Le roman libertin

Dans le domaine littéraire, Dom Juan, le héros de Molière, athée et séducteur, illustre parfaitement le double aspect du libertinage. En effet, deux acceptions du mot se côtoient :

• d’abord, le libertinage intellectuel, qui est pratiqué par des personnes qui remettent en cause les dogmes, la morale religieuse. Ce sont des libres-penseurs ;
• ensuite, le terme de libertinage se spécialise dans le domaine des mœurs et désigne également un débauché, une personne qui ne respecte pas les règles morales qui encadrent les relations sexuelles.

De nombreux auteurs tels que Denis Diderot, Crébillon ou Choderlos de Laclos témoignent de cette réalité dans leurs récits dits libertins.

Les oeuvres libertines intellectuelles naissent au XVI^e siècle et se développent surtout au cours du XVII^e siècle grâce à des intellectuels comme Pierre Gassendi, Théophile de Viau ou encore Cyrano de Bergerac. Ces auteurs sont les précurseurs des philosophes des Lumières.

À la mort de Louis XIV en 1715, les mœurs se libèrent après une fin de règne austère. Cette nouvelle liberté se retrouve dans les romans libertins de moeurs où les personnages rompent les règles aristocrates pour agir comme bon leur semble, guidés par la recherche du plaisir. À travers ces romans, le jeu de la séduction est mis en avant, les intrigues amoureuses se nouent, ce qui n’empêche pas les auteurs de poser un regard critique sur leur société en dévoilant de manière cynique les mensonges et l’hypocrisie qui y règne.

La parution des ouvrages libertins s’accompagne d’une production prolifique de tableaux, dont les oeuvres de Fragonard.

Fragonard, Le Verrou, 1774-1778. 

Parmi tous ces ouvrages libertins, très prisés de la noblesse et lus en cachette car jugés trop licencieux, il y en a un qui rencontre un immense succès. Il s’agit des Liaisons dangereuses de Pierre de Choderlos de Laclos (1782).

Ce roman épistolaire retrace les aventures de la marquise de Merteuil et du vicomte de Valmont, qui emploient des stratégies libertines et les sentiments amoureux pour nuire. À travers leurs lettres, il est possible de voir comment Valmont utilise l’art de la parole et la manipulation afin de conquérir le plus de femmes possibles.
La marquise de Merteuil est, quant à elle, une des rares libertines romanesques. Très grande manipulatrice, elle explique dans une de ses lettres comment le libertinage lui permet d’être une femme libre. Elle s’oppose à l’image classique de la femme victime des libertins car trop naïve.

À travers ces ouvrages libertins, les questions liées à la place de la femme dans la société ainsi que son éducation sont abordées.