Politiques, Aristote
Aristote (384-322 avant Jésus-Christ) a été l’élève de Platon pendant plus de vingt ans. Son œuvre influença toute la philosophie occidentale. Surnommé « le philosophe » par les scolastiques, il est resté la référence essentielle de toute la philosophie pendant deux mille ans. Totalisant les savoirs physique, biologique, éthique, politique et métaphysique, il est l’inventeur de la logique qu’il a su mettre au service d’une réflexion sur l’être des choses en général.
S’écartant de son maître Platon, il tente de réconcilier la théorie des essences intelligibles et leurs manifestations sensibles. Hegel écrit « Aristote a pénétré la masse entière et tous les aspects de l’univers réel », et en ce sens, toutes les sciences lui sont redevables.
Aristote, Politiques, trad. Pellegrin I,2 1253
a-b
« C’est pourquoi il est évident que
l’homme est un animal politique (…) ce qui fait une
famille et une Cité »
-
Objet du texte
La définition de l’homme en tant qu’il est le seul animal capable d’avoir une existence politique (polis : Cité), c’est-à-dire de former une Cité en vue de réaliser le Bien commun. Plus précisément, Aristote va prouver que l’homme est essentiellement fait pour vivre en communauté parce qu’il possède le « Logos », mot grec intraduisible en français signifiant langage, parole, discours, raison ou encore jugement. Parce que l’homme est un animal parlant (doué de Logos), il est donc fait pour mettre sa parole en commun, cet acte signifiant partager des valeurs capables de former une Cité.
-
Problème du texte
Pourquoi l’homme est-il le seul vivant destiné à être politique ? Autrement dit, sur quoi se fonde la différence essentielle entre lui et les autres animaux permettant ainsi de le spécifier au sein du règne animal voire même d’en faire l’animal le plus parfait en son genre ?
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Thèse
L’homme est le seul parmi les vivants à posséder le langage (logos), c’est-à-dire la capacité de former des jugements en vue d’établir des valeurs communes. Cette communauté est aussi bien celle du discours que des valeurs qu’il est capable d’engendrer.
Ce texte a une portée démonstrative très précise dont on peut restituer les principaux moments en trois temps :
La définition de l’homme répond à une méthode qui consiste à associer un genre (animal) et une différence spécifique (politique) qui doit être ce qui spécifie l’homme et rien que lui au sein du genre animal.
Axiome : « car la nature ne fait rien en vain ; or seul parmi les animaux l’homme a un langage (logos) » ; principe de finalité dans la nature, rien ne se fait au hasard donc il y a une raison (cause finale) pour laquelle l’homme seul possède le langage, cette raison étant de vivre en Cité pour parler avec les autres et échanger des valeurs en vue d’atteindre le bonheur.
Toutefois, Aristote se donne une
objection :
« Certes la voix (phone) est le signe du
douloureux et de l’agréable, aussi la
rencontre-t-on chez les animaux (…) mais le langage
existe en vue de manifester l’avantageux et le nuisible
et par suite aussi le juste et
l’injuste. »
Ce passage est décisif puisqu’il va
spécifier ce qu’Aristote entend par langage ou
logos. « Certes » les animaux ont
une voix, c’est à dire qu’ils
émettent des sons ou des cris, ceci indique qu’ils
ont aussi la faculté de communiquer entre
eux. Mais cette communication demeure instinctive
puisqu’elle ne dépasse pas le stade de la
sensation immédiate. La voix
(phone) est l’indice du plaisir et de la
douleur, elle communique des affects alors que
le langage (logos) est plus que cela, il est capable
de dépasser
l’immédiateté de la sensation et
d’exprimer médiatement des
valeurs.
En quoi consiste la parole humaine (logos) ? Elle est une parole signifiante, c’est-à- dire qu’elle est capable d’articuler des propositions et donc d’émettre des jugements qui sont à l’origine des valeurs. Par exemple, l’animal en criant est capable de dire ce qu’il sent (aie !!) alors que l’homme, lui, peut aussi dire : ceci me fait mal et à plus forte raison ceci est mal. Capable de dire ce qui est mal et ce qui est bien, l’homme parle donc, juge et raisonne ; ainsi il s’écarte de tout animal qui en reste à l’immédiateté de la sensation.
Aristote distingue à la fin du texte la seule « chose qui soit propre aux hommes par rapport aux animaux : le fait que seuls ils aient la perception du bien, du mal, du juste, de l’injuste (…) Or avoir de telles notions en commun c’est ce qui fait une famille et une cité. »
Le langage (logos) est la faculté de s’exprimer et de communiquer par concepts et par propositions, il témoigne ainsi de la faculté qu’a l’homme d’être « rationnel » non au sens du rationalisme moderne mais au sens d’un raisonnement qui, partant de la sensation immédiate et aidée de la mémoire, témoigne de la capacité de comparer diverses sensations en vue de les associer sous un nom commun et ainsi d’en faire des notions universelles : l’agréable et le nuisible sont des notions qui réunissent une multitude de sensations particulières et à plus fort raison le juste, l’injuste, le bien et le mal.
Toutefois la parole ne peut pas être un exercice individuel mais collectif, c’est un dialogue et ainsi le logos n’est pas la raison moderne individualiste et silencieuse mais une raison « dialogique » qui implique donc d’être avec les autres, d’échanger des biens et des valeurs, bref de vivre dans une cité. Aristote conçoit la cité comme la communauté la plus parfaite après la famille et le village car elle seule permet de vivre de manière indépendante et donc librement.
Le citoyen parle, fait la guerre et se reproduit. Or seul le fait de parler le distingue des autres vivants en ce sens que sa parole lui donne la possibilité de fonder une vie s’émancipant de toute nécessité biologique en vue de vivre selon le Bien, nécessité proprement humaine et politique : le bonheur de la communauté étant la fin de toute existence politique.

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