La démocratie peut-elle échapper à la démagogie ?
Dans la monarchie, un seul (mono), gouverne l'ensemble ; dans l'aristocratie, une élite, les meilleurs (aristos), gouverne ; dans la démocratie, le peuple (dèmos) se gouverne lui-même. A cela s'ajoutent deux principes de gouvernement, gouvernement en vue de l'intérêt ou bien commun : la république ; ou en vue d'un intérêt particulier : le despotisme.
Une monarchie peut être soit républicaine, soit despotique. La même chose est vraie pour un système aristocratique. Mais il semble, en théorie, que seule une démocratie assure un gouvernement républicain, car comment imaginer que l'ensemble des hommes ne gouverne pas dans leurs intérêts à tous ? Ou bien est-ce dans l'intérêt de chacun ? Là est la difficulté.
« J'appelle République tout Etat régi par des lois, car alors seulement l'intérêt public gouverne [...] tout gouvernement légitime est républicain. [...] Le Peuple soumis aux lois en doit être l'auteur » (livre II, chap. VI).
La démocratie, que Rousseau nomme République, est
seule capable d'échapper à la tyrannie, à
l'usurpation, à la démagogie et à la
manipulation, car c'est le peuple devenu citoyen qui est tout
à la fois souverain (il détient le
pouvoir) et législateur (il fait lui-même
les lois auxquelles il se soumet). La démocratie semble
le meilleur régime en théorie, mais ne peut-elle
dans la pratique dégénérer en
démagogie ? Rousseau lui-même
s'interroge :
« Comment une multitude aveugle qui souvent ne sait
ce qu'elle veut, parce qu'elle sait rarement ce qui lui est
bon, exécuterait-elle d'elle-même une entreprise
aussi grande, aussi difficile qu'un système de
législation ? » (livre II,
chap. VI).
Confondant le bien commun, avec le plaisir immédiat et la satisfaction sans lois, ni freins de ses envies, un peuple non éduqué politiquement, un peuple qui n'est pas philosophe, qui n'est pas tourné vers la sagesse, et une vision commune du bien, peut se perdre et se vendre au plus flatteur, au démagogue, à celui qui lui promettant toujours plus, lui vole ainsi sa liberté et le gouverne comme un animal.
Mais, précisément, au nom de
l'égalité mal comprise, la multitude exige
une identité stricte entre les hommes et tombe
ainsi dans un « despotisme mou ». C'est
ce que souligne Tocqueville :
« Je vois une foule innombrable d'hommes semblables
et égaux qui tournent sans repos sur eux-mêmes
pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs, dont ils
emplissent leur âme. »
Réduit à son plaisir immédiat, à
une sorte d'enfance ou vie animale, le peuple se laisse ainsi
flatter dans un bonheur vide et sans but, et laisse encore une
fois le vrai et seul pouvoir de gouverner à ceux qui en
le flattant ainsi le manipule d'autant mieux.
Quel peuple est-il digne d'une démocratie ? Celui qui vote pour le démagogue lui promettant la facilité, le plaisir, l'absence de contrainte et d'impôt, ou celui qui comprend que les contraintes, les limites aux plaisirs et à la satisfaction de chacun sont nécessaires pour le bien de tous ? Apparaissent ainsi le problème de la conquête de pouvoir par certains hommes plus rusés que les autres et celui de la conservation du pouvoir par l'abandon du peuple dans le mensonge et l'ignorance.
Rousseau, Le Contrat social, livre II, chap. VI.
Tocqueville, De la démocratie en Amérique,
p. 361-362.
Pour la classification des formes de
gouvernement :
Platon, République,
VIII (544 a) et IX.
Aristote, Politique, III et V, 1.
Montesquieu, L'Esprit des lois.
Pour la question de l'éducation d'un peuple et du
risque démagogique et despotique du régime
démocratique :
Kant, Vers la paix perpétuelle, deuxième
section, premier article.
Rousseau, Le Contrat social, livre II, chap. VI et VII.

Fiches de cours les plus recherchées

Des profs en ligne
- 6j/7 de 17h à 20h
- Par chat, audio, vidéo
- Sur les 10 matières principales

Des ressources riches
- Fiches, vidéos de cours
- Exercices & corrigés
- Modules de révisions Bac et Brevet

Des outils ludiques
- Coach virtuel
- Quiz interactifs
- Planning de révision

Des tableaux de bord
- Suivi de la progression
- Score d’assiduité
- Une interface Parents