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Les liaisons dangereuses : un roman libertin

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Objectif : définir le libertinage au 18e siècle et montrer dans quelle mesure le livre de Laclos est une critique du libertinage.
1. Définition du libertinage
a. Définition étymologique et évolution du sens
Libertin, vient du latin libertinus qui signifie à l’origine un affranchi (un esclave qui a retrouvé sa liberté).

Aux 16e et 17e siècles, un libertin désigne une personne qui s’émancipe d’abord des croyances religieuses, puis des règles sociales et morales, selon un courant philosophique contestataire, inspiré de la philosophie d’Épicure et suivi, entre autres, par Gassendi (mathématicien et philosophe français), Théophile de Viau (poète dramaturge français) et Cyrano de Bergerac (écrivains français).
Dans le domaine littéraire, Dom Juan, le héros de Molière, athée et séducteur illustre parfaitement le double aspect du libertinage.

Au 18e siècle, le sens se spécialise dans le domaine des mœurs pour qualifier un débauché. De nombreux auteurs (Diderot, Crébillon, Vivant Denon, pour ne citer qu’eux) témoignent de cette réalité dans leurs récits dits libertins.
b. Le contexte
La mort de Louis XIV, en 1715, correspond à une libération des mœurs, après une fin de règne austère, marquée par la dévotion de Mme de Maintenon. Sous la Régence, les orgies et parties de débauche se multiplient au Palais Royal ou ailleurs (comme on peut les voir dans le film de Bertrand Tavernier, Que la fête commence). Sous Louis XV, les petits maîtres, encouragés par le Roi, s’adonnent aux frasques et persiflent la morale. Sous Louis XVI, la corruption s’étale moins, la dépravation devient plus hypocrite et se drape d’élégance, c’est l’époque des roués.

De manière générale, l’oisiveté de la noblesse favorise le libertinage qui apparaît comme le substitut nostalgique d’une gloire chevaleresque : l’homme de cour qui ne peut plus se glorifier de conquêtes militaires se vante de ses succès d’alcôve (selon l’expression de Michel Butor).
c. La stratégie du libertin
De fait, la séduction du libertin se calque sur le modèle militaire. Le libertin agit pour la gloire et pour être reconnu. Les femmes représentent pour lui des trophées ou des proies à capturer. Dans Les Liaisons dangereuses, les métaphores de la guerre côtoient ainsi celles de la chasse (« Sûr de saisir ma proie si je pouvais la joindre, je n’avais besoin de ruse que pour m’en approcher (…) » [L 96] ; « (…) c’est une victoire complète, achetée par une campagne pénible, et décidée par de savantes manœuvres. (…) J’ai forcé à combattre l’ennemi qui ne voulait que temporiser… » [L125]).

Le libertin agit selon une stratégie bien précise, guidée par la quête du plaisir et la satisfaction de la vanité.

Le libertin est un cynique qui aime faire le mal et cherche à désacraliser l’amour. Sa jouissance est proportionnelle aux difficultés rencontrées : en décidant de séduire la vertueuse Mme de Tourvel, Valmont relève un défi à la hauteur de son orgueil (« Mais de plus grands intérêts nous appellent ; conquérir est notre destin (…) », « (…) voilà l’ennemi digne de moi (…) », « Vous savez si je désire vivement, si je dévore les obstacles (…) » [L4]).

Si les hommes libertins peuvent étaler leur conduite au grand jour et ne recourir à la tartufferie que de manière occasionnelle, les femmes qui s’adonnent au libertinage n’ont d’autre choix que d’agir sous le masque de la vertu (« Combattants sans risque, vous devez agir sans précaution. Pour vous autres hommes, les défaites ne sont que des succès de moins. » [L81]) devenant ainsi, selon l’expression de Baudelaire « un Tartuffe femelle ».
2. Une critique du libertinage ?
a. Un livre sur le plaisir et la séduction
Le livre de Laclos entraîna immédiatement un immense scandale lié à la scélératesse des libertins et à la sensualité des scènes libertines (Valmont avec Emilie, la Comtesse de***, Cécile et Mme de Tourvel - Mme de Merteuil avec Belleroche, Prévan et Danceny).
Toutefois l’œuvre de Laclos n’est pas comparable à celle de Sade. Même si, comme le dit Malraux, l’enjeu de l’intrigue se résume à « qui couche avec qui », l’érotisme n’est jamais cru mais toujours suggéré. La sensualité du livre repose sur une maîtrise parfaite de l’art de la suggestion (euphémismes, litotes, sous-entendus, métaphores) et le libertinage se situe bien plus dans les paroles que dans les actes.
b. Un message ambigu
Le livre s’ouvre sur l’épigraphe suivante : « J’ai vu les moeurs de mon temps et j’ai publié ces lettres. » J.-J. Rousseau, Préface de La Nouvelle Héloïse. Mais comme le souligne la note de l’édition Pocket, Laclos en se référant à un modèle si vertueux, « affiche une volonté de moralisation » suspecte et l’épigraphe est à considérer comme un « leurre ironique ». L’enjeu moral est toutefois réitéré dans la préface : « Il me semble (…) que c’est rendre un service aux mœurs, que de dévoiler les moyens qu’emploient ceux qui en ont de mauvaises pour corrompre ceux qui en ont de bonnes. » Mais là encore, la revendication de vertu est à mettre sur le compte d’un procédé littéraire, fréquent à l’époque.

De même, si la mort de Valmont et le déshonneur de Merteuil semblent offrir, dans une certaine mesure, une fin moralisatrice, le livre n’apparaît cependant pas comme un hymne à la vertu. En effet, d’une part, tous les personnages vertueux échouent, et d’autre part l’échec de Mme de Merteuil - démasquée, défigurée et dépouillée de ses biens - est quelque peu nuancé par sa fuite en Hollande avec ses bijoux et son argenterie. Quant à Valmont, sa mort tragique rachète en partie sa conduite scélérate.

L’intérêt de ce livre n’est donc pas dans sa portée morale puisqu’il est permis d’y voir aussi bien une condamnation du libertinage qu’un « vrai manuel de débauche » (André Gide, Dictionnaire des écrivains de langue française, Larousse, 2001), la polyphonie (= diversité des voies narratives), propre au roman épistolaire, ne faisant qu’accentuer cette ambiguïté.
c. Une réflexion sur l’éducation des femmes
À travers ce livre sur le danger des liaisons sentimentales, Laclos offre aussi une réflexion sur l’éducation des femmes, sujet qui lui tient à cœur et sur lequel il rédigea trois essais entre 1783 et 1802. À la question proposée par l’académie de Châlons-sur-Marne : « Quels seraient les meilleurs moyens de perfectionner l’éducation des femmes ? », Laclos répond par un bilan très négatif sur la condition de la femme, asservie sexuellement, socialement et juridiquement par l’homme et invite la femme à s’émanciper par la révolte. En cela, la révolte de Mme de Merteuil, jeune femme autodidacte qui revendique depuis son veuvage une indépendance totale (« Savez-vous, Vicomte, pourquoi je ne me suis pas remariée ? ... c’est uniquement pour que personne n’ait le droit de trouver à redire à mes actions. » [L152]) peut se lire comme un une tentative romanesque de libération de la femme face à une réalité de servitude.

Quant au parcours de Cécile, il peut s’interpréter comme une mise en garde contre la naïveté des jeunes filles sorties du couvent et finalement pas éduquées.

Conclusion

Une œuvre ouverte qui donnera lieu à des interprétations cinématographiques très diverses.

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