Les hommes existent-ils de la même façon que les choses ?
Mais sur quoi fonder cette différence ? Pourquoi semble-t-il légitime d'accorder davantage de valeur aux hommes qu'aux choses ? Le seul fait d'exister, d'être réelles, ne confère pas en effet aux choses une dimension d'exceptionnalité.
On entend donc ici par le terme d'« existence » le simple fait d’être par opposition à tout ce qui n’est pas. En ce sens très large, on peut donc affirmer que les choses et les hommes sont : ils existent, puisqu’on peut saisir leur réalité au moyen de nos sens.
Ainsi, pour Platon tout ce qui est dans la nature a un mode d’être fluctuant et passager. Pour lui, seules les Idées ont un être permanent échappant au mouvement. L’homme ne fait pas exception : il est par nature un être éphémère et transitoire. La finitude le caractérise : son existence est finie, limitée par la naissance et la mort. L’homme, sur terre, ne fait que passer, exactement comme les choses. Quand bien même il le voudrait, jamais il ne pourra échapper à cette fragilité de l’existence et accéder à l’éternité.
Cependant, si l'homme se détermine par la réalité et la finitude, on ne peut pas dire toutefois qu'il se réduit à ces deux caractéristiques.
Hegel dit ainsi que « les choses de la nature n’existent qu’immédiatement et d’une seule façon tandis que l'homme, parce qu'il est esprit, a une double existence ; il existe d'une part au même titre que les choses de la nature, mais d'autre part il existe pour soi, il se contemple, il se représente à lui-même, se pense et n'est esprit que par cette activité qui constitue un être pour soi. » (Esthétique, 1832). On parlera alors de « factualité » pour désigner le fait que les choses sont là, un point c’est tout.
Être conscient, c'est par conséquent savoir que l'on est. La notion de « conscience » recouvre plusieurs perspectives. En effet, la conscience humaine peut être définie selon quatre modalités :
• Elle est conscience de soi : l’homme sait qu’il existe et se considère comme un individu distinct de tous les autres, maître de ses décisions et de ses actions.
• Elle est conscience des autres : l’homme ne peut vivre refermé sur lui-même et toute existence humaine implique d’instituer des rapports avec autrui. Ces relations formant la possibilité d’une communauté où la vie est organisée selon des lois.
• Elle est conscience du monde extérieur : l’homme est ouvert sur le monde qui l’entoure et il est, selon l'expression de Heidegger « jeté dans le monde ». L'homme se différencie ainsi des autres réalités parce qu'il a conscience d'appartenir au monde, d'une part, et parce qu'il se sait mortel d'autre part.
• Elle est conscience du temps : l’homme ne vit pas dans l’immédiat, mais se rapporte à la fois au passé (par le souvenir) et au futur (par les projets qu’il forme). Il excède toujours le présent et est sans cesse tourné vers ce qui n’est plus ou vers ce qui n’est pas encore.
L’homme existe donc d’une façon beaucoup plus complexe et multiforme que les choses. Ne peut-on pas ajouter qu’il est le seul à exister ?
Sartre, dans L’existentialisme est un humanisme, en examinant la notion de nature humaine, affirme que chez l’homme, « l’existence précède l’essence ». L’homme existe d’abord, pour définir ensuite ce qu'il est. On ne peut donc, selon Sartre, donner une définition de la nature, ou de l'essence humaine : l'homme, originellement, n'est rien. Ce qu'il fera de sa vie (de son existence) déterminera ce qu'il est. C'est précisément parce qu'il n'est rien à la naissance que l'homme est « condamné à être libre » : ses choix, ses actes vont faire de lui ce qu'il deviendra.
L’homme, au contraire, a la capacité d’être à l’origine de ses actions. Il est libre, c'est-à-dire qu’il peut faire des choix et agir en fonction de ce qu’il a décidé de faire. Sartre montre, ainsi que nous venons de l'évoquer, qu’il n’y pas de déterminisme pour l’homme. L’homme a le pouvoir de décider de ce qu’il veut faire de sa propre existence.
La liberté est au fondement de la morale, comme l’explique Kant : seul un être libre de choisir ses actions pourra être loué ou sanctionné d’avoir bien ou mal agi. L’on doit donc du respect aux hommes et non pas aux choses. Seul l'homme, parce qu'il est libre, est en même temps « responsable » : il a en effet à « répondre » de ses actes. Seul l’homme ouvre la possibilité d’un monde marqué par des valeurs morales.
Kant, Fondements de la métaphysique des mœurs (1785) : l’homme doit être considéré comme un être libre, et digne de respect. Explication des fondements de la morale.

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