Le Joueur d'échecs : l'uvre
Zweig écrit Le Joueur d’échecs à Pétropolis, au Brésil, dans un isolement affectif et intellectuel volontaire. Il n’a pas emporté de livres, ne reçoit aucun de ses amis dont la plupart sont des intellectuels européens, écrivains ou musiciens. Seule sa seconde épouse et ancienne secrétaire, Lotte Altmann, l’assiste dans son labeur d’écrivain.
Le Joueur d’échecs est donc le fruit du travail d’un homme qui a souffert et qui souffre encore de la perte de ses repères, d’un homme en proie à une profonde dépression, qui se raccroche à l’écriture et à la lecture.
On sait qu’au moment où il rédige sa nouvelle, Zweig lit un manuel d’échecs de Xavier Tartakower, dont il rejoue les meilleures parties. En outre, en 1942, il vient de finir son autobiographie, au titre révélateur de l’état mélancolique de son auteur : Le Monde d’hier (1948).
On a aussi retrouvé les manuscrits d’un ambitieux travail (probablement un essai) sur le penseur humaniste Montaigne. Cette tâche absorbe la plus grande part de son énergie et Le Joueur d’échecs n’est alors considéré par son auteur que comme une récréation.
Zweig connaît cette formule de Goethe et l’on peut considérer Le Joueur d’échecs comme son application scrupuleuse. Premier élément, la victoire du docteur B… sur le champion du monde d’échecs est tout à fait invraisemblable. Deuxièmement, cela n’empêche pas que la nouvelle comporte un certain nombre de références à l’Autriche de 1938, et par là-même, on peut lui accorder un haut degré de réalisme.
Mais la nouvelle de Zweig dépasse la définition de Goethe pour correspondre à la définition plus générale du genre qui stipule qu’une nouvelle est un récit dense porteur d’une dimension symbolique, concentré autour de quelques moments cruciaux. Ainsi, l’affrontement entre les deux joueurs d’échecs se déroule-t-il sur moins de cinq jours effectifs et a-t-il pour objectif de mettre en scène la défaite de l’humanité face à un monde brutal.
La situation de la nouvelle de Zweig au sein de son œuvre est suffisamment remarquable pour mériter d’être soulignée. Il s’agit d’un récit que l’on ne peut rattacher à aucun autre de sa production. Surtout, c’est l’ultime écrit du nouvelliste.
Le caractère décisif du manuel d’échecs dans la vie du personnage du docteur B… est encore plus troublant si on le met en perspective avec la pratique intensive du même jeu par Zweig sur la fin de sa vie.
Le rapprochement entre le personnage et son auteur paraît alors plus flagrant et l’on ne peut s’empêcher d’interpréter la nouvelle comme une tentative d’autothérapie de la part d’un Zweig qui aurait mis en scène un personnage à l’état mental troublé pour mieux combattre sa propre détresse… en vain. Hélas, le suicide de l’auteur confère à la nouvelle, qui se clôt sur une rechute du docteur B… dans la folie, un caractère douloureusement prémonitoire et testamentaire. Cette œuvre de Zweig est donc celle qui porte sa dernière parole.
La dernière nouvelle de Zweig est le fruit d’une gestation d’au moins plusieurs années ; l’ambition de son auteur est assez importante : son récit délivre une réflexion sur l’évolution politique et métaphysique récente du monde. Le jeu d’échecs ne semble donc être qu’un prétexte pour illustrer la vision du monde totalement désespérée de l’auteur qui se donne la mort après avoir fini cette œuvre.

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