Les caractéristiques de la littérature d'idées et de la presse

Il existe quatre genres littéraires : le roman, le théâtre, la poésie et la littérature d’idées. Ce dernier genre désigne tous les textes à visée argumentative, que l'argumentation soit directe ou indirecte.

Il est question d'argumentation directe lorsque la fonction première du texte est d’argumenter sans passer par la fiction. L’essai, la lettre ouverte, le pamphlet, le discours permettent à leur auteur de s’exprimer directement. Toutefois, ce dernier expose explicitement ses idées et peut être censuré ou condamné.

Il est question d’argumentation indirecte lorsque l’auteur a recours à un texte fictif pour transmettre son message. Les apologues sont des textes à visée argumentative qui délivrent un enseignement ou une critique à travers un récit, explicité par une morale. L’auteur est davantage protégé de la censure mais le lecteur doit être instruit et interpréter le texte.

La presse écrite voit le jour grâce à l’invention de l’imprimerie par Gutenberg en 1438 mais également grâce au besoin qu’éprouvent les humanistes de transmettre le savoir. Au XVIIe siècle sont éditées les premières revues hebdomadaires.

Il faut attendre le XIX^e siècle pour que la presse écrite se développe grâce aux avancées techniques. La presse est alors une source d’information populaire très prisée. Elle devient un contre-pouvoir puissant en publiant de nombreux articles critiques.

Le courant humaniste place l’humain au centre des réflexions et pose un regard sceptique sur les connaissances de l’époque.
L’essai, genre de l’argumentation directe, nait à cette époque sous la plume de Montaigne et livre de manière explicite les opinions de son auteur. Celles-ci peuvent porter sur la religion, l’éducation, la politique, l’art, etc.

Avec le classicisme se développe l’apologue, genre de l’argumentation indirecte. Il s’agit d’un texte court, écrit en vers ou en prose et constitué de deux parties : le récit et la morale.

À cette époque, Jean de La Fontaine publie des fables et Charles Perrault des contes, qui sont deux formes d'apologue. Il est impossible de critiquer directement le roi ou sa politique, les auteurs ont donc souvent recours à l’argumentation indirecte pour se protéger.

À cette époque, les auteurs qui posent un regard moral sur la société sont des moralistes. Parmi eux se trouvent La Fontaine mais également Jean de La Bruyère avec son oeuvre Les Caractères, composée en partie de portraits satiriques, François de La Rochefoucauld et ses Maximes, ou encore Blaise Pascal et ses Pensées.

Siècle d’or de l’argumentation, le siècle des Lumières développe de nouvelles formes argumentatives afin de porter un regard plus critique que jamais sur la société.

Les lettres et les dialogues, fictifs ou réels, permettent de confronter deux thèses différentes.

Le conte philosophique, inventé par Voltaire, suit la structure d’un conte traditionnel, retraçant les aventures souvent initiatiques d’un personnage confronté à la société. Il permet aux lecteurs de se poser des questions d’ordre philosophique et de leur délivrer un enseignement moral. L’Encyclopédie est l’ouvrage phare des philosophes des Lumières. À travers elle, ces derniers souhaitent apporter la connaissance afin de lutter contre l’obscurantisme.

Les traités et discours développent une argumentation directe. Le Traité sur la tolérance de Voltaire et les discours de Rousseau font partie des plus célèbres.

Peu à peu, la littérature et la parole se libèrent de la censure, même si celle-ci est encore d’actualité au XIX^e siècle, puis au XX^e durant les deux guerres mondiales, notamment pour la presse.

Grâce aux journaux, les Français ont toutefois accès à de nombreuses informations et participent ainsi aux grands débats de leur époque (comme « L’Affaire Dreyfus » au XIX^e siècle). C’est également le cas au cours de la Seconde Guerre mondiale où de nombreux journaux clandestins participent à la Résistance.

Les formes de littérature d’idées, plébiscitées par les auteurs, sont souvent indirectes. La poésie, le roman et le théâtre deviennent engagés au XX^e siècle.

Par ailleurs, les auteurs s’expriment plus directement à travers des discours (Albert Camus, Aimé Césaire), des essais (Simone de Beauvoir, Stéphane Hessel) ou des articles de presse.

Toutefois, la presse écrite est désormais concurrencée par de nombreux autres médias dont Internet, qui permet d’avoir accès à de nombreuses informations.