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Le pouvoir médiatique

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Objectif
  • Comprendre comment les médias interagissent avec le pouvoir.
  • Interroger la notion de neutralité journalistique.
  • Développer son esprit critique par rapport aux informations.
Points clés
  • Les médias peuvent aussi bien servir d’outil de propagande en relayant la voix des puissants, qu’assurer un contre-pouvoir, en vérifiant les discours officiels, en révélant des informations de première importance ou en portant le témoignage des dominés.
  • Le financement des médias joue sur l’indépendance dont bénéficient les journalistes qui travaillent pour eux.
  • L’avènement du numérique a entrainé de profondes mutations : information en temps réel, multiplication des producteurs de contenus, méfiance à l’égard des médias, nécessité accrue de vérifier et décrypter les informations…

Le journalisme est l’acte d’informer : c’est-à-dire de collecter, sélectionner et vérifier l’information avant de la diffuser. Les enjeux autour de l’information sont immenses. C’est par son biais que nous forgeons nos représentations du monde. C’est également par elle que sont facilitées la circulation des idées et l’émergence de mobilisations citoyennes.

1. Les origines du journalisme : de l'outil de propagande au contre-pouvoir

Le premier grand journal officiel voit le jour en France en 1631. Il s’agit de La Gazette publiée par le Docteur Théopraste Renaudot, grâce à l’intervention du Cardinal Richelieu qui s’en sert comme outil de propagande. L’acte de naissance de la presse soulève d’emblée la question de son interdépendance avec les organes du pouvoir.

Deux siècles plus tard, en 1831, Alexis de Tocqueville s’interroge sur les fondements de la démocratie et affirme que « la souveraineté du peuple n’a de réalité que par la liberté et la concurrence entre les journaux ». Il élève la presse au rang de quatrième pouvoir selon une classification résultant de son observation du système américain. Si Tocqueville insiste sur le nécessaire rôle de contre-pouvoir de la presse, c’est sans fascination particulière et sans grande illusion sur sa participation au bien commun : « J’aime la presse par la considération des maux qu’elle empêche, bien plus que pour les biens qu’elle fait ».

Le pouvoir des médias sur l’opinion publique a mauvaise presse chez les gouvernants : supprimée sous la Convention, la liberté de la presse est ensuite censurée par Bonaparte. Le contre-pouvoir journalistique devient selon les régimes tantôt un acte de résistance tantôt de modération du pouvoir politique. Encore aujourd’hui, pris dans sa globalité multimédiatique, le journalisme informe, mais aide surtout l’opinion publique à exercer une réflexion critique face à l’exercice du pouvoir.

2. Un système médiatique sous emprise

Avant la Première Guerre mondiale, la presse écrite française bénéficiait de l’hégémonie médiatique (il s’agissait du seul média disponible). De nombreux médias voient ensuite le jour et se développent : la radio, les magazines, puis après la Seconde Guerre mondiale, la télévision et plus récemment internet. Il ne suffit pourtant pas d’avoir une grande diversité de médias pour considérer qu’une information est libre, car le système médiatique se heurte à deux écueils fondamentaux.

a. L'avènement de la « médiacratie »

Les médias de masse apparaissent en même temps que le suffrage universel : il existe un lien étroit entre l’actualité politique et sa couverture médiatique. Cependant, on peut s’interroger sur l’impact du battage médiatique autour des sondages visant à évaluer l’opinion publique sur ses votes et préférences.

Pour certains observateurs, le fait que le pouvoir en place adapte sa politique en fonction des résultats sondagiers relayés par les médias met à mal le régime démocratique. Par exemple, en 1990, François-Henri de Virieu introduit le terme de « médiacratie » pour désigner le danger que représentent les médias vis-à-vis du pouvoir et de la démocratie : « le peuple souverain s’exprime de moins en moins par ses bulletins de vote et de plus en plus par la pression de son jugement, de sa pensée, de ses opinions. »

b. La concentration au service des puissants

De la question du financement des médias découle la problématique de l’indépendance journalistique. La publicité et le marketing contribuent à façonner l’information et les médias en se glissant dans leurs contenus. C’est notamment le cas des publireportages, des pages de rédaction achetées par un annonceur, qui se présentent comme un contenu informatif mais font en réalité les louanges d’un produit ou d’une entreprise.

Plus largement, en France, comme dans de nombreux pays occidentaux, les médias de masse sont désormais entre les mains de grands groupes industriels et publicitaires souhaitant faire du profit (Bernard Arnault, Vincent Bolloré, Martin Bouygues, Serge Dassault, Arnaud Lagardère, Xavier Niel). Ces derniers ont intensifié la concentration des médias dans une dimension verticale (création, production, distribution) et horizontale (réunissant au sein d’un même groupe tout types de médias : TV, radio, presse, internet). « Sept milliardaires contrôlent 95 % de l’information journalistique » déclare Fabrice Arfi, journaliste à Médiapart, en octobre 2015. Mais si ces grands patrons de presse affirment que leurs équipes rédactionnelles sont indépendantes, nombre de leurs journalistes pratiquent l’auto-censure pour ne pas nuire à l’image et aux intérêts de leurs patrons.

