Depuis plusieurs décennies, notre planète Terre
produit suffisamment de ressources
alimentaires pour pouvoir nourrir tous ses
habitants. En effet, depuis les années 50, la production
agricole a augmenté plus vite que la population. Et
pourtant, chaque année, le 16 octobre, une journée mondiale de
l'alimentation rappelle aux hommes que tous les
êtres humains ne mangent pas à leur faim.
Avec la perspective d'une population mondiale atteignant les 9
milliards de personnes en 2050, quel type d'agriculture va-t-il
falloir imaginer pour nourrir les humains de demain ?
1. Deux types d'agricultures prédominent dans le
monde
a. Celle qui nourrit les hommes localement
Dans les pays pauvres, l'agriculture est, le plus
souvent, de type
traditionnel. Un joli mot pour
exprimer que les paysans sont trop pauvres pour parvenir
à s'acheter des outils, des machines, des engrais,
des pesticides et des bonnes semences. Le meilleur outil
de l'agriculture traditionnelle, c'est l'homme.
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Doc. 1. Jeune paysan au Togo
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La quantité moyenne de
fertilisants des
terres utilisé chaque année par le Cambodge
est de 4 kg par hectare de riz. Elle est de 12 kg par
hectare de maïs en Tanzanie, et de 240 kg par
hectare en France. De ce fait, les rendements sont
faibles et fortement dépendants du climat (des
sècheresses répétées
entraînent des périodes de disettes ou,
pire, de famines).
La production dépend également de la
situation politique, des guerres, etc. En cas de
famine, ces pays n'ont
pas les moyens nécessaires pour acheter des
produits agricoles aux États exportateurs. Ils
sont trop pauvres pour cela, et les gouvernants sont
quelquefois peu scrupuleux ou trop corrompus. Les gens
qui meurent de faim dépendent donc de l'
aide
alimentaire apportée par d'autres pays ou par
des associations.
b. Celle qui nourrit les hommes au loin et, le plus
souvent, localement
Dans les pays riches, le type d'agriculture est dit
intensif. Il s'agit d'une
agriculture productiviste, en grande
partie tournée vers l'exportation qui permet
d'une part de
nourrir la population locale et
d'autre part, d
'exporter vers d'autres pays une
grosse partie de la production. Pour parvenir à ce
résultat, les paysans utilisent massivement des
engrais chimiques, des traitements herbicides, des
insecticides, des pesticides, des régulateurs de
croissance... et s'équipent d'un matériel
agricole sophistiqué (tracteurs,
moissonneuses...). Grâce à cela, les
rendements et les récoltes sont bien meilleurs que
dans les pays en développement.
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Doc. 2. Utilisation de pesticides sur des
vignes en France
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2. L'accès aux ressources alimentaires est
très inégal
La situation de l'alimentation dans le monde se
caractérise par un fort déséquilibre entre des
zones riches qui regorgent de nourriture et des zones
extrêmement appauvries, qui en manquent cruellement.
Entre les deux, il existe des situations
intermédiaires.
a. Les pays riches, des espaces de surconsommation
Dans les pays développés,
97,5 % de la population mange à sa
faim. La
sécurité
alimentaire est assurée. Le revers de la
médaille, cependant, c'est que le
développement d'une
production alimentaire
industrielle a donné lieu à
l'apparition de maladies graves liées à la
nourriture (obésité, maladies
cardio-vasculaires, diabète,
hypertension...) qui ne cessent
d'augmenter. Ces maladies sont souvent dues à
une alimentation trop riche et
déséquilibrée. La part des
obèses dans la population totale aux
États-unis est, par exemple de 34,3 %.
L'apparition des
Fast-foods et des plats
cuisinés en boîte ou surgelés ont
changé les habitudes diététiques des
pays industrialisés qui se sont mis à
consommer trop de sucre, trop de graisse et de
conservateurs.
Enfin, il ne faut surtout pas oublier que, dans les pays
du Nord des millions de personnes n’ont pas encore
accès à une alimentation suffisante, du
fait de leur pauvreté (En France, plus de
2,5 millions de personnes ont recours chaque
année à l’aide alimentaire).
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Doc. 3. Carte de la sous alimentation dans
le monde
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b. 1,2 milliard de personnes touchées par
l'insécurité alimentaire
Toutes les 5 secondes, 1 enfant de moins de 10 ans meurt
de faim dans le monde. On comptabilise plus
d'1, 2 milliards de personnes
souffrant d'insécurité
alimentaire. 100 000 personnes
meurent de faim ou des suites de la faim chaque jour. Les
habitants des régions les pauvres du monde
souffrent en effet, de façon
régulière, de la malnutrition et, parfois
même de la famine.
