La puissance et les marges : la théorie d'Ibn Khaldun
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- Connaitre les théories politiques du penseur médiéval Ibn Khaldûn.
- Comprendre comment ces théories s’appliquent aux dynasties turques qui précèdent l’Empire ottoman.
- Ibn Khaldûn est un penseur majeur des systèmes politiques au Moyen Âge.
- Il existe selon lui une théorie politique cyclique qui explique la mise en place de l’État et son remplacement par l’arrivée de nouvelles dynasties issues de la bédouinité.
- 5e (histoire) : thème 1 « Chrétientés et Islam (VIe – XIIIe siècles), des mondes en contact »
- 1re (HG G SP) : « La naissance de l’Empire ottoman »
Ibn Khaldûn est un des plus grands penseurs politiques médiévaux. Il est issu d’une famille andalouse repliée sur Tunis où il nait en 1332.
L’Andalousie est une province du Sud de l’Espagne. Elle a été conquise par les Arabes en 711 avant d'être reprise par les Rois catholiques en 1492.
Ibn Khaldûn est issu d’une famille de savants et de hauts fonctionnaires. Il évolue dans les milieux de cour.
Il a évolué auprès des souverains Mérinides à Fès (Maroc actuel), puis à Grenade (Espagne actuelle) et en Égypte.
Durant toute sa vie, il se fait l’observateur d’un climat de guerre et de déclin. Il perd une partie importante de sa famille lors de la peste noire de 1348-1349. Il subit indirectement les conflits et les rivalités entre les principaux royaumes du Maghreb.
En 1401, il rencontre Tamerlan, le chef de guerre
des hordes mongoles, à Damas. Ibn Khaldûn
est reçu avec honneur. Cependant, cela
n’empêche pas Tamerlan de ravager la ville
par la suite.
Ibn Khaldûn meurt au Caire en 1406.
Ibn Khaldûn a essayé de déterminer
des lois qui se répètent dans les
structures politiques. Il a exprimé ses
idées dans son œuvre, la
Muqaddima ou « Livre des
Exemples ».
Pour lui, il existe deux modes de vie en
société :
- La « bédouinité » : c’est-à-dire le mode de vie nomade des Bédouins. Cela correspond à l’ensemble des gens ayant une existence difficile (vie dans le désert ou dans les steppes). Dans ce mode de vie, les hommes sont égaux car les conditions de vie étant difficiles, il est nécessaire d’être solidaire.
- La sédentarité : c'est un mode de vie dans lequel les hommes sont désarmés. Ils sont dirigés par un État qui prélève un impôt sur la population afin d’entretenir une armée.
Ces deux modes de vie sont obligés de se rencontrer. Or, pour Ibn Khaldûn, les peuples se constituent, se créent, dans la conquête de l'État. La théorie khaldûnienne implique une répétition perpétuelle :
- la bédouinité s’unit pour former une déferlante qui emporte tout sur son passage et renverse l’État. La sédentarité ne peut rien face à la solidarité et la violence qui unissent les clans nomades ;
- les Bédouins deviennent les maitres de la ville. Ils s’installent, créent une dynastie et se sédentarisent ;
- par crainte de se faire renverser à leur tour, le clan dominant désarme ses propres troupes. L’État épuise ses propres ressources pour se maintenir au pouvoir (payer des mercenaires, lever davantage d’impôt…) ;
- l’État devenu faible se fait à son tour renverser par une nouvelle lame de fond tribale.
Les théories khaldûniennes s’appliquent à l’histoire de la constitution de l’Empire ottoman. En effet, les tribus turques s’emparent du pouvoir dans un contexte politique dominé par les Arabes.
Depuis les grandes conquêtes de Mohammed au
VIIe siècle, l’empire
arabo-musulman s’est constitué depuis
l’Andalousie (Sud de l’Espagne)
jusqu’aux steppes asiatiques. Le centre politique
et religieux est incarné dans la personne du
calife qui est nécessairement arabe car il
est le successeur du Prophète de
l’islam.
Ainsi, dans ce contexte, les conquêtes musulmanes
de Mohammed au VIIe siècle sont un
exemple de la
« bédouinité »
décrite par Ibn Khaldûn. Avec le temps, les
tribus arabes sont parvenues à constituer un
empire et se sont fragilisées. Le calife
représente la sédentarité.
La prise de pouvoir des Bouyides, des Seldjoukides ou
encore des Zengides est bien un exemple de la
capacité de conquête des Bédouins,
selon Ibn Khaldûn. Les unes après les
autres, ces tribus turques issues d’une vie nomade
de prédation se fragilisent en accédant au
pouvoir et sont remplacées par de nouvelles
tribus.
L’origine même de l’Empire ottoman par
la dynastie d’Osman Ier est bien
l’arrivée de tribus violentes et nomades en
capacité de mettre à bas un empire byzantin
fragilisé.
Notons que le schéma présenté par Ibn Khaldûn est opérant dans le monde arabo-musulman, mais pas dans le système féodal du Moyen Âge européen. En effet, en Europe chrétienne, les chevaliers sont en permanence armés et prêts à la guerre, c’est-à-dire en état permanent de « bédouinité ».
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