Les liaisons dangereuses : les personnages secondaires

• Au début du livre, Mme de Rosemonde, la tante de Valmont, n’est qu’une vieille femme qui accueille dans son château des invités, parmi lesquels son neveu Valmont et Mme de Tourvel, dont le mari est retenu en Bourgogne. Mme de Merteuil s’étonne que Valmont puisse passer du temps chez une femme qui lui a d’ores et déjà légué ses biens : « (…) que faites-vous, que pouvez-vous faire chez une vieille tante dont tous les biens vous sont substitués ? » L2].

• Progressivement, son personnage prend de l’ampleur puisqu’elle devient la confidente de Mme de Tourvel à la place de Mme de Volanges. Valmont redoute cette évolution, considérant que « plus les femmes vieillissent, et plus elles deviennent rêches et sévères » [L110].
Une fois encore, Mme de Merteuil démontre sa supériorité dans l’analyse des caractères et répond à Valmont que les vieilles femmes se partagent en deux classes : celles qui tombent « dans une imbécile apathie, et n’en sort plus que pour le jeu et pour quelques pratiques de dévotion (…) » et celles, beaucoup plus rares, qui « ayant eu un caractère et n’ayant pas négligé de nourrir leur raison, savent se créer une existence, quand celle de la nature leur manque (…) Elles remplacent les charmes par l’attachante bonté, et encore par l’enjouement dont le charme augmente en proportion de l’âge. » [L113].

• Sa bonté et son refus de condamner les personnages démontrent que Mme de Rosemonde appartient à la seconde classe évoquée par la marquise. À la fin du livre, elle devient le dépositaire des secrets des personnages. Le chevalier Danceny lui remet toute la correspondance de Mme de Merteuil, qui lui avait été transmise par Valmont, ainsi que celle de Cécile.
Dans une lettre à Danceny, la vieille femme délivre la leçon qu’elle tire de tout ce qui lui a été révélé : « Si vous me permettez à mon âge une réflexion qu’on ne fait guère au vôtre, c’est que, si on était éclairé sur son véritable bonheur, on ne le chercherait jamais hors des bornes prescrites par les Lois et la Religion. » [L171].
• La mère de Cécile entend tout décider pour elle. Après l’avoir fait éduquer au couvent, elle ne l’en sort que lorsqu’elle lui a choisi un mari, le comte de Gercourt qui, pour l’époque et au regard de l’âge de Cécile, est un homme déjà âgé.

• Mme de Volanges se défie de Valmont et met en garde, en vain, Mme de Tourvel. Découvrant qui a prévenu Mme de Tourvel contre lui, Valmont voudra se venger en déflorant Cécile. En revanche, Mme de Volanges met toute sa confiance en la marquise de Merteuil et prendra conscience la dernière de sa duplicité. Elle restera même ignorante de la liaison entre Valmont et sa fille, à l’origine du duel entre Valmont et Danceny et de l’entrée de Cécile au couvent.

• Si, dans un premier temps, elle ne paraît occupée qu’à surveiller sa fille, Mme de Volanges n’est pas dépourvue de sensibilité puisqu’elle envisage sérieusement le mariage de Danceny avec Cécile lorsqu’elle constate le désespoir de celle-ci. Mme de Merteuil qui entend concrétiser ses projets de vengeance, la dissuade de poursuivre dans cette voie.
Qualifié de « valet de comédie » par Valmont [L15], Azolan est un « chasseur », soit un domestique en livrée de chasse qui montait derrière la voiture. Il joue un rôle non négligeable dans l’intrigue :

• Valmont le pousse à séduire la femme de chambre de Mme de Tourvel, afin de disposer d’informations. Grâce à cette liaison, Valmont découvre que Mme de Tourvel fait surveiller son comportement et il peut ainsi monter la comédie du secours au pauvre homme expulsé.
C’est encore grâce à Azolan que Valmont parvient à s’emparer de la correspondance de Mme de Tourvel. À cette occasion, Azolan fait devant son maître une réflexion que Valmont s’empresse de répéter à la marquise en lui vantant sa profondeur : « Monsieur sait sûrement mieux que moi (…) que coucher avec une fille, ce n’est que lui faire faire ce qui lui plaît : de là à lui faire faire ce que nous voulons, il y a souvent bien loin. ».

• Plus tard, Azolan est chargé de surveiller Mme de Tourvel de retour à Paris et d’intercepter son courrier, en sorte que Valmont soit toujours informé de son état d’esprit.