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Le genre délibératif

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Objectif
  •  Comprendre ce qu'est un discours délibératif.
Points clés
  • Les discours délibératifs sont essentiels à la vie publique et politique d'un État. Ils sont composés à de nombreuses occasions historiques, dans certaines situations déterminantes.
  • Les discours délibératifs peuvent même représenter à eux seuls un tournant essentiel dans une guerre ou dans un combat comme celui mené contre la peine de mort, la ségrégation, etc.

Dans la tradition rhétorique mise en place par Aristote, il existe trois genres dont le délibératif, genre politique de l'exhortation ou de la dissuasion.

Ce type de discours se prononce principalement devant une assemblée de citoyens ou de représentants, comme les députés.

1. Définition
Le discours délibératif s’attache à des faits futurs. Il a pour objectif de persuader une assemblée de ce qui est utile ou nuisible à la cité, afin de l’exhorter à choisir ce qu’il est nécessaire de faire ou le dissuader d’agir à mauvais escient.

L’orateur s’adresse à un auditoire qui doit décider (assemblée politique, sénat) lors d’une session parlementaire, par exemple.

Le discours délibératif par excellence est le discours politique, celui qui cherche à obtenir les voix des électeurs, qui rassemble les partisans d’un homme d’État autour d’une cause commune, celui qui est lancé devant une assemblée avant le vote d’une loi.

2. Genres argumentatifs rattachés

Le discours est le terme générique pour désigner ce qui appartient au genre délibératif. Le discours tente de faire agir, de pousser à faire un choix décisif, à voter ou à lutter s’il s’agit d’un discours militaire. Il peut avoir pour but de disposer à l’action en suscitant certaines passions comme la peur ou le courage, la colère ou l’amour de la patrie. Il est souvent tenu par un homme d’État, ministre, général ou encore un représentant religieux.

D’autres genres s’éloignent de la vie publique et de la tribune politique, tout en gardant un aspect délibératif. On peut citer au théâtre le monologue délibératif, où un personnage seul en scène examine deux actions ou conduites opposées qui s’offrent à lui et doit en choisir une.

Le genre du dialogue philosophique ou dialogue d’idées peut aussi avoir un aspect délibératif, s’il met en scène deux personnages défendant des idées ou des conduites opposées.

Dans le domaine religieux, le discours qui exhorte à suivre les principes et dogmes d’une religion et qui est prononcé par une autorité religieuse est un sermon. C’est un genre littéraire à son apogée au XVIIe siècle en France. Le discours le plus célèbre que prononce Jésus-Christ à ses fidèles et à la foule réunie est aussi appelé le « Sermon sur la montagne » : il y expose l’essentiel de son message.

Dans le domaine esthétique, le manifeste a aussi un aspect délibératif. Il s’agit d’un discours écrit, rédigé par le chef de file d’une nouvelle esthétique, qui exhorte à suivre de nouveaux principes en art (poésie, musique, théâtre, peinture, etc.). L’un des manifestes les plus célèbres est cependant politique : Le Manifeste du parti communiste (1848) expose les bases de la théorie communiste pour fonder un nouveau parti.

Citons encore trois genres qui peuvent avoir des accents délibératifs dans la mesure où ils exhortent à suivre un modèle (préface d’un ouvrage) ou à adopter une politique publique spécifique (tribune publiée dans un journal). Pour finir, l’essai représente un genre aux contours assez flous. Sa dimension délibérative transparait dans les différents points de vue qu’il met en scène et la réflexion pro et contra qu’il déploie, plus que par l’aspect définitif et résolu de ses conclusions, car l’essayiste ne prétend pas épuiser le sujet qu’il examine.

3. Exemples de discours politiques célèbres de l'antiquité à nos jours
a. Démosthène, « Les Philippiques »

Démosthène fut l’un des meilleurs orateurs de la Grèce antique et un adversaire du roi de Macédoine Philippe II, père d’Alexandre le Grand, qui menaçait l’indépendance d’Athènes.

Dans ce discours, le deuxième d’une série de quatre, l’orateur met en garde les Athéniens contre l’inaction. Il exhorte ses concitoyens à agir, pour faire face militairement aux prétentions territoriales de Philippe II.

