Dadaïsme et surréalisme
- Comprendre que ces deux mouvements interrogent et remettent en question nos représentations de la société, de ses valeurs et plus particulièrement du statut de l’art, de l’artiste et de ses œuvres.
- Faire ici de la création artistique une démarche en rupture avec son temps, mais qui épouse aussi une certaine continuité avec ce qui la précède, ne serait-ce que par le mouvement de rejet qui la sous-tend.
- Saisir en quoi ces démarches représentent des métamorphoses du moi, ou plus exactement, de l’inconscient.
- Le dadaïsme et le surréalisme sont deux mouvements avec des connexions entre eux.
- Différentes techniques sont mises en œuvre par ces mouvements.
L’acte de baptême de ce mouvement né en Allemagne est en même temps un manifeste : lorsque le poète roumain Tristan Tzara (1896-1963) trouve le nom de ce mouvement en ouvrant au hasard un Petit Larousse le 8 février 1916 au Cabaret Voltaire. Il montre par là tout le dédain de ses membres les normes esthétiques, culturelles et sociales, mais aussi que l’inconscient joue un rôle fondamental dans la création artistique.
Dans un second sens, ce nom simpliste et enfantin du cheval est celui d’une obsession, d’une idée fixe, celle de faire table rase du passé et désacraliser l’art. Jacques Vaché (1895-1919), l'étoile filante de ce mouvement, le portera à ses limites, en menaçant d’un revolver le public des avant-gardes parisiennes lors de la première de la pièce d’Apollinaire, Les Mamelles de Tirésias en juin 1917.
Le dadaïsme reprend à son compte et poursuit ainsi la démarche initiée par la peinture abstraite qui interroge la capacité de l’art à figurer le réel. Il s’agit ainsi de détruire les normes esthétiques en vigueur et toute forme de mimésis (imitation) de celles-ci, l’art cherchant alors à composer ses œuvres à partir des débris de la culture.
Ainsi Marchel Duchamp (1887-1968) se livre à une parodie de l’esthétique du futurisme avec des objets manufacturés, des « ready-mades », auxquels il ne fait subir que des modifications minimes et qu’il présente avec une signature dans des expositions d’art, ces objets jouissant de ce fait du statut d’oeuvres d’art.
• Son œuvre Fountain (1917) qu’il expose à la Society of independent Artist fait scandale, car il s’agit d’un urinoir posé à l’envers et signé, objet dévolu à la miction, soit l’une des plus basses fonctions biologiques de l’humanité.
• Ce caractère provocateur et irrévérencieux face aux normes de l’art est encore ce qui marque le tableau LHOOQ, où Duchamp grime la Joconde d’une moustache. Le prosaïsme du titre étant pour le moins une manière de déboulonner un chef-d’œuvre de son piédestal.
C’est aussi cette démarche que l’on
retrouve chez Raoul Hausmann (1886-1971) qui est
l’inventeur autoproclamé du
photomontage.
Son œuvre plastique la plus
connue, L’esprit de notre temps - tête
mécanique suit le même principe puisqu'elle
consiste en l’assemblage de divers objets sur une
marotte (tête de mannequin) de coiffeur en
bois.
On trouve également cette technique chez Kurt
Schwitters avec qui Haussmann se liera
d’amitié, mais qui restera en marge du
mouvement dada. Ce dernier fondera son propre
mouvement, Merz, de son œuvre
emblématique, Merzbau, une sculpture faite
d’objets hétéroclites qui grandissait
au fur et à mesure de nouveaux apports, qui
demanda de percer le plafond de l’étage en
1934.
Les dadaïstes rejettent la notion de sens et s’efforcent de maintenir une pureté de l’absurde qui est aussi la limite du mouvement.
C’est par hasard que Jean Arp (1886-1966) découvrit à ses pieds, une composition de morceaux d’un dessin qu’il venait de déchirer, composition dont l’esthétique se trouvait mieux que toute forme de perfection qu’il était en train de rechercher. Ses Papiers déchirés représentent le modus operandi d’un mouvement qui met la contingence au centre de la création tant littéraire qu’artistique.
À partir de 1919, Max Ernst utilisera pour technique des collages d’images qui fait apparaître des paysages nouveaux, créant de véritables illusions.
Par delà cette rupture avec les normes
esthétiques, le dadaïsme est aussi porteur
d’une cause sociale : en 1920, le mouvement atteint
son apogée avec la première et
dernière foire dada.
Devenu une mode, chargé de conflits et de
brouilles, le dadaïsme prend fin en 1922 avec la
désaffection de Tristan Tzara.
Contrairement au dadaïsme qui voulait saper les fondements de l’art traditionnel, le surréalisme ne cherche pas à rompre avec le passé, mais au contraire à le fouiller. La référence à un inconscient est alors centrale : derrière le sens manifeste des œuvres, il faut chercher un sens latent qui affleure dans des symboles.
Issus du mouvement dada, les poètes André Breton (1896-1966), Louis Aragon et Philippe Soupault (1897-1990) qui avaient pratiqué l’écriture automatique dès 1919, vont former les figures de proue de ce mouvement. Breton sera aussi influencé par la psychanalyse (il a rencontré Freud en 1921) qui lui donnera des éléments d’interprétations des œuvres dada, notamment avec l’aide de la théorie sexuelle.
Le mouvement prend forme avec la publication de Le Manifeste du Surréalisme (1er décembre 1924), d’André Breton qui définit son principe comme un « automatisme psychique pur par lequel on se propose d’exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée. Dictée de la pensée, en l'absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale ».
Les surréalistes chercheront à faire parler leur inconscient sous l’empire de la drogue, de l’alcool ou même, de la faim. Leurs œuvres sont des expressions métaphoriques de l’inconscient, où la part inconsciente du moi se métamorphose sans cesse.
Ils utilisent des techniques comme le jeu du cadavre exquis, un jeu qui consiste à faire composer un texte en mettant à la suite des mots de divers contributeurs sans liens avec ceux qui précèdent.
Les surréalistes se divisent à partir de
1929 autour de sujets politiques et de leur engagement.
Alors que certains seront exclus du mouvement comme
Antonin Artaud ou Philippe Soupault,
d’autres vont l’intégrer comme
René Magritte (1893-1967) et Salvador
Dali (1904-1989), avec par exemple Rêve
causé par une abeille autour d’une pomme
grenade, une seconde avant l’éveil en
1944. Dali voulut représenter sur cette toile les
stimuli extérieurs qui viennent s'intégrer
dans les rêves.
Ceux-ci ont subi l’influence de la peinture De
Chirico qui est pourtant en marge du mouvement et qui
verra dans leur lecture de son œuvre une
déformation de son sens.
Man Ray est un exemple de ces connexions entre les
mouvements. C’était un acteur du
dadaïsme avant de se tourner vers le
surréalisme. Il a notamment réalisé
le Violon d’Ingres, en 1924, une
photographie en noir et blanc qui représente Kiki
de Montparnasse, nue, dont le dos arbore les ouïes
d'un violon.
À la veille de la Seconde Guerre mondiale, beaucoup de surréalistes s'exilent aux USA, leur mouvement étant vu comme un art dégénéré pour les nazis.

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