Les nouvelles couches sociales
C'est pour cela que des alliances matrimoniales unissent la
haute bourgeoisie, composée de grands industriels,
commerçants ou banquiers, avides de reconnaissance
sociale et l'ancienne noblesse, poursuivant ainsi des
stratégies d'union initiées au
XVIIIe siècle. Les familles Schneider en
France ou Krupp en Allemagne s'unissent avec de puissantes
familles nobles.
Cette fusion entre anciennes et nouvelles élites se voit
également dans les activités et les valeurs
défendues par chacun des deux groupes qui se rejoignent
au cours du XIXe siècle. La bourgeoisie
se caractérisait surtout par son activité
économique et sa volonté de réussite
individuelle et matérielle alors qu'il était
interdit aux nobles de travailler sous peine de déroger
(perdre sa qualité de noble). Les valeurs bourgeoises
sont l'épargne, la sobriété, le refus de
se donner en spectacle, symbolisé par le costume sombre
accompagné d'un haut-de-forme porté par les
hommes. Au contraire l'aristocratie appréciait les
fêtes somptueuses et le jeu. La haute
société du XIXe siècle
mélange ces deux visions contradictoires du monde,
autant que les deux groupes sociaux.
Cette classe moyenne a une importance considérable, car sa situation correspond souvent à une promotion sociale, ce qui la rend redevable à l'égard des Etats, et en particulier les Etats libéraux qui favorisent l'enseignement et privilégient les qualités individuelles sur la naissance. Ce sont ces classes à mi-chemin entre monde ouvrier et bourgeoisie qui forment donc le socle des démocraties et garantissent la pérennité de ces régimes. C'est pourtant une classe fragile, en particulier dans sa « frange inférieure » qui peut être rejetée, « déclassée » vers le monde ouvrier dont elle est issue. Cette situation se rencontre parfois dans les années 1920 et 1930, faisant d'une partie de cette classe moyenne (commerçants, artisans, fonctionnaires) une clientèle électorale de choix pour les mouvements comme le fascisme ou le nazisme.
Cependant, des bouleversements se font jour au cours de la première moitié du XXe siècle : une mécanisation des activités agricoles favorisée par une bourgeoisie urbaine ou bien des bouleversements liés aux transformations politiques (révoltes ou révolutions des années 1918-1921 et collectivisation en URSS dans les années 1930).
En Europe de l'Ouest, la bourgeoisie joue un rôle actif dans la révolution agricole du XVIIe siècle et elle remplace souvent un monde aristocratique contraint d'abandonner ses terres (biens nationaux lors de la Révolution française). Le « maître » bourgeois se substitue alors simplement à l'ancien seigneur.
Les transformations importantes subies alors par les campagnes sur le plan économique (modernisation, mécanisation, fin du travail à domicile) entraînent aussi un basculement du poids démographique entre villes et campagnes à travers l'exode rural. Cela crée parfois des tensions comme aux Etats-Unis dans les années 1920 où les ruraux se sentaient dépossédés de « leur » propre pays au profit d'une population urbaine désormais plus nombreuse (réaction américaniste). Les paysans ou les ouvriers agricoles qui partent vont alors rejoindre les rangs des ouvriers d'usines ou des domestiques (Bécassine).
Progressivement cependant se forme une véritable « classe ouvrière » (terme marxiste) aux conditions de vie difficiles : problèmes de logements, souvent localisés au dernier étage des immeubles ou dans les interstices urbains (terrains vagues autour des Champs-Elysées à Paris) comme dans des quartiers bien définis (« Slums » des villes anglaises, quartiers est de Paris).
L'Etat n'intervient pas pour aider cette population, qui ne bénéficie pas de droits politiques spécifiques (le droit de grève en France date de 1864 seulement, le droit syndical de 1884) ni de droits sociaux (les allocations invalidité ou vieillesse ne sont installées que dans les années 1880 en Allemagne, pays très en avance sur le reste de l'Europe dans ce domaine). Le premier travail réglementé est celui des femmes et des enfants puis au tournant du siècle, la plupart des pays européens se dotent d'une législation sociale protégeant les ouvriers et limitant le temps de travail. Certains bénéficiaient pourtant d'avantages importants, lorsqu'ils étaient employés par les grandes firmes modernes comme celles de Schneider ou Michelin en France. Le patron, paternaliste, leur octroyait alors un environnement plus favorable que celui de leurs homologues des grandes villes (école, mutuelle, logement), en contrepartie d'une obéissance absolue.
La situation des ouvriers (conditions de travail, niveau de vie) s'améliore à la fin du siècle sous la double pression de l'Etat (et des partis de gauche comme les socialistes ou les radicaux en France) et des syndicats. Ce mouvement se poursuit après la Grande Guerre (1914-1918) en France par exemple lors du Front populaire (congés payés).
L'industrialisation et l'urbanisation du XIXe siècle entraînent des bouleversements sociaux importants. De nouveaux groupes sociaux apparaissent ou renforcent leur rôle dans la société, comme la bourgeoisie et les ouvriers. Au contraire, la société d'Ancien Régime, rurale et dominée par la noblesse tend à disparaître. Cette évolution est cependant inégale selon les régions : si l'Ouest de l'Europe connaît une mutation sociale rapide, la transformation des sociétés est bien plus lente à l'Est et au Centre de ce continent.

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