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Le déclin de la modernité

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Objectif
  • Comprendre les raisons de la faillite du monde moderne.
  • Explorer les différentes représentations du monde qui font suite à celle de la modernité.
  • Savoir si ces nouvelles représentations du monde sont en rupture avec la modernité ou forment une continuité avec celle-ci.
Points clés
  • La modernité est désormais perçue comme une impasse dont l’humanité ne peut se sortir qu’en empruntant un retour à la tradition.
  • Il faut différencier les notions de postmodernité, d'hypermodernité et de non-modernité.
1. La crise du monde moderne
La modernité, du latin modus, « la mesure » et de l’adverbe modo, « ce qui vient de se produire », désigne ce qui est à la mode, mais aussi, la modestie ou la modération (du latin modus). Ce double sens éclaire alors ce qui caractérise la modernité : un accent mis sur le temps présent contre les Anciens qui inscrivent leurs pensées dans une tradition.

Rémi Brague identifie une relation de parasitisme que la modernité entretient avec ce qui la précède, qu’il s’agisse du christianisme ou de l’Antiquité. Par delà l’apparente rupture avec le monde des Anciens, la modernité ne peut donc qu’entretenir un lien de continuité refoulé et surtout travesti.
Mais il faut aussi établir que la modernité achoppe sur le problème de sa référence ou plutôt de son fondement : si l’Antiquité fondait l’âme sur la Nature et le christianisme, sur Dieu, les Modernes ne peuvent trouver de fondement du moi en dehors de lui-même. Le Moi devient la seule réalité, auto-fondée, à partir de quoi il est possible de penser le monde. Or c’est là aussi l’impasse d’un fantasme de toute-puissance : se donner l’être par soi-même, n’est-ce pas céder à l’illusion d’une totale liberté et se prendre pour un Homme-Dieu, incréé et absolu ?
Or la condition humaine est bien celle d’êtres éphémères, dont l’existence est relative (elle dépendant d’autre chose que de soi) et contingente (une vapeur, nous rappelle Pascal, peut nous tuer). En voulant fonder le sujet par lui-même, la modernité signe aussi son autodestruction.

Faut-il conclure que la fin de la modernité est la fin du monde ? Ne serait-ce pas seulement comme le suggère René Guénon la fin d’un cycle, où la Modernité, refusant toute tradition s’épuise, incapable qu’elle est de pouvoir se fonder et se légitimer ?
En ce sens, l'opposition désormais classique entre Occident et Orient doit davantage être vue comme celle entre société anti-traditionnelle - la modernité - et société traditionnelle. Non pas que les sociétés orientales soient les seules représentantes de la tradition, mais que l’Occident est dans cette période moderne dans une posture singulière, qui l’oppose même à sa propre tradition qu’il renie, la reléguant dans un mépris du Moyen ge par exemple ou une rupture affichée avec l’Antiquité et les Anciens.
L’apparente supériorité de cette émancipation des cadres cosmiques de l’Antiquité et de la parole de Dieu est alors perçue comme des faiblesses plutôt que comme des avantages.

Et c’est le statut du sujet, en peine de se situer dans un monde privé de référence qui interroge sur la modernité désormais perçue comme une impasse dont l’humanité ne peut se sortir qu’en empruntant un retour à la tradition. Tradition comprise, non pas comme une simple coutume (c’est l’usage corrompu de la notion de tradition) mais comme inscription de la partie dans le tout.

2. Postmodernité, hypermodernité ou non-modernité ?

Dans un de ses plus célèbres ouvrages, La condition postmoderne (1979), Jean-François Lyotard caractérise cette ère qui succède à la modernité et qui se signale notamment par la faillite de deux des grands méta-récits sur la science et de l’autre, l’éthique et la politique. Ces deux discours perdent leur légitimité, car tous deux font partie d’un système dont la fonction est de chercher à assurer sa performance. Aussi intègre-t-il les critiques comme des éléments de stabilité, ces discours devenant des éléments d’un système qui leur échappe et les intègre.

Or pour Gilles Lipovetsky (Les temps hypermodernes, 2006), c’est une tout autre révolution qui succède à cette faillite des autorités traditionnelles.
L’absence d’autorités n’est compréhensible que par le centrement de la société sur l’individu : paradoxalement à ce que les êtres des sociétés hypermodernes affirment comme le besoin de lien social, de prise de conscience de l’environnement, le mépris pour le matérialisme, tout est pensé sur le mode de l'individualité et d’une consommation de ce qui est nécessaire au projet d’un bonheur en définitive personnel. La seule réalité du corps social devient l’individu. Non plus un citoyen qui dans une société démocratique participe activement à la vie de l’ensemble de la société. Mais des êtres différenciés au point de rompre cette unité du corps social de l’atomiser en ses composantes.

Le problème de la modernité ne serait-il pas alors à situer dans l’illusion que les êtres humains ont pu maintenir de leur propre autosuffisance ? Dans Où suis-je ? (2020), Bruno Latour fait de cette tendance que l’individu a à se considérer comme parfaitement autotrophe (soit capacité à se nourrir de lui-même et de n’avoir aucune incidence sur son milieu) une façon de dénier les relations réelles que tout vivant entretient avec son milieu et de facto, avec les autres vivants, dans les termes d’une causalité réciproque complexe.
En témoigne la crise du covid-19 qui nous révèle que nous sommes des êtres hétérotrophes (en opposition à autotrophe), comme toute forme de vie et que nous faisons partie d’un ensemble lui-même vivant de toutes ces interactions et toujours en mouvement, Gaïa.
La notion d'individualité chère à la modernité trouve donc sa limite justement dans le concept de limite qui relève de la fiction : à vrai dire, tout est interdépendance dans le domaine du vivant.

La modernité achoppe donc sur une réalité plus complexe que tous ces découpages artificiels au travers desquels nous constituons nos individualités et qui, sous une apparente indépendance, une déterritorialisation de façade, un ensemble vivant de liens à un milieu changeant.

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