Le devoir
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Comprendre la notion de devoir
- Chaque être humain, par sa conscience morale, peut juger lui-même la valeur de ses actions.
- Cependant, les valeurs sont relatives aux sociétés et aux cultures.
- De plus, les hommes se conforment aux systèmes de valeurs de la société dans laquelle ils vivent.
- Le devoir n'a pas une simple valeur d'adaptation sociale : il est aussi manifestation de la puissance de la raison.
On entend par devoir une obligation qui engage
l'être humain à respecter les principes moraux,
juridiques, politiques et sociaux de la communauté
dont il fait partie. Cet engagement, impliquant
répression volontaire des tendances instinctives et
des passions égoïstes, pacifie les rapports
à autrui et fait émerger des conduites
raisonnées, réfléchies,
mesurées.
Seule l'espèce humaine, au sein du genre animal, pose
la nécessité d'accomplir des actions par
devoir. L'exigence est claire : l'homme, quoique faisant
partie du règne naturel, doit dépasser ses
inclinations premières et ses penchants
immédiats.
La conscience morale serait, pour tout homme, un juge
intérieur évaluant la valeur de ses
intentions et de ses actions. Il y aurait en chacun une
connaissance immédiate du bien et du mal, du juste
et de l'injuste, du permis et du défendu, qui,
à la manière d'une voix secrète et
intime, se ferait entendre lors des circonstances
importantes de l'existence.
C'est pourquoi le juge le plus implacable qu'un
être humain puisse rencontrer ne serait pas le juge
nommé et mis en place par les tribunaux, mais le
juge personnel, caché aux yeux d'autrui,
qu'il rencontrerait en lui-même. La voix de ce juge
ne saurait se taire : c'est elle qui
énoncerait le devoir et parlerait à
l'impératif.
Toutefois, on pourrait objecter à cela que les
valeurs du bien et du mal, du juste et de l'injuste, du
permis et du défendu sont relatives aux
sociétés et varient selon les cultures
considérées. Ainsi Montaigne (1533-1592),
dans les Essais, insiste-t-il sur la
diversité et la variabilité des obligations
morales, juridiques, sociales : ne
dépendent-elles pas de la
« coutume », c'est-à-dire
des habitudes et des traditions ?
La voix intérieure sommant l'homme d'accomplir son
devoir ne serait alors que l'intériorisation
subjective des conventions socialement
établies.
Comme le dit Nietzsche (1844-1900), ne faudrait-il pas
compter au nombre des illusions dont s'est rendu
victime l'homme européen, fidèle
héritier des préjugés grecs et
chrétiens, cette belle et fallacieuse idée
d'une conscience intime prescrivant au sujet humain de
faire son devoir – de la même
façon, en fonction des mêmes valeurs, en
tout temps et en tout lieu ?
En réalité, ce que nous prenons pour la
voix de notre conscience n'est autre que l'écho
des impératifs culturels. Le
« juge intérieur » est une
pure fiction. Celui qui juge est toujours
extérieur, institué, nommé :
c'est un représentant du pouvoir en place.
Lorsque les hommes accomplissent leurs devoirs, ils ne
font rien d'autre, par conséquent, que de se
conformer aux conventions mises en place, qu'elles
soient morales, juridiques ou autres. Des
spécialistes – toujours
représentants du pouvoir – sont
chargés de contrôler les comportements
humains et de les sanctionner lorsqu'il n'y a pas
conformité aux devoirs prescrits.
Toutes les sociétés humaines, malgré
l'extrême diversité de leurs mœurs et
de leurs modes de vie, mettent en place des conventions
visant à régler la nature humaine :
ainsi il y a une nette distinction entre ce qui est de
l'ordre de l'inclination et ce qui est de l'ordre de
l'obligation. La vie sociale repose sur des contraintes
que les individus assument ou transgressent.
Le devoir est-il l'expression de la conscience intime ou
est-il un simple comportement social ? Le
débat reste toujours ouvert.
Quoi qu'il en soit, il faut souligner le rôle de
l'éducation : l'enfant ne devient
humain qu'à condition de maîtriser,
c'est-à-dire de rationaliser ses inclinations
immédiates ; il apprend à coexister
avec son semblable. Le « tu dois »
sans cesse confronté au « je
désire » signale la nécessaire
répression des passions égoïstes au
profit des intérêts sociaux et
culturels.
Le devoir n'a pas une simple valeur d'adaptation sociale,
permettant aux êtres humains de fonder des
sociétés durables, il est, plus
profondément, une manifestation de la puissance
de la raison, posée comme faculté
caractérisant l'homme en tant qu'être
conscient, ayant le statut d'une personne. Kant
(1724-1804) s'attachera à montrer le lien
fondamental unissant la raison et la volonté du
sujet humain – défini comme personne et
non comme être naturel – dans
l'accomplissement du devoir.
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