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Les liaisons dangereuses : Raison et Sentiment

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Objectif : comprendre la place de la Raison et celle du Sentiment dans l’œuvre de Laclos.

Les Liaisons dangereuses illustrent parfaitement la tension qui traverse la fin du 18e siècle entre rationalisme voltairien et sensibilité rousseauiste, et l’impossibilité de les concilier.
1. Un chef d’œuvre de la raison
a. Observation et maîtrise de soi
La science de Mme de Merteuil repose sur l’étude des ressorts psychologiques qui lui permet d’acquérir une totale maîtrise de ses sentiments et une simulation parfaite de ses émotions. En cela, elle apparaît comme une comédienne talentueuse qui applique à la lettre les préceptes, développés par Diderot dans Le Paradoxe du comédien (en note : cf Laurent Versini, Laclos, œuvres complètes, La Pléïade, 1979), sur la dissociation de l’être et du paraître. Elle réussit ainsi à feindre l’amour sans le ressentir : « (…) pour y parvenir, il suffisait de joindre à l’esprit d’un auteur le talent d’un comédien », note-t-elle dans son autoportrait [L81].

Si la femme libertine ne peut qu’avancer masquée, le libertin excelle aussi dans le maniement des rôles. Valmont démontre ainsi, à plusieurs reprises, ses talents de comédien, comme le souligne, dans une ironie dramatique, Mme de Tourvel : « J’avouerai même que M. de Valmont doit être en effet infiniment dangereux, s’il peut à la fois feindre d’être ce qu’il paraît ici, et rester tel que vous le dépeignez. » [L37].

b. La manipulation des autres
La maîtrise de soi n’a d’autre but que d’assujettir l’autre qui devient une marionnette et un objet d’expérimentation aux mains des libertins. Ainsi, Valmont aborde son entreprise de séduction comme un médecin qui analyse un cas pathologique : il pose des hypothèses, mène ses expériences, en tire des conclusions. Nous ne sommes pas loin ici de la méthode expérimentale prônée par les philosophes des Lumières, à la différence près que l’intelligence n’est pas au service du progrès mais d’une fascination perverse et sadique pour le mal.

c. Merteuil et Valmont : deux fins stratèges
Les libertins affichent leur goût pour l’intrigue et l’art de la mise en scène.

Valmont pour séduire Cécile, devient d’abord son messager, puis son confident et enfin son maître d’écriture. Redoutable stratège, il avance de manière progressive et graduée.
Avec Mme de Tourvel, il multiplie les ruses pour lui remettre des lettres, qu’elle refuse de recevoir [L34] : Valmont pose la première lettre [L24] dans la chambre de Mme de Tourvel, lui remet la deuxième, sous prétexte de lui rendre sa correspondance ; et après une fin de non recevoir pour la troisième, réussit à la faire parvenir en imitant le timbre de Dijon, lieu de provenance des lettres du mari [L34].

Mme de Merteuil rivalise avec Valmont dans l’art de la mise en scène et le surpasse même en efficacité. Aux « chemins de traverse » et aux détours empruntés par Valmont elle préfère « la grande route » et une méthode plus expéditive, « une attaque vive et bien faite, où tout se succède avec ordre quoique avec rapidité » [L10] . Preuve en est la conquête fulgurante de Prévan, qu’elle précipite dans le déshonneur [L85] et la rapidité avec laquelle elle conquiert le cœur de Danceny.

Mais cette maîtrise n’est qu’illusion. Se voulant maîtres des sentiments, les libertins deviennent bientôt victimes de leur sensibilité.

2. Chef d’œuvre de la raison ruiné par la victoire des sentiments
La machinerie si bien orchestrée par les libertins dérape, les libertins sont bientôt pris à leur propre piège, dépassés par des sentiments qu’ils ne peuvent contrôler.
a. Valmont amoureux ou la fin du libertin
Fasciné par Mme de Tourvel, Valmont éprouve auprès d’elle un « charme inconnu » qui le trouble et lui fait perdre la maîtrise de lui-même :
- « Je ne sais quelle puissance m’y attache, m’y ramène sans cesse. Ecartons sa dangereuse idée ; que je redevienne moi-même… » [L96].
- « Serai- je donc, à mon âge, maîtrisé comme un écolier, par un sentiment involontaire et inconnu ? », s’interroge Valmont [L125], qui répond aussitôt par la négative et se rassure en qualifiant cette liaison de « passion pusillanime » (= passion qui manque d’audace, de courage), totalement contraire à ses principes.

Le libertin, par essence, ne peut s’avouer amoureux et Valmont jusqu’au bout dénigrera cet amour (« Non, je ne suis pas amoureux ; et ce n’est pas ma faute si les circonstances me forcent d’en jouer le rôle » [L138]).

b. Le rationalisme de Mme de Merteuil mis en échec par ses sentiments
Mme de Merteuil, qui éprouve une certaine nostalgie pour l’époque où elle était l’amante de Valmont (« Dans le temps où nous nous aimions, car je crois que c’était de l’amour, j’étais heureuse (…) » [L131]) est jalouse du bonheur que Valmont entrevoit avec Mme de Tourvel [L127]. Ce sentiment, ajouté à la « mauvaise plaisanterie » que lui joue Valmont en rapprochant Cécile de Danceny (que la marquise attend vainement toute une nuit), lui fait perdre la raison : au lieu de se donner en récompense à Valmont comme le prévoyait leur pacte, elle le livre à Danceny, précipitant la mort de Valmont et son propre déshonneur.

c. Mme de Tourvel ou la nouvelle Héloïse
Loin d’être un personnage secondaire et caricatural, cette « Eve touchante », selon l’expression de Baudelaire, apparaît comme l’élément pivot du livre qui sape les rouages de la machine libertine. Cette femme vertueuse et sensible laisse, en effet, entrevoir à Valmont l’amour véritable, c’est-à-dire l’union de l’âme et du corps :
« L’ivresse fut complète et réciproque ; et pour la première fois, la mienne survécut au plaisir. » [L125], reconnaît le libertin, qui refuse cependant de parler d’amour.

Par son éthique de la transparence et de la sincérité, elle ruine le projet libertin fondé sur le masque et le paraître.

Conclusion

« Ce que le roman condamne, plus que la raison d’un côté ou la sensibilité de l’autre, c’est le fait que ses personnages ne parviennent pas à opérer une synthèse des deux pôles structurant le siècle. Laclos semble dire qu’il est vain et dangereux d’opposer la raison à la sensibilité mais qu’il faut au contraire les marier dans l’idéal des Lumières. » (Les Lumières, anthologie, Présentation et dossier par Bertrand Darbeau, étonnants classiques GF)

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