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Les Caractères : lecture méthodique 1

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1. Le passage étudié
« Des Ouvrages de l'esprit », Chapitre 1, § 54
2. Situation du passage
Dans le premier chapitre des Caractères, « Des ouvrages de l'esprit », La Bruyère définit l'essentiel de la doctrine classique, à laquelle il tâche de se conformer lui-même : il faut donc honorer l'imitation des Anciens (« Combien de siècles se sont écoulés avant que les hommes dans les sciences et dans les arts aient pu revenir au goût des anciens, et reprendre enfin le simple et le naturel », I, 15 ) ; respecter le lien entre esthétique et morale (« Quand une lecture vous élève l'esprit, et qu'elle vous inspire des sentiments nobles et courageux, ne cherchez pas une autre règle pour juger l'ouvrage, il est bon », I, 31) ; se rappeler la nécessité de travailler (« C'est un métier que de faire un livre comme de faire une pendule », I, 3 ) ; manifester un goût parfait s'exprimant dans le choix des expressions les plus justes pour traduire avec le plus de naturel possible les idées (« Il y a dans l'art un point de perfection, comme de bonté ou de maturité dans la nature, celui qui le sent et qui l'aime a le goût parfait », I, 10).

Bien entendu, La Bruyère considère comme des modèles Racine et Corneille, deux Titans de la littérature du XVIIe.

La Bruyère se positionne ici clairement du côté des Anciens dans la fameuse Querelle qui opposera, à la fin du siècle, les partisans de la modernité (Perrault, Fontenelle) à ceux de l'imitation des grands auteurs antiques (Boileau, La Fontaine).

3. Les axes de lecture
a. Eloge de deux grands auteurs
Grandiloquence de l'éloge

Les tournures et le vocabulaire sont propices à vanter les qualités de Corneille et Racine et relèvent ainsi de la grandiloquence de l'éloge :

  • les accumulations développent sans fin les qualités des auteurs (« mais il est égal, soutenu, toujours le même partout, soit pour le dessein et la conduite de ses pièces, qui sont justes, régulières, prises dans le bon sens et dans la nature, soit pour la versification qui est correcte, riche dans ses rimes, élégante, nombreuse, harmonieuse ») ;
  • les relatives contribuent comme les accumulations à étendre les propos flatteurs (« c'est l'esprit, qu'il avait sublime, auquel il a été redevable de certains vers, les plus heureux qu'on ait jamais lus ailleurs, de la conduite de son théâtre, qu'il a quelquefois hasardée contre les règles des anciens ») ;
  • le superlatif exacerbe les qualités, les grandit (« quelques-unes de ses meilleures pièces », « certains vers, les plus heureux », « ce qu'il y a eu en lui de plus éminent ») ;
  • le vocabulaire est lui aussi mis au service de la flatterie ; il est essentiellement laudatif : « admirable », « élégante », « harmonieuse », « grand », « merveilleux », « délicat ».

Finalement, tous ces procédés relèvent de l'hyperbole : ils mettent en valeur et amplifient les qualités de ces deux grands dramaturges, pour justifier leur statut de modèles.

Opposition entre les deux auteurs

Racine se conforme très strictement aux règles fixées par les Anciens : « la conduite de ses pièces, qui sont justes, régulières », « exact imitateur des anciens, dont il a suivi scrupuleusement la netteté et la simplicité de l'action » ; de plus, ses personnages sont directement inspirés de la nature humaine.

Corneille, lui, s'émancipe quelque peu des instructions : « il ne s'est pas toujours assujetti au goût des Grecs et à leur grande simplicité ».

Le parallélisme confronte les deux auteurs, ce qui les caractérise et les oppose, dans des constructions absolument similaires. Le parallélisme s'appuie sur le jeu de balance des noms, puis des pronoms comme l'un / l'autre, celui-là / celui-ci, le premier / le second : « Corneille nous assujettit à ses caractères et à ses idées, Racine se conforme aux nôtres ; celui-là peint les hommes comme ils devraient être, celui-ci les peint tels qu'ils sont. Il y a plus dans le premier de ce que l'on admire, et de ce que l'on doit même imiter ; il y a plus dans le second de ce que l'on reconnaît dans les autres, ou de ce que l'on éprouve dans soi-même. L'un élève, étonne, maîtrise, instruit ; l'autre plaît, remue, touche, pénètre... ».

Supériorité de l'un sur l'autre : parti-pris de La Bruyère ?

On peut dire que Corneille excelle dans l'action et Racine dans la psychologie.

Le premier a l'art de suspendre l'action pour mieux ensuite déchaîner les événements, et il cède volontiers à la surcharge, même dans les caractères des personnages dont la grandeur s'impose aux spectateurs comme un modèle inaccessible.
Racine, lui, offre une action plus monotone et approfondit davantage la psychologie des personnages dont il fouille les passions.

La Bruyère semble reprocher à Corneille ses écarts (« les endroits où il excelle » sous-entend qu'il n'excelle pas dans tout !). Racine, lui, est parfaitement conforme (« exact », « scrupuleusement ») aux règles en vigueur et La Bruyère y voit une marque de perfection et se range par là-même du côté des Anciens.

b. Prémisses de la Querelle des Anciens et des Modernes
Derrière Corneille et Racine, d'autres grands modèles

Racine et Corneille sont très fidèles aux modèles antiques et participent donc activement à la pérennité des normes. Leur style est identifiable mais largement inspiré des Anciens. Ils gagnent donc leur droit à être considérés comme des modèles et les siècles qui ont suivi n'ont cessé de le confirmer.

Les modèles évoqués ici sont Sophocle et Euripide essentiellement, mais aussi plus généralement les Grecs (à nous de lire en filigrane Homère et Virgile, probablement).

Homère et Virgile sont les pères de l'épopée et de la versification à vocation narrative ; les pièces de Racine et Corneille sont écrites en vers, rappelons-le ; et leurs grands héros appartiennent à l'Antiquité.
Sophocle et Euripide sont, eux, les pères de la tragédie.

L'idéal de l'art dramatique

L'art dramatique selon La Bruyère devrait suivre scrupuleusement les règles dictées par les Anciens : pureté et imitation.
On remarque que la tragédie, genre noble d'après les Classiques, a la part belle ; en effet, Molière est cité dans ce chapitre « Des ouvrages de l'esprit », mais s'il a su bien imiter Térence, il est beaucoup trop vulgaire au goût de La Bruyère. Et pourtant, il y a beaucoup de similitudes entre certains caractères de La Bruyère et certains personnages de Molière !

La doctrine classique, un idéal esthétique ?

A travers le parallèle entre Racine et Corneille, La Bruyère révèle la conception classique du théâtre mais aussi plus globalement les préceptes élémentaires de la doctrine littéraire classique : expression juste et nécessitant goût et travail, respect de la morale et surtout l'imitation des Anciens, modèles inégalés. Les Anciens, d'ailleurs, sont largement évoqués dans ce texte et à travers eux, le poids du patrimoine littéraire.

On peut penser que La Bruyère prônerait tout aussi bien l'imitation des Anciens dans les autres arts que l'art dramatique ; seuls les contemporains qui les imitent bien sont jugés valables, et les plus audacieux, qui osent s'en émanciper, sont dénigrés. On est donc ici au coeur de la Querelle des Anciens et des Modernes. Rappelons que l'élection de La Bruyère à l'Académie française fut considérée comme une victoire des Anciens et son Discours de réception à l'Académie rend compte de cette victoire.

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