1. Le contexte politique, culturel et technique
a. L'alternance politique
Le 19e siècle est marqué
par de fréquents
changements de régime politique. On,
constate en particulier une alternance entre
l'Empire et la République :
Ier Empire en 1804,
IIe République en 1848,
Second Empire en 1852 et
IIIe République en 1871.
Cette instabilité politique se retrouve dans
l'ensemble des activités culturelles et donc
littéraires.
b. La révolution industrielle
Les progrès
techniques indéniables ont
également une influence sur l'inspiration des
poètes, sur leur manière de concevoir leur
œuvre achevée et sur leurs sujets de
prédilection. Ainsi le
19e siècle voit naître la
machine à vapeur (1803), la
photographie (1816), le
télégraphe (1832), le moteur
à explosion (1860), le
téléphone (1876), la lampe
électrique (1878), le pneumatique et
l'automobile (1891), le cinéma
(1895), etc.
La société change en raison de l'apparition
de nouvelles classes
sociales comme la classe
ouvrière, ou de l'émergence de classes
déjà existantes comme la
bourgeoisie.
c. Deux aspects de la poésie
Dans ce contexte très mouvant, tant au niveau du
pouvoir politique qu'au niveau de la place de l'homme
dans la société française, la
poésie et
l'œuvre
littéraire en général
apparaissent changeantes et renouvelées.
Ainsi, la poésie marque une alternance dans la
conception du rôle du poète :
artiste froid et détaché ou traducteur
sensible de l'état du
« moi ».
2. La succession des mouvements
a. Le romantisme
Après le siècle des Lumières
qui a été marqué par le règne
de la raison, le 19e siècle
poétique s'ouvre sur un mouvement qui
s'intéresse au « moi ». Le
poète romantique tente de dire le
« Mal
du siècle », car il
pense ne pas être né à la bonne
époque à la suite des grandes
désillusions de l'Empire et de proposer
à celui qui le ressent une analyse et une
évasion dans un monde plus propice à
l'épanouissement de la sensibilité. Ce
monde peut être celui du rêve, de la
nature ou d'une époque lointaine et
mystérieuse (temps bibliques, Antiquité,
Moyen âge...). C'est le règne du
lyrisme.
Les principaux poètes romantiques sont Alphonse
de Lamartine (1790-1869), Alfred de Vigny
(1797-1863), Alfred de Musset (1810-1857). Leurs
poèmes élégiaques et lyriques
chantent le sentiment et surtout la souffrance.
b. Le Parnasse
Le Parnasse
apparaît en réaction contre la
« sensiblerie » romantique. Ce
courant refuse à cette dernière son
expression des sentiments pour se consacrer à une
poésie plus formelle. La recherche
parnassienne concerne la forme du texte et la
virtuosité technique. Les poèmes reprennent
donc les formes classiques telles que le sonnet. Les
sentiments ne constituent plus la préoccupation
centrale du poète.
C'est une revue qui est à l'origine de ce nouveau
mouvement poétique : Le Parnasse
contemporain (1866, 1871 et 1876) qui regroupe, entre
autres, des œuvres de Théophile Gautier
(1811-1872), Leconte de Lisle (1818-1894),
Théodore de Banville (1823-1891) et
José Maria de Heredia (1842-1905).
c. Le symbolisme
Certains ont reproché au Parnasse de pratiquer une
poésie froide, très éloignée
de l'être humain et enfermée dans le cadre
classique. Ces poètes proposent par
conséquent de libérer la
poésie, le vers et l'inspiration. Ils se posent
comme des êtres ayant la possibilité de
transcrire l'existence d'un autre monde en
dépassant la simple signification du mot. Mais
ils ne sont que des intermédiaires malgré
tout rattachés au monde terrestre.
Cette position
instable permet la production de poèmes
suggestifs traduisant le mal-être du
poète qui se compare à des animaux comme
l'albatros (Baudelaire) ou le crapaud
(Corbière).
Les poètes représentatifs de ce mouvement
sont Gérard de Nerval (1808-1855), Charles
Baudelaire (1821-1867), Stéphane Mallarmé
(1842-1898), Paul Verlaine (1844-1896), le comte
de Lautréamont (1846-1870) et Arthur Rimbaud
(1854-1891).
3. Les auteurs « inclassables »
Hugo est un auteur essentiel du mouvement romantique, mais son influence ne
se limite pas au domaine poétique, c'est pourquoi il
dépasse le cadre d'un rappel de cours sur la
poésie du 19e siècle.
Baudelaire, quant à lui, est difficilement classable
dans un mouvement précis même si son
œuvre soutient finalement les principes
symbolistes.
a. Victor Hugo (1802-1885)
Dès 1827, Hugo prend part au mouvement
romantique,
en se joignant à Vigny et à Lamartine. Mais
il ne se limite pas à la poésie et se lance
surtout dans un combat pour imposer de nouveaux codes au
théâtre : c'est la bataille
d'Hernani (bataille entre classiques et
romantiques) qui a lieu en 1830, à propos de la
pièce du même nom.
En outre, il joue un rôle politique important, d'abord
auprès de Louis Napoléon Bonaparte puis en
ralliant la gauche. En exil, il compose des recueils
virulents contre Napoléon III. Il
s'élève aussi contre des injustices comme
le travail des enfants et contre la peine de mort.
b. Charles Baudelaire (1821-1867)
D'abord disciple de Gautier, Baudelaire appartient au
mouvement romantique. Puis il participe à
la première publication du Parnasse
contemporain en 1866. Mais Les Fleurs
du mal (1857 et 1861) illustrent surtout la
recherche des symbolistes. En effet, le
poète s'y montre comme un homme double, entre deux
mondes, qui tente de s'évader de la
réalité commune.
Ainsi Baudelaire a participé aux principaux
courants de son siècle mais il a surtout
orienté la poésie vers une voie
nouvelle en s'intéressant au domaine du
« mal » et en offrant au
lecteur un aperçu d'un autre univers.