« Quand on vous parle, Athéniens, des actes de Philippe, de ses attentats à la paix jurée, je vois que ces discours vous semblent toujours dictés par une politique juste et humaine ; vous ne manquez pas d'applaudir tous ceux qui accusent Philippe, mais vous ne faites rien, ou à peu près, de ce qui serait nécessaire et un tel langage, cependant, ne vaut d'être écouté que si on l'applique. Hélas ! nos affaires en sont venues à ce point que, plus on convainc manifestement Philippe de violer la paix conclue avec nous et de tendre des pièges à la Grèce, plus il devient difficile de vous donner d'utiles avis. En voici la cause, Athéniens : contre les visées ambitieuses, ce qu'il faut, ce sont des actes, non des paroles ; or, nous, orateurs, nous évitons de proposer ou de conseiller des mesures actives, redoutant d'attirer sur nous votre inimitié ; mais nous énumérons tout ce que fait Philippe. »

Deuxième Philippique, de Démosthène (344 avant J.-C.), traduction de C. Poyard

b. Robespierre et la Révolution française

On peut également retenir le discours de Robespierre du 10 mai 1793 devant la Convention, première assemblée élue au suffrage universel masculin en France en septembre 1792.

C’est cette assemblée qui, en août 1793, fonda la très éphémère 1re République, dont la constitution fut suspendue deux mois plus tard par l’instauration en octobre 1793 d’un régime d’exception : la Terreur.

Voici le début de son discours (l’exorde), qui exhorte les députés à se mettre au service des intérêts du plus grand nombre :

« L'homme est né pour le bonheur et pour la liberté, et partout il est esclave et malheureux ! La société a pour but la conservation de ses droits et la perfection de son être, et partout la société le dégrade et l'opprime ! Le temps est arrivé de le rappeler à ses véritables destinées ; les progrès de la raison humaine ont préparé cette grande révolution, et c'est à vous qu'est spécialement imposé le devoir de l'accélérer. Pour remplir votre mission, il faut faire précisément tout le contraire de ce qui a existé avant vous. Jusqu'ici l'art de gouverner n'a été que l'art de dépouiller et d'asservir le grand nombre au profit du petit nombre, et la législation le moyen de réduire ces attentats en système : les rois et les aristocrates ont très bien fait leur métier ; c'est à vous maintenant de faire le vôtre, c'est-à-dire de rendre les hommes heureux et libres par les lois. »

c. L'appel du 18 juin 1940

En 1940, à la fin de la guerre éclair par laquelle l’Allemagne inflige une rapide et cruelle défaite à la France, deux partis se proposent aux Français :

  • celui de l’armistice et du gouvernement Pétain
  • celui de la résistance dont l’appel fondateur par le Général de Gaulle, alors réfugié à Londres, est prononcé le 18 juin 1940.

Ce premier appel, diffusé à la radio et peu entendu, est publié dès le lendemain par la presse française et diffusé à l’étranger. Il sera redoublé par un second appel le 22 juin.

Le général appelle à ne pas considérer cette première défaite comme définitive et à continuer le combat.

d. Martin Luther King « I have a dream »

I have a dream est le titre – donné a posteriori – d’un des discours les plus célèbres du XXe siècle, dans lequel le pasteur américain et militant de la cause antiraciste Martin Luther King imagine une Amérique égalitaire, où la ségrégation légale entre noirs et blancs serait abolie.

Martin Luther King prononce ce discours en août 1963, devant plus de 200 000 personnes venues participer à la marche pour les droits civiques à Washington, aux pieds du Lincoln Mémorial. La partie la plus célèbre de son discours est en partie improvisée : il s’agit de la péroraison soutenue par l’anaphore « I have a dream », répétée en début de chaque phrase.

e. Robert Badinter et l'abolition de la peine de mort

En 1981, la gauche gagne les élections présidentielles.

Pendant sa campagne électorale, François Mitterrand s’est engagé contre la peine de mort et l’avocat pénaliste Robert Badinter, en tant que ministre de la Justice, a l’occasion de faire voter une loi en faveur de son abolition.

Tout au long de sa carrière, Robert Badinter s’est montré un farouche opposant à la peine de mort, et c’est l’aboutissement d’un combat de plusieurs décennies qui trouve ici son épilogue.

f. Christiane Taubira à l'Assemblée nationale

Christiane Taubira, alors ministre de la Justice sous la présidence de François Hollande, est en charge de faire voter la loi qui ouvre le mariage aux couples de même sexe : « le mariage pour tous ».

Une partie de la société française, minoritaire mais hyperactive, a longuement manifesté contre ce droit accordé aux homosexuels. Christiane Taubira défendit cette loi devant les députés de l’Assemblée nationale en janvier 2013.

Après avoir présenté sa position dans une confirmation (partie du discours où l’on argumente en faveur de son point de vue), elle entame une réfutation (partie du discours généralement située après la confirmation et avant la péroraison, où l’on contre les arguments opposés).

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