L'écrivain dispose de différents
procédés pour apporter du sens à son
texte. Les figures de style lexicales portent
particulièrement sur le sens des mots, contrairement aux
figures syntaxiques qui concernent la construction des
phrases. Trois mécanismes sont abordés :
l'opposition qui confronte deux termes de sens
contraires, l'insistance qui consiste à attirer
l'attention du lecteur sur un terme précis du texte et
l'atténuation qui permet de rendre une
affirmation moins forte.
1. Les figures d'opposition
a. L'antithèse
L'antithèse rapproche deux mots dans une relation
d'
opposition au sein d'une phrase. Elle souligne
un contraste, un désaccord ou un dilemme entre
deux termes.
Exemple :
« Quel ennemi choisir, d'un époux ou d'un frère ?
La nature ou
l'amour parle pour
chacun d'eux. »
(Pierre Corneille, Horace, 1640)
b. L'oxymore
L'oxymore associe deux termes qui
s'excluent
ordinairement, afin de concilier leur sens. Il souligne
l'apparence paradoxale du propos.
Exemple :
« Cette obscure clarté qui tombe des
étoiles. »
(Pierre Corneille, Le Cid, 1637)
c. Le paradoxe
On appelle paradoxe un raisonnement qui
contredit
une idée généralement
admise.
Il produit un effet de surprise et est porteur de
vérité.
Exemple :
« Adieu ! je vais chercher au milieu
des combats
Cette immortalité que donne un
beau trépas. »
(Pierre Corneille, Polyeucte, 1643)
d. L'antiphrase
Figure de l'
ironie, l'antiphrase consiste à
exprimer le
contraire de sa pensée, sans
pour autant voiler sa véritable opinion.
Exemple :
On dit « Quel courage ! » pour
souligner la lâcheté d'une personne.
2. Les figures d'insistance
a. L'hyperbole
L'hyperbole est la mise en relief d'une idée par
un mot ou une expression
exagérée.
Exemple :
« L'Ingénu ne pouvait se
séparer d'elle que pour aller délivrer un
ami : il y
vola. »
(Voltaire, L'Ingénu, 1767)
b. Le pléonasme et la redondance
Le pléonasme est une
surabondance de termes
et la
répétition superflue d'une
idée déjà contenue dans une
expression de la même phrase, ou dans deux phrases
proches en ce qui concerne la redondance.
Exemple :
« Aboyer aux huit
coins de ses tours octogones. »
(Victor Hugo, « Eviradnus »,
La Légende des siècles, 1859, 1877
et 1883)
c. L'emphase (ou la mise en relief)
L'emphase consiste à souligner un
élément de la phrase par des
procédés syntaxiques. On parle
d'emphase pour qualifier une expression d'une
solennité excessive, qui
insiste
particulièrement sur un élément.
Exemple :
Des animaux, Oudry
en peignait, lui.
d. La prétérition
La prétérition est une formule par laquelle
on
feint de passer sous silence un propos alors
qu'on l'exprime vraiment.
Exemple :
« Qu'est-il besoin de
parler ici de la Très
Chrétienne maison de France, qui par sa noble
constitution […]. »
(Jacques Bossuet, « Oraison funèbre
de Marie-Thérèse d'Autriche »,
Oraisons funèbres, 1656-1691)
3. Les figures d'atténuation
a. La litote
La litote consiste à exprimer une idée ou
un sentiment
fort sous une forme
atténuée : elle fait comprendre
plus en disant moins. Souvent elle fonctionne en
utilisant la négation de l'idée contraire
(il
n'est
pas laid pour dire
« il est beau »).
Exemple :
« Va, je ne te hais
point ! » signifie en
réalité « je
t'aime ! » (Pierre Corneille, Le
Cid, 1637)
b. L'euphémisme
L'euphémisme consiste à
atténuer la formulation d'un
énoncé déplaisant pour ne pas
blesser le destinataire : il adoucit le propos.
Exemple :
« Il a du
tempérament » signifie
qu'« il a une très forte
personnalité. »
« Il est très
prudent » veut dire
qu'« il est peureux. »