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Société ou individu ?

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Objectif

Connaitre les liens entre société et individu.

Points clés
  • Dès l’Antiquité, la Cité (ou l’État) apparait comme un tout cohérent, comparable à un organisme, dont les membres ne sont que des parties dépendantes. Un individu a besoin des autres pour survivre, ou même bien vivre.
  • Les théories holistes affirment que la société est un tout irréductible à ses parties, qui doit être le principe de l’explication des comportements individuels.
  • Les théories politiques modernes, qui se développent à partir de l’œuvre de Hobbes (1588-1679), ont au contraire l’individu comme point de départ. Avant l’instauration d’un État, c’est une guerre d’individu contre individu.

« Société tu m’auras pas ! » chantait Renaud avec optimisme en 1975. Dans le film Seul au monde, un naufragé isolé sur une île déserte parle à un ballon, baptisé « Wilson », sur lequel il a esquissé un visage humain afin de tromper sa solitude. Entre ces deux situations, il y a sans doute moins une contradiction qu’une certaine tension. Renaud ne chante pas pour lui-même, il s’adresse justement, outre son public, à cette société qu’il refuse et que le naufragé regrette. Comment articuler le rapport nécessaire entre l’individu et la société ?

1. Holisme ou individualisme ?

Les théories holistes affirment que la société est un tout irréductible à ses parties, qui doit être le principe de l’explication des comportements individuels. Le sociologue Durkheim (1858-1917) a représenté cette tendance en France.

Exemple
Le suicide s’explique selon lui non pas comme un phénomène individuel intime, mais comme un phénomène social normal produit par des causes collectives identifiables. La régularité des statistiques de suicide en est une preuve. D’une année sur l’autre, la même proportion de gens se suicident dans une société donnée. C’est donc un fait social avant d’être une volonté individuelle.

Une première formulation du holisme se trouve déjà chez Aristote qui écrit qu’une « cité est par nature antérieure à une famille et à chacun de nous ». La Cité (ou l’État) est un tout cohérent, comparable à un organisme, dont les membres ne sont que des parties dépendantes, comme la main ou le pied. En effet, un être humain livré à lui-même n’est pas auto-suffisant : nous avons besoin les uns des autres pour survivre et, plus encore, pour bien vivre. L’homme est donc un « animal politique ». Le holisme d’Aristote est naturaliste : la société humaine est une donnée naturelle inscrite au principe même de l’existence de chacun de ses membres.

Les théories politiques modernes, qui se développent à partir de l’œuvre de Hobbes (1588-1679), ont au contraire l’individu comme point de départ. C’est, qu’en un sens, la société n’est qu’un mot. Il n’y a pas une chose identifiable, individuée, que l’on pourrait désigner en disant : voici la société. En revanche, il y a des individus humains distincts par leurs corps et leurs intérêts. Or ces individus ne vivent pas naturellement ensemble en harmonie. Au contraire, leurs intérêts distincts entrent mécaniquement en conflit. Hobbes en conclut que la vie avant l’institution de l’État est une guerre de tous contre tous. Afin de vivre en paix et de préserver leurs intérêts égoïstes, les individus doivent passer un contrat qui les soumet tous également à l’État. L’État est alors seul légitime à employer la violence et à définir la loi. Il n’est plus conçu comme un organisme qui nous préexiste et nous englobe, c’est une machine, un artifice temporaire construit par les humains pour mieux vivre.

2. La raison individuelle contre les traditions collectives ?

Fonder la société sur la volonté et la raison des individus ouvre cependant la porte à la remise en question individuelle des normes sociales. Car si la société n’est plus naturelle, mais artificielle, elle doit pouvoir être améliorée comme tous les autres artifices humains, et tout être humain est capable de contribuer à cette amélioration. Les Lumières françaises, de Rousseau (1712-1778) à Condorcet (1743-1794), promeuvent cet espoir d’une voix presque unanime. Kant (1724-1804), du côté allemand, le formule aussi clairement : « ose penser par toi-même », telle est la devise des Lumières. Il s’agit de sortir de l’état de tutelle imposé par les autorités, pour lesquelles nous ne sommes jamais assez mûrs pour penser par nous-mêmes. Cela implique que l’ancienneté des traditions n’est pas une raison suffisante pour les garantir de la critique, de la réforme, voire de la révolution.

La réaction des anti-Lumières est très vive, particulièrement en Allemagne avec Herder (1744-1803) et en Angleterre avec Burke (1729-1797). Aux yeux de ce dernier, effrayé par la Révolution française, la raison individuelle est trop faible. La devise des Lumières ne peut que conduire à l’anarchie si chacun se croit en droit de remettre l’ordre social en cause. Les préjugés traditionnels, en particulier ceux entretenus par une société donnée, ont pour fonction et pour raison de maintenir cet ordre enraciné dans une histoire nationale. Les horreurs de la Révolution s’expliquent, selon Burke, par l’égarement d’une raison abstraite et orgueilleuse qui croit pouvoir améliorer avec quelques lois radicales de vieilles institutions fondées sur des centaines d’années d’habitudes et de pratiques.

3. L’insociable sociabilité

Aristote affirme que l’homme est davantage un animal politique que les abeilles, et la preuve en est, selon lui, que la nature nous a donné le langage. Grâce au langage, nous pouvons dépasser les cris animaux de peine et de plaisir, nous pouvons débattre du juste et de l’injuste. Mais ces débats impliquent aussi la possibilité du désaccord et du conflit à jamais absents des ruches. En dépit des désirs autoritaires récurrents, l’unité organique indissoluble d’une société n’est jamais qu’un fantasme. Les individus ne peuvent pas se dissoudre à jamais dans la masse unanime. Tôt ou tard, ils retrouvent la parole pour donner leur avis.

Kant voit même la source paradoxale du progrès dans cette tendance au conflit, cette « insociable sociabilité ». L’individu est enclin à entrer en société dans la mesure où celle-ci lui permet de progresser. Il est aussi enclin à s’isoler parce que les autres ont autant tendance à lui résister que lui leur résiste pour n’en faire qu’à sa tête. Mais, pris dans cette contradiction, l’individu est justement contraint de s’améliorer toujours plus et la société doit bien s’accommoder de ces volontés individuelles parfois chaotiques. Il n’y a donc pas une alternative entre société ou individu, mais une tension entre ces deux pôles : société et individu, individu et société.

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