Depuis 2008, on vit une crise alimentaire mondiale
liée à la brutale hausse des prix des
aliments de première nécessité
(le blé, le maïs, le riz...) car certains
pays exportateurs, comme l'Australie, vivent des
sècheresses terribles et ont vu leur production
diminuer de moitié. Les cours du blé ont,
par exemple, augmenté de 120 %. Si dans les pays
riches la hausse des prix des céréales a
été mal perçue par les
consommateurs, dans les pays pauvres, la situation est
devenue dramatique. Cette flambée des prix a
touché plus d'1 milliard de personnes qui
sont obligées de consacrer 80 % de leurs
revenus à l'alimentation. C'est pourquoi, dans
certains États, éclatent de violentes
émeutes de la faim urbaines. Mais, dans
les campagnes, la population souffre de la faim depuis
des décennies, silencieusement.
Les continents le plus touchés par la faim sont
l'Afrique et l’Asie.
c. Pauvreté et analphabétisme, deux
responsables de la faim dans le monde
Cette insécurité s'explique en grande
partie par la
pauvreté. Celle-ci est la
principale responsable de la faim dans le monde. Les
petits paysans ne disposent, bien souvent, que
d’une petite parcelle de terre ou, parfois
même, n’ont aucun accès à la
terre. Ils n’ont pas accès à
l’eau pour irriguer leur culture, ni au
crédit pour s’équiper en outillage,
machines, produits phytosanitaires, engrais...
Ils ne parviennent donc pas à
produire suffisamment pour se nourrir et nourrir leur
famille.
De plus, les populations pauvres n'ont pas toutes
accès à l'école ou à une
formation agricole qui les aiderait à s'occuper
de leurs terres de façon plus efficace. Les
faibles rendements s'expliquent donc par la
misère et l'absence de formation.
3. Quels remèdes pour l'avenir ?
La reconnaissance du droit à
l'alimentation est reconnu dans plusieurs textes
juridiques internationaux, dont l’article 25 de la Déclaration universelle
des droits de l’homme (1948) qui stipule
que « toute personne a droit à un niveau de
vie suffisant pour assurer sa santé, son bien
être et ceux de sa famille, notamment pour
l’alimentation ».
a. Nourrir chaque être humain
Le développement économique et la
modernisation du monde rural dans les pays en voie de
développement, sont les conditions
premières pour éliminer le
sous-développement et faire disparaître les
causes de la sous-alimentation. Nourrir tous les
hommes est l'un des enjeux fondamentaux du
développement durable, même si l'on sait que
la population mondiale est en forte croissance, en
particulier dans les pays du Sud. Il faut donc, quoi
qu'il arrive, augmenter la production
et développer l'agriculture de subsistance, alors
que jusqu'à présent, c'est l'agriculture
d'exportation qui a largement été
privilégiée.
b. Aller dans le sens d'une agriculture durable
L'agriculture productiviste malmène
l'environnement car, pour produire davantage, elle
utilise des engrais, des pesticides et d'autres produits
chimiques qui polluent les eaux, détruisent les
sols et, parfois même, stérilisent les
terres. Il faut, bien sûr, que chacun puisse avoir
de quoi se nourrir, mais sans détruire
l'écosystème.
L'agriculture
durable respecte les milieux naturels
(eau, sol végétation…) et les
sociétés qui y vivent et permet aux petits
agriculteurs de se développer sans détruire
leur milieu. Elle vise à atteindre un prix juste
pour leurs productions qui permettent aux petits paysans
et à leurs familles de se nourrir correctement, de
vivre décemment, et d’investir dans leurs
productions.
c. Aller dans le sens d'une agriculture plus
solidaire
Amartya Sen, prix
Nobel d’économie en 1998, affirmait que le
problème de la sous-alimentation ou des famines
résidait avant tout dans la
répartition des ressources sur la
planète.
En théorie, la mondialisation des échanges
aurait dû éviter les famines. Les pays
riches auraient pu sans difficulté technique
partager leurs ressources agricoles avec ceux qui
mourraient de faim en Éthiopie, en Somalie...
Aujourd'hui, certaines ONG (organisations non
gouvernementale) demandent que les pays riches
réorientent un faible pourcentage de leur
production céréalière vers les PMA
(les pays les moins avancés, c'est-à-dire
les plus pauvres) afin de leur permettre
d'éliminer la malnutrition.
L'essentiel
Plus d'un milliard d'humains ne mangent pas à
leur faim dans le monde. Selon les régions ou les
pays, les disparités en terme de sécurité alimentaire sont
très importantes. Dans les zones les plus pauvres, les
hommes souffrent de malnutrition, de sous-nutrition et, en
cas de crise grave (sècheresse, guerre...) de
famine. Dans les pays les
plus riches, en revanche, l'obésité ne
cesse d'augmenter. Ce qui n'empêche pas qu'une petite
partie de la population rencontre des difficultés
financières et a du mal à se nourrir de
façon équilibrée et suffisante
quantitativement.
Pourtant, les hommes produisent aujourd'hui suffisamment pour
subvenir aux besoins de toute l'humanité. La
mondialisation des échanges devrait être capable
d'offrir une nourriture suffisante dans les régions
les plus pauvres. La pauvreté et
l'analphabétisme sont les deux principales sources de
l'insécurité alimentaire.