3. Le traitement de l'information : un nécessaire décryptage

Les médias ont été l’objet de nombreuses mises en causes. Leurs pouvoirs sont jugés abusifs, exorbitants, incontrôlables et menaçants pour la démocratie. Le sociologue Pierre Bourdieu révèle par exemple la dérive conformiste du monde politico-médiatique, dénonce l'homogénéisation des contenus et condamne le règne de l’idéologie dominante.
Dans le même temps, Régis Debray apparente l’influence médiatique à l’exercice du pouvoir spirituel et religieux. Selon lui, ce dernier serait désormais passé des mains des prêtres à celles des journalistes. L’affaire d’Outreau en est la parfaite illustration. Croyant avoir mis à jour un effroyable réseau de pédophilie en 2001, la justice et les médias français s’aperçoivent en 2005, après un long imbroglio judiciaire, que les accusés d’Outreau sont en réalité innocents. Les mêmes journalistes qui les avaient condamnés dressent ensuite d’eux des portraits admiratifs. Les médias façonnent les coupables, les victimes, les héros.

Plus récemment, les plaintes et les témoignages visant des hommes issus des classes dominantes et des sphères de pouvoir ont connu un certain retentissement médiatique. Les mêmes médias continuent pourtant dans le même temps à survoler et à mal couvrir les cas de violences sexuelles et de féminicides émergeant dans l’actualité, abordés comme des faits divers et réduits au rang de drame familial.

Emballement médiatique, manque de neutralité, impartialité : c’est l’objectivité journalistique qui est sérieusement questionnée. Le problème, c’est que la définition même de cette neutralité reste glissante, et interroge le lien entre réalité et vérité. S’agit-il pour les journalistes de tout dire, afin d’être dans un rapport fidèle au réel ? D’adopter une attitude la plus détachée possible, très factuelle ? D’assumer clairement le fait qu’on parle toujours depuis une position précise, définie par ses origines sociales, son vécu personnel, ses opinions politiques ?

Face aux conséquences d’une information sensationnelle, mise en scène ou uniformisée, une nécessaire distance critique s’impose. Dans son essai Décryptez l’information, le journaliste Jean-Luc Martin-Lagardette a construit une grille d’analyse des contenus journalistes pour tenter de mesurer leur qualité. Elle consiste à observer les points suivants :

  • l’information est-elle un fait ou un commentaire ?
  • les faits sont-ils précis et exacts ?
  • l’information prend-elle en compte une diversité de points de vue et des positions contradictoires ?
  • les sources sont-elles nommées et recoupées ?
4. L'information à l'ère du numérique : tous journalistes ?

En 2006 nait Twitter, qui permet de relayer en temps réel des informations sous une forme très condensée (microblogging). Ce réseau social contraint les médias à s’aligner sur une temporalité extrêmement rapide. Les contours du métier de journaliste évoluent : les rédactions pratiquent désormais la veille informatique et intègrent la dimension collaborative dans leurs lignes éditoriales. On parle même de « journalisme d’écran » pour qualifier le travail des journalistes qui produisent des articles depuis leur bureau, à partir des seuls flux d’informations, par opposition au journalisme de terrain.

Le virage numérique ne renouvelle pas seulement les méthodes journalistiques, il modifie en substance et en profondeur le statut de créateur de contenu. Les technologies offrent à toutes et à tous la possibilité de traiter l’information, qui n’est plus l’exclusivité des professionnels. La construction en réseau d’internet facilite la diffusion par capillarité des contenus, si bien que le crédit autrefois accordé à l’émetteur de l’information, le journaliste, glisse vers le messager, celui qui relaie, au risque de laisser des informations non vérifiées se répandre massivement. Face à une information gouvernée par l’immédiateté et qui altère parfois les faits, il est assez fréquent d’être mal informé ou même désinformé, quel que soit le niveau d’instruction et le niveau de consommation médiatique. L’un des avenirs du journalisme consiste donc à se transformer en contrôleur, en « fact-checker ».

En 1958, le théoricien de la communication canadien Marshall McLuhan avance que « le média est le message » (1958). Selon lui, la nature du canal de transmission d’un message compte plus que le sens ou le contenu du message lui-même. Cela signifie que l’expérience vécue du média utilisé constitue le véritable message. L’ère numérique semble confirmer la théorie de McLuhan : il n’est plus possible de dissocier les contenus de leur forme et de leur scénarisation sur le web (images, vidéos, gif, etc.). Le choix des images et des sons, ainsi que leur assemblage témoignent d’un regard et d’une sensibilité, ils expriment des intentions. Empathie, intimité, immersion : l’émotion est parfois caractérisée de nouveau fléau du journalisme. L’information ne serait plus sélectionnée pour son degré d’importance réelle, mais en fonction de son pouvoir de captation des émotions.

La révolution numérique, la fin de l’hégémonie des journalistes dans la diffusion de l’information avec l’émergence des réseaux sociaux, le brouillage progressif entre faits, opinions et émotions participe à la lente érosion de la confiance des Français dans les médias. Lors de la récente crise des « gilets jaunes », certains journalistes ont même été violemment pris à partie par des manifestants, laissant entrevoir un point de rupture dans le pacte de confiance démocratique unissant jusqu’alors les journalistes au reste des citoyens. Entre-soi mondain, journalistes partageant les mêmes opinions, écoles de journalisme orientées, journalistes découragés face aux pressions politiques : les critiques sont nombreuses. Heureusement les moyens d’action ne manquent pas non plus pour participer à l’émergence d’un pouvoir médiatique renouvelé : plébisciter les médias alternatifs, exercer un rôle de surveillance vis-à-vis des médias traditionnels en usant du droit de réponse, participer à la production de l’information via les médias libres, etc.

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