Le Maroc est le pays du
Maghreb qui bénéficie des ressources hydriques
les plus importantes. Il est également celui qui, dans
le futur, devrait connaître les problèmes de
pénurie les plus graves. La ville de Marrakech peut
être considérée comme l'une
des vitrines du modèle d'exploitation de l'eau
marocain, passé et actuel.
Comment est gérée la ressource en eau à
Marrakech et, surtout, de quelle manière les habitants
de la ville doivent-ils s'organiser pour ne pas manquer d'eau
à l'avenir ?
1. Des ressources limitées et une demande
croissante
a. L'eau, une ressource à ménager
à Marrakech
La région de
Marrakech - Tensift - Al
Haouz est située au centre du Maroc.
Elle compte environ 3,1 millions d'habitants, plus de 900
000 habitent Marrakech même. L'essentiel de ses
ressources en eau provient des
oueds (« rivières
» en arabe) descendants d'un massif
montagneux, l'Atlas (et notamment de l'oued Tensift)
ainsi que de
nappes
phréatiques peu profondes. Ces
ressources sont relativement importantes, mais pas
inépuisables.
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Doc. 1. Le fleuve Drâa sur le mont
Atlas
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b. L'eau, une ressource convoitée
Les nombreux acteurs responsables de l'exploitation et de
la répartition de l'eau ont beaucoup de mal
à avoir une action coordonnée. Leur gestion
peu rationnelle de la ressource hydrique de Marrakech
entraîne les
fréquentes coupures
d'eau que connaît la ville et de multiples
conflits d'usage entre les besoins domestiques, les
besoins agricoles, industriels et touristiques.
Le potentiel hydrique est déjà
surexploité, par l'agriculture surtout. Cette
région est à dominante rurale (63 % de sa
population vit du travail de la terre)
et l'agriculture accapare 90 % de la consommation en
eau.
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Doc. 2. Terre agricole au Maroc
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La nappe phréatique du
Haouz a
diminué de 20 mètres en moins de 30
ans.
Le tourisme, qui ne cesse de se
développer, est l'autre gros consommateur. On
sait aujourd'hui qu'en 2015, 24 golfs y seront ouverts
(la ville en compte 5 actuellement), et auront besoin de
39 millions de m
3 d'eau par an.
L'équilibre précaire, difficilement
maintenu jusque-là entre réserves d'eau et
besoins, risque d'être rompu.
2. L'avenir de cette ressource
a. Des prévisions inquiétantes
Les précipitations, dans cette région, ont
diminué de 20 % au cours de ces
dernières années. Si l'on
ajoute à ce déficit des pluies le fait
que les ressources existantes ont été
abusivement exploitées, on en arrive à une
baisse des réserves souterraines alors que l'on
sait déjà que la demande en eau potable va
passer de 65 millions de m3 en 2011 à
78 millions en 2015 et à 114 millions en
2030. Ce qui signifie qu'en 2015, la ville
connaîtra un déficit hydrique de 13 millions
de m3 par an, qui ira en s'aggravant, pour
atteindre 52 millions de m3 en 2030.
b. Rationaliser les ressources
Marrakech n'a pas le choix, elle doit rationaliser ses
ressources hydriques. Ce qui va se
révéler difficile dans une région
qui se développe à un rythme
effréné.
La ville réfléchit à la
manière dont elle va pouvoir commencer à
faire des économies d'eau.
La Régie autonome d'eau et
d'électricité de Marrakech a adopté
un plan 2010-2014 pour préserver les ressources en
eau et protéger l'environnement. Elle
prévoit notamment d'avoir recours au
traitement et à la réutilisation des eaux
usées pour l'arrosage des 24 golfs et à
l'irrigation des espaces verts de la ville. Elle
s'est lancée dans la construction d'un
réservoir supplémentaire et elle
améliore le réseau de distribution de
l'eau.
L'essentiel
À Marrakech, l'agriculture et le tourisme,
extrêmement gourmands en eau potable, vont devoir
changer leurs habitudes : les réserves de la nappe
phréatique diminuent et les réservoirs se
vident lentement. Les pluies ne sont plus assez nombreuses et
les eaux de sous-sol sont nettement surexploitées. En
2015, Marrakech se retrouvera avec un déficit
hydrique de 13 millions de m3. La ville commence
à apprendre à rationaliser ses ressources,
notamment en se lançant dans le traitement et la
réutilisation des eaux usées.