Tocqueville : éloge et critique de la démocratie
Comprendre la théorie de Tocqueville sur la démocratie
- La démocratie américaine permet la mobilité sociale : la société n'est pas figée.
- Elle est aussi mue par la recherche du bien-être matériel et de l'égalité.
- La démocratie a ses limites : elle peut parfois se transformer en despotisme, voire instituer la « pensée unique » ou le « politiquement correct ».
En 1831, Alexis de Tocqueville et son ami Gustave de
Beaumont s’embarquent du Havre pour rejoindre le
continent nord-américain, chargés
d’établir un bilan sur la manière
dont fonctionne le système pénitencier
américain. Tocqueville en profite pour examiner la
manière dont fonctionne la démocratie dans
ce pays, persuadé qu’il en constitue le
premier modèle et que la démocratie
française risque d’être, dans le
futur, identique à la société
américaine qu’il peut observer.
La société démocratique
américaine est mue selon lui par deux principes
essentiels : la mobilité sociale et la
recherche du bien-être matériel. Dans
une société aristocratique, les positions
sociales sont figées ; la
société est organisée selon une
stricte hiérarchie, au sein de laquelle ces
positions sont héréditaires. La
révolution démocratique abolit cette
stratification aristocratique :
(De la démocratie en Amérique, Première partie, chapitre IX)
Au sein de la société démocratique, les pauvres peuvent s’enrichir, et les riches peuvent s’appauvrir. Cette nouvelle possibilité modifie la société tout entière.
Ce que Tocqueville nomme la « passion du
bien-être » gagne l’ensemble
des individus d’une société
démocratique. Outre cette passion du
bien-être, basée essentiellement sur
l’acquisition de biens matériels
jugés indispensables à un certain confort,
Tocqueville stipule que la « passion
générale et dominante » est
celle de l’égalité, nouveau
principe sur lequel reposent toutes les
sociétés modernes, principe qui est
à la source de leur légitimité.
Selon Tocqueville, le processus de
démocratisation est, à
l’échelon mondial, inévitable,
puisque le désir de bien-être et
d’égalité est, en quelque sorte,
inscrit dans la nature humaine :
(De la démocratie en Amérique, Première partie, chapitre V)
La démocratie pourrait générer un certain despotisme, que Tocqueville envisage sous les traits suivants :
(De la démocratie en Amérique, Quatrième partie, chapitre VI)
Ce passage célèbre, sans doute le plus fréquemment cité, illustre le danger de l’individualisme dans lequel précisément les sociétés démocratiques seraient tombées. L’individu est à ses propres yeux le centre de l’univers. Il se replie sur lui-même et sur ceux qu’il aime. Ailleurs, Tocqueville aura montré que sa « passion pour le bien-être » pousse l’individu à vouloir satisfaire immédiatement le moindre de ses désirs. Atomisées, les sociétés démocratiques sont accusées aujourd’hui d’avoir fabriqué la déliquescence du lien social, en même temps que l’absence d’intérêt pour la chose politique (ce qu’illustreraient les taux d’abstention importants lors des élections nationales).
Certains auteurs contemporains, tel Gilles Lipovetsky
(né en 1944) vont jusqu’à penser que
lorsque des personnes se réunissent entre elles,
ou créent des associations, des regroupements,
c’est pour défendre certains
intérêts qui malgré leur
caractère commun, n’en relèvent pas
moins d’un registre strictement individuel et
privé.
Un autre danger menace les démocraties : le
danger d’une
« tyrannie » de
l’opinion. Les repères que se donne
l’individu sont essentiellement fournis par cette
« opinion ». Aujourd’hui, ce
que n’avait pu imaginer Tocqueville au
XIXe siècle, les médias,
Internet (la massification des moyens d’information
et de communication, amplifiée encore par un
progrès technique permanent) fabriquent cette
opinion.
Tocqueville explique que l’opinion
risque de devenir la source essentielle de
l’autorité. Les « lieux
communs » se substituent à la
vérité, en se prenant pour la
vérité elle-même. Ce que nous nommons
« pensée unique », ou
le « politiquement correct »
correspond sans doute à ce que Tocqueville
entendait par « lieux
communs ». Toujours est-il que
vis-à-vis de ces expressions, la méfiance
s’impose : dénoncer aujourd’hui
le « politiquement correct » (ce
que l’on pourrait, très brièvement,
associer à ce qu’il n’est pas correct
de penser ou de dire) ou la « pensée
unique » relève
précisément du politiquement correct et de
la pensée unique.

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