Le personnage balzacien
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Constituée, à partir de 1842, en système
à la fois clos et dynamisée par le principe du
retour des personnages, La Comédie
humaine témoigne d'une volonté aussi bien
explicative que descriptive. Influencé par les
naturalistes de l'époque, Balzac veut classer les
espèces humaines en se fondant sur
l'hypothèse d'un corps social identique à la faune
naturelle. Pour Balzac, l'œuvre ne doit pas être
seulement reproduction du monde, mais elle doit en fournir
l'explication.
Or seule la fiction peut permettre à Balzac d'adopter ce
point de vue transcendant qui avait été celui de
Dante avec La Divine Comédie. D'où, en
1842, le choix du titre de La Comédie humaine,
qui dénonce l'hypocrisie, le jeu de rôles
gouvernant la société, mais qui surtout
désigne l'œuvre grâce à laquelle le
romancier analyse les mécanismes l'inhumaine
condition.
Un « personnage qui résume en lui-même les
traits caractéristiques de tous ceux qui lui ressemblent
», c’est ce qu’écrit Balzac dans la
préface d’Une ténébreuse
affaire. Voici donc l’entreprise, rassembler
le foisonnement de millions de figures humaines en quelques
caractères symboliques.
Le personnage devient
donc en quelque sorte collectif et
désigne une classe, un ensemble : Chabert
symbolise l’armée napoléonienne, Goriot, le
vieillard abandonné, ses filles, l'échec de
l'éducation. Tous les « types » sont
présents dans La Comédie humaine.
Balzac souhaitait « faire concurrence à
l'état-civil ». Dans l’univers
balzacien, un personnage « existe » grâce
à des indices explicites comme le
nom : le nom est en effet porteur de sens. Le nom
Eugène de Rastignac indique un jeune aristocrate, Esther
dit la Torpille, une prostituée, Trompe la mort, un
bagnard.
Les personnages principaux de La Comédie humaine ne semblent vivre que des envies ou des répulsions de celui qui les invente : en Rastignac et en Vautrin, Balzac a fondu tous ses rêves jamais complètement apaisés de gloire et de pouvoir ; en Nucingen il a compensé son insatiable besoin d'argent ; en Birotteau il a exorcisé sa hantise de la faillite ; avec Lucien et Esther il a assouvi son trouble et sensuel désir de la femme de chair.
La description des lieux et le portrait des
personnages figurent le plus souvent au début du
roman. C'est une manière de faire connaissance avec les
personnages et leur univers.
La pension Vauquer au début du
Père Goriot plante le décor
et présente les personnages en faisant leur portrait.
Mais cette description a une portée plus large :
sa fonction est symbolique. La crasse
ambiante renvoie à la noirceur des âmes de
ceux qui vivent.
Cette description a alors pour fonction de permettre au narrateur de donner son avis, de juger et au lecteur de l'informer sur les personnages et leur condition.
Dans La Comédie humaine,
la chronique sociale fait partie
intégrante du récit. C'est pour Balzac le moyen
de mettre en lumière les vices les plus
cachés de la société.
Les personnages phares de La Comédie humaine sont
alors des témoins privilégiés de
leur temps d’un point de vue historique
d’abord et social ensuite.
Historique, lorsque Hyacinthe
Chabert dans Le Colonel Chabert se fait le
témoin de la bataille d'Eylau aux côtés de
Murat ou encore Marie de Verneuil dans
Chouans. Marie de Verneuil figure la lutte contre
l’oppresseur que constitue la République.
Social avec Rastignac dans Le Père
Goriot qui découvre la vénalité et
l’égoïsme de deux filles face à leur
père. De même, Jacques Colin dans Splendeurs et
misères des courtisanes, qui retourne le
système judiciaire à son avantage, et en montre la
fragilité.
Il en est de même dans l’analyse des passions
humaines qui sont la source des grands fléaux du
siècle, passion contre laquelle va tenter de lutter Esther
ou encore Grandet en voulant éloigner Charles de
sa fille Eugénie.
Balzac en dressant cette chronique sociale dénonce les travers qui viennent souiller la société et œuvre afin que ses contemporains en tirent les leçons qui s’imposent socialement (l’éducation des filles, la prostitution), économiquement (la révolution industrielle) et politiquement (la corruption, l’instabilité politique).
L'essentiel
Le personnage balzacien est non seulement un
individu ayant un nom, une
personnalité, un univers social et familial, mais aussi
un type (le type du financier, de l'ambitieux
ou encore de la femme entretenue).
Avec ses personnages, Balzac cherche à rendre
compte de son époque.
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