Travailler, est-ce s'aliéner ?
Savoir si le fait de travailler implique l'aliénation
- Le travail permet à l'homme de survivre, ce qui entraîne des contraintes.
- Cependant, c'est aussi par le travail que l'homme s'accomplit et gagne son humanité.
- Le travail implique aussi l'aliénation des ouvriers et dépossède ces travailleurs de leur humanité.
Travailler est nécessaire pour un être qui
a des besoins que son milieu naturel ne lui
donne pas l'opportunité de satisfaire
spontanément. Le mythe de
Prométhée (raconté par Platon dans
le Protagoras) illustre parfaitement la
situation précaire de l'homme dans la nature.
Dans ce mythe, Prométhée et
Épiméthée sont chargés par
les dieux de distribuer aux races mortelles, que ces
dieux ont créées, les qualités
dont elles doivent être pourvues.
Épiméthée, chargé de la
tâche, se montre si étourdi qu’ayant
pourvu les animaux de toutes les qualités
indispensables à leur survie, et les ayant
toutes dépensées, il ne peut alors plus
en distribuer aux hommes. Prométhée
découvrant l’ampleur du désastre
décide alors de dérober aux dieux
« l’habileté artiste et en
même temps le feu », afin qu’ils
puissent survivre. L’homme put alors
« construire des autels et des images
divines ; ensuite il eut l’art
d’émettre des sons et des mots
articulés, il inventa les habitations, les
vêtements, les chaussures, les couvertures, les
aliments qui naissent de la terre ».
C’est ainsi que par le travail, l’homme
momentanément survit. Le mythe de
Prométhée, dans le Protagoras, ne
correspond pas exactement à ce que
l’auteur rapporte. Certes l’homme, dans un
premier temps, peut survivre grâce à
« l’habileté
artiste », mais dans un second temps son
existence est menacée puisqu’il ne
possède pas encore l’« art
politique » – les hommes sont
donc continuellement en lutte contre les animaux, plus
forts qu’eux. Même si le travail leur
permet de se nourrir, ils ne savent toujours pas
comment se défendre contre les animaux. Le
travail ne suffit donc pas, selon
l’interprétation que fait l’auteur
de ce mythe. Si le mythe de Protagoras est
rapporté, dans cet ouvrage, c’est pour
illustrer l’idée que la science
politique est nécessaire à la survie
de l’homme.
Le travail est donc d'abord une activité liée à la survie des hommes. En cela, elle les rapproche des animaux. Un homme qui travaille est semblable à n'importe quel être qui agit afin de se procurer ce qui est nécessaire à sa survie.
Enfin, le temps où l'homme travaille n'est pas un temps dont il dispose librement. Le travail occupe un temps que, s'il le pouvait, il occuperait à d'autres activités. Le travail est aliénation dans la mesure où sa finalité n'est pas proprement humaine et ne relève pas d'un choix.
Cependant, l’activité laborieuse permet aux hommes, comme aux animaux, de survivre. La faculté de « travailler », au sens où nous l’entendons communément, reste une faculté humaine. Cette faculté fait appel à des qualités proprement humaines, dans la mesure où la conscience, la réflexion, le langage ou l'imagination sont sollicités. Construire une maison implique des calculs, une projection dans l'avenir, une représentation de ce que l'on veut construire avant de le construire effectivement, toutes choses dont un animal est incapable.
(Marx, Le Capital, I, 3e section, chap. 7)
Par conséquent, l'homme, dans son travail, se sert de facultés humaines que reflète ensuite l'œuvre réalisée. Dans ce processus, il prend conscience de lui-même et de ses possibilités qui, avant la réalisation de l'œuvre, demeuraient encore abstraites. L'homme accomplit son humanité en inscrivant des valeurs et un sens humains dans le monde où il vit.
Par le travail, l'homme n'est donc pas aliéné, il ne devient pas autre que ce qu'il est. Au contraire, le travail est la marque même de son humanité et ce par quoi il l'inscrit dans le réel. L'homme « change ainsi le monde extérieur naturel, il en tire des outils et des objets fabriqués qui composent un monde nouveau, le monde humain » (Georges Bataille, L'érotisme, 1957).
Marx a cependant introduit l’idée qu'avec le développement de la société industrielle capitaliste le travail ouvrier, au lieu de favoriser l'accomplissement de l'individu, le mutile. En effet, l'ouvrier n'est pas propriétaire des moyens de production et n'est pas non plus propriétaire de sa propre force de travail, puisqu'il la vend à un autre pour pouvoir vivre. Dans ce cas, le travail n'est plus qu'une activité nécessaire à la survie.
Non seulement l'ouvrier ne s'appartient plus mais le fruit de son travail ne lui appartient pas : ce qu'il produit est la possession d'un autre. En effet, le produit de son travail est vendu par le propriétaire de l'entreprise qui en tirera un profit dont l'ouvrier ne bénéficiera pas. « Le produit est la propriété du capitaliste et non du producteur immédiat » (Marx, Le Capital, I, 7, 1867). Le « capitaliste » désigne ici le propriétaire des moyens de production, c'est-à-dire du lieu et des outils de production, à savoir les machines, mais aussi les hommes dont il achète la force de travail.
Enfin, l'ouvrier accomplit un travail privé de sens puisqu'il n'est qu'un jalon d'un processus de production auquel il demeure étranger. Il ne sait pas ce qu'il produit. L'aliénation du travail est alors indiscutable : l'ouvrier lorsqu'il travaille est dépossédé de lui-même et il est dépossédé de son humanité même.
(Marx)

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