblie (v. 4200).
Le comportement de Marc est donc inconstant. Il
est sous la dépendance des barons félons et du
nain
Frocin. Affligé d’une
difformité monstrueuse -les oreilles
de cheval-, le roi Marc est une figure remarquable du mauvais
roi.
Béroul ne dresse pas de portrait psychologique des barons
félons. Ils forment un groupe indistinct
dont l’existence ne semble être justifiée que
par les besoins du schéma narratif.
Leurs noms mêmes sont significatifs, à
l’exemple de Ganelon qui, depuis
La Chanson de Roland est
devenu synonyme de traître. Mais en
même temps, leur comportement n’est pas aberrant. Ils
sont dans leur rôle en conseillant le roi, comme ils le lui
rappellent lorsque celui-ci retourne sa colère contre eux
(v. 3100), et ils ne font que lui dire la
vérité.
Ce n’est pas le cas du nain Frocin. Sa difformité en fait un être doué de pouvoirs surnaturels (il est astrologue et magicien) et foncièrement mauvais. Non content de perdre les deux amants par sa ruse maléfique, il trahit le roi en révélant sa difformité (v. 1300-1350), ce qui lui vaut une mort ignominieuse sans autre forme de procès.
Tristan et Iseut sont accompagnés chacun d’un serviteur qui, tout à la fois, leur ressemble et manifeste envers eux une indéfectible loyauté.
A la fois écuyer et maître d’armes de Tristan,
Gouvernal
(étymologiquement le « guide »,
gubernator) n’est pas loin d’être
aussi son mentor. Il est d’une aide
précieuse pour les deux amants. Mais ce qui le
caractérise avant tout est sa
fidélité et sa
loyauté. Il suit Tristan et Iseut dans
leur exil au sein de la forêt du Morrois et partage leur
dénuement, acceptant de se faire leur cuisinier
(v. 1300).
En même temps, sa valeur au combat est peu
commune. C’est de lui que Tristan tient son habileté
à manier les armes. Comme lui, Gouvernal est
d’ailleurs démuni de fief, ce qui en fait un
personnage relativement marginal dans le monde
de la chevalerie, au même titre que Tristan.
A bien des égards Brangien aussi ressemble à sa maîtresse : elle est rusée et sait jouer la comédie (v. 520). Personnage loyal, on retient cependant que c’est par sa faute que les deux amants ont bu le philtre fatal.
Les trois personnages principaux du roman ont des traits psychologiques bien marqués : Tristan est à la fois courageux et rusé ; pas autant cependant qu’Iseut dont l’intelligence autant que la beauté fascinent son entourage. Marc est enfin un roi maudit, inconstant et sans jugement. Chacun d’eux s’appuie sur des personnages secondaires aux qualités similaires.
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