La versification classique- Seconde- Français
- Fiche de cours
- Quiz et exercices
- Vidéos et podcasts
- Connaitre les principales règles de versification classique.
- Comprendre comment la versification est au service de la forme, des idées.
- Le mètre désigne la longueur du vers. Il faut tenir compte, lors de la lecture, des « e » muets et des diérèses.
- Le jeu sur les sons (rimes, assonances, allitérations) confèrent au texte sa musicalité poétique.
- La poésie classique
- Le théâtre au XVIIe siècle
La poésie, à l'origine liée à la musique, est un jeu avec les mots qui repose sur la régularité des vers, des rimes et du rythme.
Au XVIIe siècle, la versification classique régit à la fois l’écriture poétique et théâtrale. Il faut attendre le XIXe siècle pour voir les règles s'assouplir et finir même par disparaitre.
Le mètre dépend du nombre de syllabes prononcées dans un vers. Parmi les vers les plus fréquents, on peut retenir l'alexandrin, qui comprend douze syllabes, le décasyllabe, qui en comprend dix et l'octosyllabe, qui en a huit. Pour le décompte des syllabes, il faut tenir compte de trois éléments :
-
à l'intérieur du vers, le
« e » à la fin d'un mot se
prononce s'il est suivi d'une consonne au mot
suivant ; mais il ne se prononce pas s'il est
suivi d'une voyelle (on parle alors
d'élision) ;
Exemple
« A/gile et/ no/ble,/ a/vec/ sa/ jam/be/ de/ sta/tue. »
(Charles Baudelaire, « À une passante », Les Fleurs du mal, 1857 et 1861.) -
à la fin du vers, le
« e » qui termine un mot ne se
prononce jamais ;
Exemple
« Chaud,/ froid,/ com/me/ la/ fiè/vre a/mou/reu/se/ me/ traite. »
Pierre de Ronsard, « Madrigal », Sonnets pour Hélène, 1578.) - parfois, deux voyelles en contact dans un mot
comptent pour deux syllabes au lieu d'une : c'est la
diérèse, qui permet de mettre en
valeur le mot qu'elle allonge.
Exemple
« Si/ ce/la/ c'est/ ai/mer,/ furi/eux/ je/ vous/ aime. »
(Pierre de Ronsard, « Madrigal », Sonnets pour Hélène, 1578.) - Son contraire est la synérèse.
Exemple
« Juin,/ ton/so/leil/ar/dent »
(Guillaume Apollinaire, « La chanson du mal-aimé », Alcools, 1913.)
On doit faire alterner rimes féminines (qui se terminent par un « e » muet) et rimes masculines.
« Je demande à ton lit le lourd sommeil sans songes
Planant sous les rideaux inconnus du remords,
Et que tu peux goûter après tes noirs mensonges,
Toi qui sur le néant en sais plus que les morts. »
(Stéphane Mallarmé, « Angoisse », Poésies, 1887 et 1899.)
Les rimes peuvent être disposées de trois façons :
- en rimes plates (ou suivies) : AABB ;
- en rimes croisées (ou alternées) : ABAB ;
- en rimes embrassées : ABBA.
La richesse de la rime s'échelonne selon trois niveaux :
- la rime pauvre : un son en
commun ;
Exemple : émue/vue.
- rime suffisante : deux sons en
commun ;
Exemple : crimes/abimes.
- rime riche : trois sons et plus en
commun.
Exemple : divers/univers.
D'autres répétitions sonores peuvent se produire en dehors des rimes. Il peut s'agir :
- d'une assonance qui désigne la répétition d'un même son voyelle ;
- Exemple : « Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue. » (Racine, Phèdre, 1677.)
- d'une allitération qui désigne la répétition d'un même son consonne.
- Exemple : « Penses-tu qu'on te traite autrement qu'en rigueur ? » (Robert Garnier, Les Juives, 1583.)
Tous ces effets sonores participent à créer une certaine musicalité, mais peuvent également mettre des mots en valeur ou appuyer des émotions suscitées par le texte (admiration, crainte, etc.).
Le rythme nait de l'alternance de syllabes accentuées et non accentuées. En français, l'accent frappe la dernière voyelle d'un mot ou d'un groupe de mots autre que le « e » muet. Chaque accent est suivi d'une coupe dont la place est variable. Dans l'alexandrin classique, la 6e syllabe est forcément accentuée et marque ce qu'on appelle la césure, séparant le vers en deux hémistiches (= moitié d’un vers).
« Et les fruits /passeront // la promes/se des fleurs. » (François de Malherbe, Poésies, posth., 1666.)
L'enjambement : la phrase dépasse la longueur du vers et continue sur le vers suivant.
« Une île paresseuse où la nature donne
Des arbres singuliers et des fruits savoureux. »
(Charles Baudelaire, « Parfum exotique », Les Fleurs du mal, 1857 et 1861.)
Le rejet : un mot (ou un groupe de mots) d'une phrase est rejeté au début du vers suivant, ce qui le met en valeur.
« Déesse de nos moeurs, la guerre vagabonde
Régnait sur nos aïeux. Aujourd'hui c'est l'ÉCRIT. »
(Alfred de Vigny, « L'Esprit pur », Les Destinées, posth., 1864.)
Le contre-rejet : un mot (ou un groupe de mots) en fin de vers appartient à la phrase du vers suivant, ce qui le met en valeur.
« Souvenir, souvenir, que me veux-tu ? L'automne
Faisait voler la grive à travers l'air atone. »
(Paul Verlaine, « Nevermore », Poèmes saturniens, 1866.)
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