Objectif : savoir situer le recueil dans son
époque et dans l'évolution de la poésie au
cours du XIXe siècle.
1. Le contexte de la publication
a. La mauvaise réputation de l'auteur
Charles Baudelaire (1821-1867) a eu la réputation de mener
une vie dissolue, immorale, pour des gens
extérieurs mais aussi pour son entourage familial. C'est
ainsi qu'en 1844, à la demande de sa famille, la
justice a décidé de le déchoir de sa
majorité et de le rendre mineur aux yeux de la loi. D'une
manière générale, les dettes, la
consommation de drogues et les frasques amoureuses ont
donné à la vie du poète une
réputation sulfureuse.
b. Le scandale et la censure
Plusieurs aspects du recueil
Les Fleurs du mal ont
considérablement choqué les contemporains de
Baudelaire : l'
inspiration maléfique
affirmée par le titre, la morbidité des
poèmes, leur caractère charnel ou sensuel,
perçu comme de l'obscénité, ou plus
généralement, leur ignorance de la morale
religieuse constituent les principales raisons du
scandale.
Celui-ci a conduit à un procès qui s'est
tenu en 1857, juste après celui intenté
à un autre écrivain, Gustave Flaubert, pour son
roman Madame Bovary. Cette succession de procès
est bien le signe que l'on se trouve à une époque
extrêmement soucieuse d'ordre moral. Mais si
Flaubert n'a reçu que des blâmes, Baudelaire, lui,
a été contraint de faire retirer de son recueil
six poèmes jugés particulièrement
immoraux et qui n'ont été
réintégrés qu'en 1949.
En 1861, Baudelaire publie une seconde version des
Fleurs du mal qui comporte des textes
inédits (dont certains remplacent les poèmes
censurés) et obéit à une nouvelle
organisation.
2. Les principaux intérêts de l'oeuvre
a. L'ancrage dans la modernité
Baudelaire manifeste la volonté de rompre avec la
tradition poétique, notamment romantique. Cette
rupture est d'abord thématique : la
ville moderne (par exemple, dans « Rêve
parisien »), la foule (« A une
passante », « Le Vin des
chiffonniers »), la vie nocturne et le mal qu'elle
réveille en l'homme (« Le Crépuscule du
soir », « L'Aube spirituelle »),
les aveugles et les mendiants (« A une mendiante
rousse », « Les Sept
vieillards », « Les Petites
Vieilles ») entrent désormais dans l'univers
poétique.
b. La définition d'une poétique
La
rupture baudelairienne est également d'ordre
poétique. Tout d'abord, le poète se
définit lui-même comme un artiste
« surnaturaliste » (
Salon
de 1846), par opposition aux partisans de l'imitation de
la nature dans l'art. La poésie résulte pour lui du
travail de l'
imagination. Celle-ci se nourrit volontiers
d'un matériau insolite, bizarre, tel qu'en recèle
le monde réel.
Le second élément majeur de la poétique
baudelairienne réside dans la théorie des
correspondances, qui consiste à établir des
liens entre les sensations (visuelles, tactiles...) que
nous éprouvons. Cette théorie se trouve
exprimée dans le poème intitulé
« Correspondances » (« Les
parfums, les couleurs et les sons se
répondent ») et mise en oeuvre notamment dans
le texte « Les Phares ».
L'essentiel
Le recueil des Fleurs du mal marque un tournant majeur
dans la poésie du XIXe siècle,
parce qu'il fait entrer dans l'univers poétique des
thèmes et des motifs résolument
modernes et parce qu'il met en oeuvre une conception
originale de la poésie.