1. Les origines du conflit
a. L’héritage de la Seconde Guerre mondiale
La Corée était l’une des toutes
premières conquêtes coloniales du Japon qui
s’en était emparé dès 1910. Au
moment de l’effondrement du Japon, en 1945, le pays
avait été occupé d’une part par les
Soviétiques au nord, d’autre part par les
Américains et les Britanniques au sud. La
séparation entre les deux zones d’occupation
étant délimitée par le
38e parallèle. Comme en Allemagne, la
question de l’avenir politique de la Corée finit par
se poser aux Alliés. A la différence que, ancienne
colonie japonaise, la Corée ne pouvait être
considérée comme un pays vaincu.
b. Deux régimes antagonistes
Comme sur le sort de l’Allemagne, les divergences entre
Etats-Unis et Union soviétique sont vives, voire
inconciliables. Aussi, au début de
l’année 1948, alors que les Etats-Unis
annoncent leur intention de cesser leur occupation militaire
à brève échéance, l’Union
soviétique favorise dans sa zone d’occupation
l’installation d’un gouvernement d’inspiration
socialiste. En réponse, les Américains, au milieu
de l’année 1948, mettent en place un
gouvernement dans leur propre zone d’occupation,
dirigé par Syngman Rhee, connu pour son anticommunisme
viscéral (il devient président de la
république de Corée du Sud de 1948
à 1960). En 1949, les troupes américaines
quittent la Corée du Sud tandis qu’au nord, les
troupes soviétiques font de même.
La même année voit le triomphe de la
révolution communiste en Chine. Pourtant, le
secrétaire d’Etat américain, Dean Acheson, au
début de l’année 1950, déclare
que la Corée ne fait pas partie du périmètre
défensif des Etats-Unis. Il ouvre ainsi la voie aux
tentations communistes sur la Corée du Sud.
2. Un conflit exemplaire
a. L’offensive nord-coréenne
Le conflit débute le 25 juin 1950 avec une
offensive surprise nord-coréenne. Le 28 juin suivant,
trois jours après le début de l’offensive
nord-coréenne donc, Séoul, la capitale de la
Corée du Sud, tombe aux mains des forces communistes
nord-coréennes. En quelques jours, les forces
sud-coréennes sont mises en déroute et le sort du
pays semble incertain. Les Etats-Unis réagissent
d’abord sur le plan diplomatique en saisissant l’ONU.
Profitant du boycott soviétique des instances onusiennes
suite à au refus de celles-ci de tenir pour
légitime le régime communiste chinois, les
Etats-Unis obtiennent de l’ONU le mandat de s’opposer
militairement au nom de l’Organisation à
l’agression nord-coréenne. Les Etats-Unis prennent
donc la tête d’une coalition internationale,
composée essentiellement de troupes américaines et
de quelques contingents de leurs proches alliés
– notamment britanniques, français, canadiens
ou australiens – formant un corps
expéditionnaire commandé par le
général américain Mc Arthur.
b. La contre-offensive onusienne et le règlement du
conflit
En septembre 1950, les troupes nord-coréennes
atteignent le maximum de leur avancée en territoire
sud-coréen. Au moment même où le corps
expéditionnaire allié débarque à
Inchon, à proximité de Séoul. Aidé
par la supériorité aérienne
américaine, ce corps expéditionnaire ne met que
quelques semaines pour balayer les forces nord-coréennes
et envahir le territoire nord-coréens. Ainsi, fin
novembre 1950, la quasi totalité du territoire
nord-coréen est conquise par les Américains et
leurs alliés, outrepassant le mandat qui leur avait
été confié par l’ONU. C’est
alors que le conflit change une nouvelle fois de nature avec
l’intervention chinoise.
La Chine, devenue communiste, ne pouvait rester insensible
à la menace d’effondrement du régime
nord-coréen et l’avancée alliée
menaçait désormais directement ses propres
frontières. L’hiver 1950-1951 voit donc
l’afflux massif de « volontaires »
chinois accourant à l’aide de l’armée
nord-coréenne qui reçoit également un
appoint matériel de l’armée chinoise,
notamment sur le plan aérien. Les Chinois disposent en
effet des premiers chasseurs à réaction MIG, de
fabrication soviétique, qu’ils mettent à
disposition de l’armée nord-coréenne. En
janvier 1951, les troupes onusiennes ont reculé et
la moitié du territoire sud-coréen est à
nouveau sous contrôle communiste. La guerre devient alors
un conflit de position. Le front se stabilise aux environs du
38e parallèle. En juin 1951,
des négociations s’ouvrent. Elles aboutissent deux
années plus tard à un armistice signé
à Pan-Mun-Jom, fixant le statu quo entre les deux
pays, le long du 38e parallèle. Le
conflit de trois ans, qui a causé plus d’un
million de morts, aboutit finalement à un retour
à la situation initiale.
L’essentiel
La Corée, à la fin des années 1940,
n’est pas au cœur des relations internationales ni
au centre des préoccupations des deux superpuissances.
Mais à partir d’une situation ambiguë,
née de la Seconde Guerre mondiale, va se
développer un conflit armé – le premier de
la Guerre froide – d’une rare intensité.