Le théâtre engagé au 20e siècle - Maxicours

Le théâtre engagé au 20e siècle

Objectif :
Comprendre l'engagement du théâtre au 20e siècle.
Dans la lignée d’auteurs étrangers, comme le dramaturge allemand Bertolt Brecht qui faisait du théâtre une tribune politique et un outil de réflexion pour le spectateur, de nombreux dramaturges français exposent leurs idées politiques ou philosophiques dans leurs pièces. Mais il s’agit moins pour eux d’imposer une doctrine que de soulever un débat, mis en scène à travers la diversité des prises de parole.
1. Le contexte déterminant de la seconde guerre mondiale
a. Avant la guerre
Devant la montée du fascisme et du nazisme, certains dramaturges (comme Anouilh ou Giraudoux) se détournent du théâtre de boulevard pour se tourner vers un théâtre engagé. Ils utilisent alors le mythe pour exprimer leurs angoisses et adaptent les problématiques antiques à celles de l’avant-guerre.
b. Sous l'Occupation
Le théâtre connaît une très grande vitalité : le public en quête de divertissements se précipite dans les salles de théâtre. Les dramaturges se servent du théâtre pour donner leur lecture politique et philosophique des événements.

Un très grand nombre de pièces sont ainsi créées à cette époque : Sartre écrit Les Mouches en 1943 et Huis Clos en 1944, Camus, Le Malentendu en 1944 et Caligula en 1945.
c. Au lendemain de la guerre
Face aux atrocités de la guerre, le besoin de s’engager demeure très présent. La notion de littérature engagée est théorisée par Sartre qui rappelle dans Qu’est ce que la littérature, que l’écrivain est en situation et qu’il ne peut ignorer les problèmes de son temps.
2. Des auteurs et des pièces engagés
a. Giraudoux
La rencontre avec l’acteur et metteur en scène Louis Jouvet fut déterminante dans la carrière de Giraudoux qui se consacre à partir de 1928 au théâtre. Face à la montée des périls et à l’approche d’un conflit qui semble de plus en plus irrémédiable, les pièces de cet auteur, à l’origine diplomate, se teintent d’un pessimisme croissant. A l’instar d’autres dramaturges, il réactualise les mythes antiques afin de réfléchir sur l’actualité.

Dans La guerre de Troie n’aura pas lieu (1935), il s’interroge sur la responsabilité de l’homme dans la guerre et la possibilité d’interrompre le destin.

Dans Electre (1937), il reprend le mythe des Atrides et développe la vengeance d’Electre à l’égard de sa mère qui a assassiné son époux Agamemnon avec l’aide de son amant, Egisthe. Electre, par son exigence de vérité et de justice absolue, préfigure, pour certains, l’esprit de la Résistance. Quant à Egisthe, qui supplie en vain Electre de repousser son châtiment afin qu’il puisse sauver sa ville menacée par les corinthiens, loin d’être caricaturé, il incarne le sens des responsabilités face à un État en danger (une situation d’actualité en 1937…).
b. Sartre et Camus
Dans leurs pièces, ces deux auteurs développent la philosophie existentialiste et le sentiment de l’absurde, lié à la prise de conscience de la solitude de l’homme et de la vanité des systèmes métaphysiques.

Dans Les Mouches, qui s’inspire aussi du mythe des Atrides, Sartre expose sa conception philosophique : en tuant Egisthe, Oreste assume personnellement son destin. Dans le contexte de l’époque cet acte prend aussi une signification politique et sonne comme un appel à l’engagement.
Dans Les Mains sales (1948), c’est justement la question de l’engagement qui est soulevée et la difficulté de concilier en politique la fin et les moyens : à Hoëderer qui accepte les compromissions, s’oppose Hugo qui refuse de se salir les mains.
La pièce oppose ainsi deux attitudes – l’une idéaliste, l’autre pragmatique – qui divisaient le parti communiste, auquel Sartre s’est rallié pendant un temps.

Camus illustre également ses conceptions philosophiques dans ses pièces, en insistant sur le sentiment de l’absurde : dans Caligula, il met ainsi en scène un empereur dont la cruauté envers ses victimes se justifie par la volonté de leur prouver l’absurdité du monde.
c. Antigone et Béranger, deux figures de la résistance
Dans, Antigone (1943), Anouilh oppose l’idéalisme d’Antigone au pragmatisme de l’homme d’État incarné par Créon. Dans le contexte de l’époque, certains ont vu dans Antigone une figure de la Résistance et dans Créon une illustration du gouvernement de Vichy. Mais les personnages se révèlent plus complexes et ne peuvent être réduits à une étiquette.

Dans Rhinocéros (1960), Ionesco choisit un être faible et médiocre, Béranger, pour incarner l’instinct de survie et la part d’humanité qui résiste face à la monstruosité des totalitarismes, incarnée par l’invasion contagieuse des rhinocéros : « je suis le dernier homme, je le resterai jusqu’ au bout ! je ne capitule pas ! » crie Béranger à la fin de la pièce.
L'essentiel
Ces exemples montrent que le théâtre peut faire passer des idées, à condition de ne pas le transformer en outil de propagande, mais au contraire d’en faire un instrument de réflexion.

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