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Le genre épidictique

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Objectif
  • Comprendre ce qu'est un discours épidictique.
Points clés
  • Les genres de l’éloge et du blâme sont très productifs, bien qu’on ait tendance à négliger leur aspect argumentatif.
  • Ces discours et textes proposent un point de vue positif ou négatif qui ne persuade pas nécessairement dans l’immédiat, mais renforce plutôt des dispositions permanentes, des valeurs sociales communes, des consensus.
  • Le genre épidictique permet aussi de faire évoluer les mœurs à travers la satire.

Dans la tradition rhétorique mise en place par Aristote, on distingue trois genres argumentatifs dont le genre épidictique, genre du blâme et de l’éloge, qui se pratiquait en Grèce Antique, notamment pour les célébrations officielles d’un mort, d’une cité ou d’un dieu.

1. Définition
Le discours épidictique s’attache essentiellement au présent, à des faits actuels (contrairement au genre judiciaire qui évoque des faits passés et au délibératif qui évoque des faits à venir), même si l’orateur peut rappeler le passé ou anticiper des conséquences à venir. Il a pour objectif de persuader de ce qui est beau ou laid de façon esthétique ou morale (ce qui est vil ou noble et grand), de mettre en valeur les qualités (éloge) ou les défauts (blâme) d’une personne, d’une institution, d’une idée ou d’une œuvre.

L’orateur s’adresse à un auditoire qui doit évaluer les qualités de l’objet du discours. Le discours épidictique est principalement un discours d’apparat lors de cérémonies officielles.

2. Genres rattachés

L’éloge consiste en un discours de valorisation des qualités d’un être humain, d’une cité, d’un pays, d’une divinité, d’une idée ou d’une institution. Ce genre assez vaste recouvre de nombreux genres de textes.

L’oraison funèbre, élogieuse par convention, est prononcée lors de la cérémonie qui suit la mort de quelqu’un ou un anniversaire de la mort.

L’hymne est dans la tradition antique un chant à la gloire des dieux, mais il peut aussi être chanté dans le cadre d’une cérémonie funèbre ou d’un mariage. Actuellement, il est surtout employé dans le sens d’hymne national (chant à la gloire d’un pays).

Les termes panégyrique et dithyrambe renvoient à des genres antiques qui ne sont plus pratiqués actuellement : un éloge panégyrique est un éloge déclamé en public pour célébrer, lors d’une cérémonie officielle, une personne illustre, une cité (Athènes) ou un Empereur (à Rome). Le dithyrambe est un hymne religieux adressé au début au dieu Dionysos exclusivement. Dans le cadre de la religion chrétienne, le panégyrique s’est spécialisé dans l’éloge d’un saint ou d’une sainte.

Deux types d’éloge plus surprenants : l’éloge paradoxal est un genre humoristique qui consiste à faire l’éloge de quelqu’un ou quelque chose considéré a priori comme indigne d’un éloge, comme la folie, la calvitie, Hélène qui causa la guerre de Troie, ou les poux, voire les araignées.

L’éloge ironique consiste à faire l’éloge d’une personne ou d’une chose que l’on méprise réellement et que l’on dénonce à travers des procédés ironiques (diasyrme), tout en faisant semblant de le louer. Cette ironie a un aspect insultant et persifleur ; on quitte donc le domaine de l’humour et de l’éloge, car ce faux éloge est en réalité un blâme cinglant.

Le blâme, contrairement à l’éloge revient à stigmatiser les défauts d’une personne ou d’un pays, d’une religion, d’une institution ou d’une idée, pour les dénoncer par exemple. Ce peut être un discours prononcé en public, mais le blâme est plus souvent écrit.

C’est par exemple le cas de la satire, un genre hérité de l’époque de la Rome antique, et qui s’écrivait alors en vers. La satire propose une critique moqueuse de son sujet dans le but de provoquer et de faire réfléchir. En France à l’époque classique, elle se présente sous la forme d’un discours en vers. Par la suite, le genre a tendance à disparaitre en tant que tel mais la presse satirique prend le relai au XIXe et XXe siècle. L’un des instruments de la satire dans la presse est la caricature ou le dessin de presse en lien avec l’actualité. Le Canard enchainé est un parfait représentant de cette presse mêlant brèves moqueuses et dessins humoristiques.

Le pamphlet est un blâme particulièrement virulent et polémique, outrancier parfois et railleur, qui attaque un gouvernement, une institution, une politique publique ou une personne publique (homme politique). On peut qualifier certaines œuvres (poèmes, discours, articles de journal ou d’encyclopédie…) de pamphlétaires si elles dénoncent en caricaturant, insultant, méprisant, dénigrant et raillant leur cible.

De façon symétrique au faux éloge, il existe un faux blâme ironique, il s’agit alors de louer par un discours sous l’apparence du blâme. Ce blâme ironique permet de faire l’éloge de façon ironique, sans donner l’impression d’être trop flatteur voire servile. On appelle ce faux blâme un astéisme.

