Roméo et Juliette : une dramaturgie du hasard
Les prologues des premier et deuxième actes annoncent d’emblée au spectateur, l’issue tragique de la pièce : nous savons dès le départ qu’il n’y a, pour les deux amants, aucun espoir. Nous le savons d’autant plus, que l’histoire est connue depuis la mésaventure de Pyrame et Thisbé, relatée dans les Métamorphoses d’Ovide.
Dès lors, comment le dramaturge parvient-il à tenir le spectateur en haleine, à soutenir son attention et à susciter son intérêt ?
En mettant en place une dramaturgie du hasard qui ménage de nombreuses surprises et provoque de vives émotions chez le spectateur. En somme, l’intérêt de la pièce n’est pas dans sa fin mais dans les moyens mis en œuvre pour y parvenir.
Le chœur du prologue du premier acte déclare : « Deux amants prennent vie sous la mauvaise étoile ».
L’amour de Roméo pour Juliette peut apparaître comme le perfectionnement de son amour pour Rosaline : le registre est le même mais le premier amour est éphémère et le fait d’un amant inconstant, tandis que le second incarne l’absolu.
• La perspicacité de Juliette
Juliette, dès le début de son amour, est accablée de pressentiments.
I, 5 : « Mon tombeau, je le crains, sera mon lit de noces. »
III, 5 : « Ô mon dieu ! J’ai une âme de pressentiment. »
IV, 3 : « J’ai une frayeur froide »
• Le vœu de frère Laurent
On assiste à la séparation de l’humain et du divin : s’il est porteur de la parole divine, l’ecclésiastique ne reste qu’un homme. Il ne peut qu’espérer obtenir l’aval du divin : « Que sourie donc le Ciel à cet acte sacré / Et plus tard ne le fasse point payer par chagrin. » (II, 6).
- Acte I, scène 4 : « Une conséquence encore dans les étoiles / Et qui cruellement va commencer son cours / Avec cette fête nocturne, et mettra fin / À la misérable vie que je porte en ma poitrine ».
- Acte V, scène 1 : « J’ai rêvé que ma dame arrivait et me trouvait mort ».
Quant à Juliette, elle s’étonne : « Le Ciel pourrait-il être si haineux ? » (III, 1).
Les amants sont des victimes prêtes à se sacrifier au nom de l’amour : « C’est à toi que je bois, Roméo ! » déclare Juliette en s’empoisonnant (IV, 3).
La première scène du premier acte débute comme une comédie et la bagarre est le fruit du hasard. Pourtant, elle donne lieu à la colère du prince qui prononce une sentence qui s’appliquera à Roméo, exilé pour le meurtre de Tybalt.
Roméo tue Tybalt à la suite d’une rencontre fortuite, alors même qu’il avait refusé préalablement de se battre. La volonté n’a aucun pouvoir face à la force du hasard.
Incident inattendu, l’émissaire de frère Laurent, frère Jean, n’a pas pu délivrer son message à cause de circonstances fortuites et totalement extérieures à l’intrigue : une épidémie de peste.
Le destin a, pour exécuter ses arrêts, un simple valet en bottes, Balthasar qui rempli mal son office, puisqu’il annonce, à tort, à Roméo, la mort de Juliette.
Cette mélancolie rejaillit sur l’ensemble de la pièce où elle est l’occasion de grands moments de poésie.
Le dramaturge parvient à tenir en haleine son spectateur grâce au traitement inhabituel qu’il lui propose d’une histoire connue :
- les héros sont innocents, ils ne subissent le diktat d’aucune passion coupable, et se sacrifient noblement à un amour pur ;
- les héros sont la proie de la Fatalité, dévaluée en hasard de comédie.
D’une grande efficacité dramaturgique, proposant un enchaînement de causes et de conséquences inéluctables, le hasard rend compte de la fragilité de l’existence humaine.

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