Les aspects de la liberté
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Connaitre les aspects de la liberté
- La liberté ne consiste pas à faire ce que l'on veut, mais à savoir être maître de soi et s'imposer soi-même des limites.
- La philosophie est une aide dans la recherche de la liberté.
- La liberté s'inscrit dans un aspect communautaire, notamment politique.
- L'homme est libre car capable de surmonter les déterminismes.
Les êtres humains ont tendance à confondre satisfaction des désirs et réalisation de la liberté. Ainsi Calliclès, personnage décrit par Platon (Le Gorgias) affirme que l’homme libre, puissant et heureux, est celui qui parvient à réaliser tous ses désirs par tous les moyens à sa disposition. Cette conception radicale met au premier plan affirmation de soi et refus des contraintes morales, sociales et juridiques : ces contraintes seraient des obstacles injustes à la liberté.
Les philosophes, dès l’Antiquité grecque, notamment avec Socrate et Platon, contestent cette position centrée sur l’affirmation de soi : ils ne cessent d’expliquer que l’expérience du plaisir, liée à la satisfaction des désirs, ne doit pas être confondue celle de la liberté. Les désirs doivent être triés et hiérarchisés. L’homme, parce qu’il est un être doué de raison doit s’imposer des limites et mettre en place des conventions morales et sociales réglant la communauté. Le sage doit dominer ses désirs et non pas être dominé par ses désirs : il est maître de soi car sa raison gouverne ses désirs. Au contraire, l’homme tyrannique, dans la vie privée et dans la vie publique, se montre prisonnier de ses désirs : c’est parce qu’il est toujours attaché aveuglément à ses plaisirs personnels, notamment matériels, qu’il agit avec violence et injustice.
La philosophie s’oppose à toutes les formes de violence : elle est apprentissage de la liberté de l’âme, elle éduque l’homme en l’incitant à la raison et à la mesure. Elle a une fonction morale et politique. Si la philosophie est désir de la sagesse orientant la pensée et l’action, elle est néanmoins apprentissage de la limitation des désirs : elle nous demande de différencier les désirs corporels et matériels, entravant la liberté de l’âme, et le désir de réflexion et de connaissance, permettant la libération de l’âme. Ce désir, qui est propre à la raison humaine, met en mouvement la curiosité intellectuelle et la recherche du savoir.
Hannah Arendt (1906-1975) dans son ouvrage intitulé La crise de la culture (chapitre « Qu’est-ce que la liberté ? »), insiste sur la dimension politique de la question : la liberté ne s’éprouve réellement que dans le cadre concret des communautés humaines, elle est l’affaire quotidienne de l’homme en rapport avec les autres hommes. C’est à partir de cette expérience sociale que l’homme prend conscience de lui-même, comme sujet pensant et parlant, capable d’actions imprévues et constructrices, donnant sens à son existence. Exister en tant qu’homme c’est exister avec d’autres hommes, c’est-à-dire établir avec eux des liens de parole, exprimant aussi bien accords que désaccords, et déterminant des activités créatrices.
Cette dimension politique intéresse la réflexion philosophique depuis les premiers grands penseurs grecs. L’homme, comme le disait déjà Aristote au IVe siècle avant J.-C., est « un animal politique » (La Politique, Livre I, 1) : il ne développe pleinement sa nature que dans des communautés lui permettant d’exercer ses aptitudes physiques et intellectuelles. La politique, dans cette perspective, est partie intégrante de la philosophie : elle considère la question du bonheur (cette question n’est indifférente à aucun être humain) et réfléchit sur le mode de vie favorisant l’épanouissement des hommes réunis en communautés. Cet épanouissement va au-delà de la satisfaction des besoins vitaux et matériels.
Certains régimes politiques favorisent l’esclavage et l’oppression, d’autres favorisent la liberté et la douceur de vivre. La question du régime politique le plus propice à la fois à l’épanouissement de l’homme et à l’avènement de la liberté (grâce à la mise en place d’institutions juridiques) n’a pas cessé d’être abordée par les philosophes : Platon et Aristote dès les IVe et Ve siècles avant J.-C. inaugurent la pensée politique ; Jean-Jacques Rousseau, au XVIIIe siècle s’inscrit également dans cette tradition lorsqu’il met en place une théorie politique axée sur l’égalité et la liberté (Le Contrat Social). La liberté humaine s’expérimente dans le cadre social et juridique d’une communauté politique fondée sur des lois communes et justes. La liberté personnelle s’intègre à un cadre collectif dépassant l’ordre des simples désirs et intérêts individuels.
Les êtres humains vivent dans des conditions psychologiques, sociales, économiques, historiques et politiques déterminées. Ils ne peuvent supprimer les déterminations qui forment le cadre de leur existence, mais ils sont en mesure de les « transcender », c’est-à-dire de les dépasser :
- ils sont en mesure de les modifier, en utilisant la puissance de la volonté et la puissance de l’action ;
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Exemple Un peuple peut se révolter contre un pouvoir politique oppressif et susciter, grâce à cette révolte, des changements sociaux et économiques).
- ils sont en mesure de les comprendre et de les dominer, en utilisant la puissance lucide de la réflexion, le travail de la raison, la force de la connaissance.
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Exemple Un être humain en situation psychologique difficile peut, grâce à la prise de conscience approfondie de ses difficultés personnelles, apprendre à se vaincre soi-même).
Aussi il serait faux de dire que l’homme, parce qu’il est déterminé, n’est pas en mesure d’être libre et qu’il est condamné à subir des situations qu’il n’a pas choisies : la liberté est une puissance de détermination de la volonté et de la raison montrant qu’il y a toujours possibilité d’affronter les obstacles, les empêchements et les limites que les situations d’existence personnelles et historiques ne cessent de présenter.
C’est en ce sens que le philosophe français Jean-Paul Sartre (1905-1980), fidèle héritier du philosophe allemand Emmanuel Kant (1724-1804), déclare que l’homme, bien que déterminé, est « entièrement libre » : il a la puissance de réagir contre les déterminations qui pèsent sur lui, en refusant de les subir, en s’efforçant de les comprendre et de les surmonter (à défaut de pouvoir les supprimer immédiatement ou radicalement). Ainsi la liberté, sans cesse à conquérir, montre non seulement le pouvoir de l’homme sur lui-même et sur le monde mais aussi le savoir de l’homme sur lui-même et sur le monde.
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