La liberté- Terminale- Philosophie - Maxicours

La liberté

Objectif

Comprendre la notion de liberté

Points clés
  • La définition de la liberté est floue : elle est à la fois le nom d'un principe et l'indication d'une tâche.
  • La liberté ne doit pas être confondue avec les conditions dans lesquelles elle émerge : en cela, il existe des libertés et non une seule.
  • La liberté peut être envisagée sous deux spectres : le déterminisme et le libre arbitre.
1. Liberté et vérité

La liberté figure parmi les plus importantes notions de la philosophie, au premier rang et aux côtés de la vérité. Un postulat de la philosophie, un fondement de ses aspirations, est que vérité et liberté sont indissociables : autrement dit, la vérité ne se révèle qu'aux esprits qui conquièrent leur liberté, et, réciproquement, la liberté ne prend son essor qu'en posant un regard lucide sur le monde. En un sens, la liberté s'identifie à l'essence de tout être qui vit selon ses propres principes, mais en un sens elle se rebelle aussi contre toute identification à une essence. Cette notion échappe donc aux contours d'une définition, parce qu'elle est à la fois le nom d'un principe et l'indication d'une tâche.

2. Quelques distinctions nécessaires

On ne laisse pas en liberté de la même façon les poules de la basse-cour, un petit enfant qui ne voit pas les dangers des bords de mer, un délinquant dont un juge d'application des peines étudie le dossier de détention, une religieuse qui ne reçoit des visites que de loin en loin, etc. Dans ces différents cas, on suppose que tous ces êtres sont capables de spontanéité, mais qu'il est nécessaire d'imposer des limites à l'expression de cette spontanéité. La liberté pure et simple peut être dangereuse ou nuisible. Le dernier exemple montrerait aussi qu'on peut choisir librement de se limiter.

La liberté, en un sens absolu, n'est pas équivalente aux libertés. C'est la politique concrète qui détermine les libertés : les hommes entrent dans des rapports de pouvoir, ils reconnaissent des institutions et des autorités, ils se soumettent à des processus administratifs et techniques, etc. Ce sont les juristes qui donnent la définition formelle des libertés publiques : les droits fondamentaux, les règles de distribution des fonctions, du fonctionnement de la justice et de la police, etc. N'allons pas croire que les lois s'imposent avec évidence : elles sont le fruit de compromis difficiles entre les mœurs, la morale, les puissances technologiques et les dispositions particulières des individus-citoyens.

Un prisonnier peut vivre sa peine comme un châtiment mérité ou comme une humiliation injuste, comme un tunnel dont il ressortira égaré et meurtri, ou comme une épreuve nécessaire à sa rédemption. Autrement dit, la liberté reste à inventer, pour chacun et en toute circonstance. Elle ne saurait jouer un rôle explicatif - même si on lui fait jouer ce rôle dans certains contextes, comme le procès judiciaire qui cherche à établir des responsabilités.

En somme, il faut éviter de confondre la liberté avec les conditions où elle émerge - et qui sont bien plus visibles qu'elle. Mais n'oublions pas qu'un être libre est solidaire de la situation qui lui est faite et qu'il doit aussi juger de lui-même par rapport à cette situation.

3. Quelques paradoxes du libre arbitre

La liberté est une qualité de la volonté. La volonté commande l'action en fonction de représentations ; elle est susceptible de substituer aux mobiles sensibles des motifs raisonnables. Vouloir, ce n'est pas être entraîné par le motif qui est objectivement le plus puissant, mais se décider pour l'un des motifs, auquel nous donnons la prépondérance sur les autres. L'action est libre quand elle découle d'une décision libre ; et, que notre décision soit libre, cela signifie que, tout en déterminant en nous une série nouvelle d'états de conscience, elle ne peut elle-même être déduite des états qui la précèdent. La décision ne découle de rien, sinon de la puissance absolue du vouloir.

On s'enferme ainsi dans un cercle car il serait difficile d'établir clairement, c'est-à-dire de prouver, l'efficacité de la volonté. Par exemple, il serait naïf de prétendre conclure, à partir de nos délibérations internes et de nos hésitations, que notre psychisme comporte une marge d'indétermination sur laquelle règne notre liberté. À notre époque, c'est une interrogation que les philosophes partagent avec les neurologues.

Ainsi le partisan du déterminisme a-t-il toujours l'avantage sur le partisan du libre arbitre. On cherche à définir la liberté par les effets qu'elle produit dans le monde, comme si elle était une cause parmi d'autres. On prend modèle sur les choses : autrement dit, on tient compte de la liberté dans la mesure où elle modifie un comportement (la conduite de l'être qu'on dit libre, mais aussi le « comportement » des choses sur lesquelles il agit). Ainsi, ce qui, dans la nature, ne s'explique pas par une causalité strictement physique devra être rapporté par défaut à un principe intérieur, qu'on appellera la liberté. Mais on pourra éliminer cette référence à la liberté du jour où on pourra rendre compte de toutes les causes réelles.

Or il n'est pas équivalent, du point de vue métaphysique comme du point de vue moral, d'affirmer que le déterminisme est universel et que les hommes ne peuvent y faire exception, ou, d'autre part, que l'action délibérée est un moyen progressif de façonner son identité propre. Car on ne passe du vœu pur et simple de la liberté à sa réalité qu'en prenant au sérieux son exigence et en lui donnant corps. Ainsi est-ce la cohérence fermement tenue de la pensée et de l'action que désigne chez les philosophes grecs le mot « vertu ». C'est par une « générosité » essentielle, comme le dit Descartes, qu'on tente d'incarner dans le fini l'infini de la valeur. Enfin, épouser l'harmonie du monde ou s'affirmer soi-même face à la nature ne saurait suffire à un « être » paradoxal qui veut accomplir ce qui est en créant ce qu'il est (Nietzsche). La liberté n'est pas une donnée, elle n'est pas un fait, elle se découvre dans le mouvement même de se libérer : effort de transcendance, qui est si souvent trahi non seulement par le fatalisme, mais par l'idéologie.

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