3. Exemples d’œuvres célèbres de l’antiquité à nos jours
a. Éloge paradoxal d’Hélène

Le sophiste Gorgias (Ve siècle avant notre ère) fait dans ce discours l’éloge paradoxal d’Hélène, la femme dont on dit qu’elle est à l’origine de la guerre de Troie, puisqu’elle quitta son mari Ménélas pour suivre Pâris, un prince troyen.

S’il écrit cet éloge « comme un jeu », ce qui souligne son aspect humoristique, on peut aussi l’apprécier par l’éloge plus sérieux qu’il fait du discours persuasif et de la parole.

« 4. Avec une aussi noble parenté, elle hérita d'une beauté toute divine : recel qu'elle ne céla pas. En plus d'un homme elle suscita plus d'un désir amoureux ; à elle seule, pour son corps, elle fit s'assembler, multitude de corps, une foule de guerriers animés de grandes passions en vue de grandes actions : aux uns appartenait une immense richesse, aux autres la réputation d'une antique noblesse, à d'autres la vigueur d'une force bien à eux, à d'autres, cette puissance que procure la possession de la sagesse et ils étaient tous venus, soulevés tant par le désir amoureux de vaincre que par l'invincible amour de la gloire. [...]

6. Ce qu'elle a fait, c'est par les arrêts du Destin, ou par les arrêts des dieux ou par les décrets de la Nécessité qu'elle l'a fait ; ou bien c'est enlevée de force, ou persuadée par des discours (ou prisonnière du désir). Si c'est par la cause citée en premier, il est juste d'accuser ce qui doit encourir l'accusation : la diligence des hommes ne peut s'opposer au désir d'un dieu. Le plus faible ne peut s'opposer au plus fort, il doit s'incliner devant le plus fort et se laisser conduire : le plus fort dirige, le plus faible suit. Or, un dieu est plus fort que les hommes par sa force, sa science et tous les avantages qui sont les siens. Si donc c'est contre le Destin et contre Dieu qu'il faut faire porter l'accusation, lavons Hélène de son ignominie.

7. Si c'est de force qu'elle a été enlevée, elle fut contrainte au mépris de la loi et injustement violentée. Il est clair alors que c'est le ravisseur, par sa violence, qui s'est rendu coupable ; elle, enlevée, aura connu l'infortune d'avoir été violentée. C'est donc le Barbare, auteur de cette barbare entreprise, qu'il est juste de condamner dans nos paroles, par la loi et par le fait : par la parole se fera mon procès, par la loi sera prononcée sa déchéance, par le fait il subira le châtiment. Mais, Hélène, contrainte, privée de sa patrie, arrachée à sa famille, comment ne serait-il pas naturel de la plaindre plutôt que de lui jeter l'opprobre ? L'un a commis les forfaits, mais elle, elle les a endurés. Il est donc juste de prendre pitié d'elle et de haïr l'autre.

8. Et si c'est le discours qui l'a persuadée en abusant son âme, si c'est cela, il ne sera pas difficile de l'en défendre et de la laver de cette accusation. Voici comment : le discours est un tyran très puissant ; cet élément matériel d'une extrême petitesse et totalement invisible porte à leur plénitude les œuvres divines : car la parole peut faire cesser la peur, dissiper le chagrin, exciter la joie, accroitre la pitié. Comment ? Je vais vous le montrer. »

Gorgias de Léontium, Éloge d'Hélène. Extrait de Jean-Paul Dumont, Les écoles présocratiques, Folio Essais #152 – Gallimard, 1991, pp. 710-714

b. Le discours du transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon

Cet éloge funèbre a été prononcé par André Malraux (alors ministre des Affaires culturelles et lui-même ancien résistant) en décembre 1964, soit 21 ans après la mort de Jean Moulin, chef de la Résistance française, dont la Gestapo n’a pu tirer aucun aveu sous la torture.

Dans la péroraison, André Malraux lie le sort de Jean Moulin à celui des victimes des nazis pendant la Seconde Guerre mondiale puis, par le lieu où il repose – le Panthéon –, aux autres héros nationaux.

c. Virginie Despentes, King Kong Théorie

Virginie Despentes est une romancière et essayiste contemporaine. Dans la préface de son livre King Kong Théorie, elle fait l’éloge paradoxal des losers et la satire des stéréotypes féminins, dénoncés de façon très frappante, dans un style assez cru.

On pourrait assimiler cette entrée en matière à une captatio benevolentiae, où l’auteur crée son personnage de vaincue, pour mieux affirmer son autorité et sa crédibilité.

« J'écris de chez les moches, pour les moches, les vieilles, les camionneuses, les frigides, les mal baisées, les imbaisables, les hystériques, les tarées, toutes les exclues du grand marché à la bonne meuf. Et je commence par là pour que les choses soient claires ; je ne m'excuse de rien, je ne viens pas me plaindre. Je n'échangerais ma place contre aucune autre, parce qu'être Virginie Despentes me semble être une affaire plus intéressante à mener que n'importe quelle autre affaire. »

King Kong Théorie, de Virginie Despentes (2006)

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