Les territoires de l'inconscient - Maxicours

Les territoires de l'inconscient

Objectifs
  • Comprendre la notion d’inconscient.
  • Connaitre les théories freudiennes et leurs limites.
Points clés
  • Au quotidien, être inconscient, c’est agir de manière irresponsable ou avoir perdu conscience. Mais un usage plus savant du mot renvoie au fait que nous aurions tous, dans l’esprit, un inconscient où certaines pulsions se cacheraient, même à nos propres yeux.
  • Il est courant d’attribuer à Sigmund Freud (1856-1939), médecin viennois, la découverte de cette partie inconnue de notre esprit : l’inconscient. Fort de cette découverte, Freud invente une méthode de soin psychologique, la psychanalyse, fondée sur la parole et l’écoute du patient.
  • Aujourd’hui qu’une partie des idées freudiennes appartient à l’opinion commune, il n’est pas inutile de les préciser et de les replacer dans l’histoire des différentes conceptions de l’esprit pour cerner leur originalité et leurs limites.
1. Transparence de la conscience

Les premières théories psychologiques se trouvent dans des traités philosophiques. Leurs auteurs n’ont pas pour but de soigner les maladies mentales, au contraire des psychologues actuels. Il s’agit de comprendre le fonctionnement de l’esprit humain. Ces tentatives de compréhension donnent lieu à des théories de l’âme humaine. Ainsi pour Platon (428-347), dans La République, l’âme humaine est constituée de trois parties hiérarchisées : l’intellect, le courage, les désirs. Nous pouvons être dominés par une de ces parties et cela expliquera notre caractère, que nous soyons à la recherche de la connaissance, de l’affrontement ou des plaisirs.

Pour la plus grande partie des philosophes, l’esprit humain est en droit transparent à lui-même. Cela signifie que je peux connaitre tout ce qui se passe dans mon esprit avec une certitude inégalable. Si c’est moi qui pense ou éprouve quelque chose, comment ne pourrais-je pas le savoir ? Ainsi Descartes (1596-1650) écrit : « il ne peut y avoir en nous aucune pensée, de laquelle, dans le même moment où elle est en nous, nous n’ayons une actuelle connaissance ». L’introspection (le fait de regarder en soi-même), de la philosophie à la littérature, passe pour le chemin le plus sûr vers la vérité. Les difficultés que l’on peut rencontrer en cherchant à connaitre soit les autres esprits, soit les objets extérieurs, seraient bien plus grandes.

Pour autant, les mêmes philosophes ne vont pas jusqu’à affirmer que notre conscience est omnisciente, que nous savons tout sur nous-mêmes. L’être humain en effet n’est pas seulement un esprit pur, c’est un esprit mélangé à un corps. Du fait de ce mélange, le corps produit dans notre esprit des émotions ou des passions qui restent en partie indéchiffrables. Un philosophe comme Leibniz (1645-1716) va bien plus loin toutefois, en affirmant que nos perceptions conscientes sont composées d’une infinité de « petites perceptions ». Quand j’entends le bruit d’une vague, j’entends en fait les chocs d’une infinité de gouttes, mais je n’en ai pas conscience. L’ignorance pourrait-elle alors se nicher jusqu’au sein de l’esprit ?

2. La découverte de l’inconscient

L’inconscient est une notion assez commune dans la psychologie du XIXe siècle. Freud la redéfinit et lui donne une importance nouvelle afin de comprendre et de guérir les troubles psychologiques.

Tout d’abord, il faut s’assurer qu’il est justifié de supposer l’existence de l’inconscient. Comment être conscient de ce qui est par définition inconscient ? Freud souligne que parfois des pensées conscientes apparaissent sans raison consciente. Nous en avons tous fait l’expérience : tout à coup une image, une idée, un mot surgit de nulle part. Or les idées ne se présentent pas au hasard : j’ai des raisons de penser à tout ce qui me traverse l’esprit et si ces raisons ne sont pas conscientes, c’est qu’elles se cachent dans l’inconscient.

Notre conscience les y a refoulées parce qu’il s’agit souvent de pulsions immorales et asociales, souvent sexuelles, que toute notre éducation nous apprend à rejeter sans pouvoir toutefois les éliminer complètement. C’est ce refoulement qui constitue l’inconscient. Si celui-ci ne se montre, par définition, jamais directement, il se trahit en revanche dans les symptômes de nos troubles psychologiques, dans nos rêves, dans nos actes manqués et dans nos mots d’esprit. En effet, il suffit parfois que nos pulsions soient trop fortes ou que nos barrières psychologiques soient affaiblies pour que l’inconscient refoulé se manifeste, même de façon déguisée.

Une patiente de Freud, Élizabeth, découvre ainsi au cours de son analyse que ses souffrances proviennent du désir inconscient qu’elle éprouve pour le mari de sa sœur morte récemment. Si elle n’accepte pas consciemment d’entretenir un tel désir jugé immoral, elle souffre trop de son célibat et cet homme est désirable et disponible. Cette contradiction inconsciente s’exprime dans des troubles physiques et psychologiques. Freud espère qu’en assumant ces motivations inconscientes Élisabeth parviendra à s’en libérer. Le plus difficile pour la patiente est de surmonter la résistance qu’elle oppose à l’idée qu’elle puisse avoir de telles motivations.

3. Freud : héritage et critique

Freud a bouleversé les théories classiques de l’esprit. La conscience considérée comme la partie principale de l’esprit devient accessoire, l’inconscient qui paraissait accidentel devient essentiel. L’impact de son œuvre sur la culture dépasse largement le cercle des soins psychologiques. La psychanalyse a été une source d’inspiration majeure pour les peintres, les poètes, les romanciers et les philosophes.

Les théories de Freud n’ont cependant pas échappé à des critiques radicales. Ainsi Karl Popper (1902-1994) conteste les prétentions scientifiques de la psychanalyse. En effet, une théorie scientifique doit être falsifiable en droit : il doit être possible de concevoir un résultat expérimental qui l’invaliderait afin de tester la théorie en question. Or la théorie freudienne semble être au contraire infalsifiable. Freud dit lui-même que les contestations de sa théorie s’expliquent par la même résistance que l’on oppose à la mise au jour de nos pulsions inconscientes. Mais si on donne raison à la psychanalyse en essayant de la réfuter, c’est que celle-ci est une pseudo-science.

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